Friday, Jun. 2, 2023

[PHOTOS] – Retour sur la soirée Millepied / Robbins / Balanchine

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12 octobre 2015

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Le Ballet de l'Opéra de Paris a terminé le 11 octobre son programme de rentrée. Cette soirée très américaine mélangeait la création de Benjamin Millepied Clear, Loud, Bright, ForwardOpus 19/ The Dreamer de Jerome Robbins (entrée au répertoire) et la reprise de Thème et variations de George Balanchine.

Retour en images sur les différentes distributions de ce programme (cliquer sur la première image et faire défiler) :

Clear, Loud, Bright, Forward de Benjamin Millepied faisait appel aux jeunes talents. Le directeur mettait ainsi en valeur "sa" génération, sans Étoile ou soliste. Léonore Baulac, Éleonore Guérineau, Aubane Philbert, Marion Barbeau, Letizia Galloni, Laurène Levy, Roxane Stojanov, Ida Viikinkoski, Axel Ibot, Florimond Lorieux, Germain Louvet, Allister Madin, Hugo Marchand, Marc Moreau, Yvon Demol et Jérémy-Loup Quer ont assuré toutes les représentations.

Bien applaudi sur scène, Clear, Loud, Bright, Forward a reçu un accueil contrasté du public. Certain-e-s ont été séduit-e-s par cet élan de jeunesse. Pour ma part, cette création m'a laissée sur ma faim. Benjamin Millepied y fait du copier-coller de références, mais sans arriver à y mettre véritablement son style. Au fil des représentations, les interprètes se sont toutefois bien approprié cette pièce, qui faisait la part belle à la virtuosité néo-classique. Tous et toutes étaient très beaux-belles en scène, mais restait une question : le pourquoi. Clear, Loud, Bright, Forward semblait construit pour plaire au regard, mais manquait de profondeur, tout simplement de sens.

Clear, Loud, Bright, Forward de Benjamin Millepied -

Clear, Loud, Bright, Forward de Benjamin Millepied

Ces jeunes artistes ont en tout cas trouvé de quoi montrer leur personnalité. Léonore Baulac et Hugo Marchand ont brillé dans leur pas de deux, mais toutes les danseuses ont su se mettre en valeur (à l'inverse des danseurs, fonctionnant plus sur l'énergie du groupe). Éleonore Guérineau et sa vivacité, Marion Barbeau, la toujours lumineuse Letizia Galloni, Laurène Levy ou la toute jeune Ida Viikinkoski à la personnalité marquée se sont particulièrement distinguées.

Opus 19/ The Dreamer de Jerome Robbins a été une belle découverte, pour moi le meilleur moment de la soirée. Un cyclo bleu, un corps de ballet réduit au minimum et beaucoup d'espace au couple de solistes pour se créer son propre univers. De fait, à chacune des trois distributions, le ballet apparaissait différent. Mathieu Ganio et Amandine Albisson ont assuré la première. Mathieu Ganio semblait représenter l'idée du songeur. Cérébral, mais pas sans émotion, l'Étoile a déployé une danse extrêmement musicale, montrant toute la liberté que peut avoir un artiste dans un ballet abstrait. Amandine Albisson, plus terrienne, dansait en parfaite opposition. Avec elle, Mathieu Ganio reprenait contact avec la réalité au fil du ballet. Le couple, d'abord en contradiction, s'assemblait au fur à et mesure, avant de véritablement se retrouver lors d'un joli final.

Mathias Heymann apportait une vision plus concrète au personnage. Mélancolique, il peut songer à un amour déçu, le corps de ballet pouvant représenter comme des idéaux féminins fuyant devant ses pensées. Amandine Albisson est comme la femme insaisissable mais aimée. Le couple ne se trouve d'ailleurs pas vraiment, restant dans un sentiment fuyant, sans se comprendre vraiment. C'est, personnellement, cette vision que j'ai préférée. Et quel plaisir de voir les progrès d'interprète et de danse de Mathias Heymann  en quelques années !

Opus 19/The Dreamer de Jerome Robbins (avec Mathieu Ganio sur la photo)

Opus 19/The Dreamer de Jerome Robbins

Pierre-Arthur Raveau faisait son retour en scène après un an de blessure avec ce ballet. Et le danseur a montré toute la maturité qu'il a gagnée. Avec Laura Hecquet, ils ont comme rejoué Giselle. Pierre-Arthur Raveau était un rêveur romantique, et Laura Hecquet comme une Myrtha vénéneuse prête à l'ensorceler. L'Étoile a d'ailleurs montré toute sa puissance d'interprète, qui devrait révéler quelques surprises dans les ballets dramatiques. Mais fatigue ou manque d'expérience, Pierre-Arthur Raveau perdait un peu le fil de son interprétation au troisième acte.

Thème et variations terminait cette soirée, sur une note un peu déstabilisante. Hommage à Marius Petipa, ce ballet de George Balanchine se veut être un feu d'artifice, une coupe de champagne que l'on savoure avec délice. Le corps de ballet était un peu trop empreint de stress au début pour véritablement déployer toute son énergie. Les blessures n'ont pas aidé, de toutes jeunes recrues sans beaucoup d'expérience se sont retrouvées en scène, alors que ce ballet demande plutôt des artistes expérimentées.

Les couples de solistes n'ont toutefois pas déçu. Laura Hecquet, pour la première, a été une véritable reine. Au-delà de la technique, elle montrait un sens du style et une élégance savoureuse. Son partenaire Josua Hoffalt, s'il n'a pas eu d'accrocs, semblait avoir du mal à trouver sa place. Le pas de deux restait néanmoins une réussite lyrique et poétique. Valentine Colasante et François Alu n'ont pas offert le même spectacle. Les puristes du style ont dû grincer des dents, ils n'étaient pas dans la pure élégance à la française. Mais les deux artistes savent faire le spectacle et apporter, justement, tout ce pétillant nécessaire à ce ballet. Valentine Colasante n'est pas la reine du style, mais sa technique et son piquant font leur effet. Avec son charisme naturel, François Alu emporte n'importe qui sur son passage. Si le pas de deux n'atteignait pas des sommets de lyrisme, le couple donnait une belle dynamique pour le final, prenant visiblement beaucoup de plaisir à se jouer des difficultés techniques.

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Thème et variations de George Balanchine

Demi-soliste pendant une bonne part des représentations, Héloïse Bourdon a eu droit à deux dates en soliste, avec Mathias Heymann. La danseuse a montré une fois de plus qu'elle n'avait plus rien à faire chez les Sujets, un-e néophyte n'aurait d'ailleurs pas pu deviner qu'elle n'était pas au même grade que son partenaire. Brillante, assurée, elle n'a manqué que d'un grain de folie. Pas vraiment assorti physiquement, le couple a fait ce qu'il a pu lors de l'adage, même si Héloïse Bourdon a pu montrer son très beau travail de bras, poétique et lyrique, assez rare à l'Opéra.

Enfin Hugo Marchand a eu une titularisation surprise lors des représentations, avec Laura Hecquet. Danses avec la plume n'y était pas, mais les échos ont été globalement positifs sur cette prise de rôle et ce partenariat.

Et vous, quelle distribution avez-vous préférée ?

 

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Amélie Bertrand

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