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[PHOTOS] Retour sur Roméo et Juliette par le Ballet de l’Opéra de Paris – 19 mars/16 avril 2016

Le Ballet de l’Opéra de Paris a donné une longue série de Roméo et Juliette de Rudolf Noureev, à l’Opéra Bastille. Retour sur les différentes distributions, les révélations de ces représentations, qui mêlaient une fois de plus Étoiles expérimentées et jeunes talents.

Retour en images sur les différentes distributions de ce programme (cliquer sur la première image et faire défiler) :

Cette série de Roméo et Juliette a démarré avec le couple Mathieu Ganion et Amandine Albisson. Le premier a séduit par sa danse romantique. La deuxième a plus divisé le public, malgré sa danse magnifique. Les avis se sont en général retrouvés sur un point : l’alchimie dans le couple a eu du mal à prendre, pour ne pas dire qu’elle a été inexistante. Finalement, c’est le trio Mathieu Ganio (Roméo), François Alu (Mercutio) et Fabien Révillion (Benvolio) qui a vraiment porté le ballet. François Alu s’est particulièrement démarqué dans ce rôle de joyeux drille, toujours à l’affût techniquement et théâtralement, recevant chaque soir des ovations nourries du public. Un peu oublié ces derniers temps, Fabien Révillion a montré que l’on pouvait compter sur lui. Karl Paquette en Tybalt s’est par contre montré plus dans la retenue.

Roméo et Juliette - François Alu (Mercutio), Mathias Heymann (Roméo) et Fabien Revillion (Benvolio)

Roméo et Juliette – François Alu (Mercutio), Mathias Heymann (Roméo) et Fabien Revillion (Benvolio)

Le couple Josua Hoffalt/Muriel Zusperreguy devait ensuite enchaîner, pour un duo inédit. Mais la Première danseuse a finalement dû renoncer au rôle. Pour leur première date, c’est Myriam Ould-Braham qui l’a remplacée, une réussite pour ceux et celles qui étaient présent.e.s, et un couple qui fonctionnait bien. Mais l’expérience a tourné court, Josua Hoffalt se blessant à son tour et ne pouvant assurer les autres représentations.

Les jeunes talents Léonore Baulac et Germain Louvet récupérèrent ainsi une date en plus. Le couple fut prometteur : certes un peu vert, mais proposant beaucoup de belles choses. Léonore Baulac a montré une fois de plus sa présence lumineuse, même si elle n’est pas la plus grande technicienne de la troupe. Germain Louvet s’affiche décidément comme l’un des futurs grands talents de la compagnie, même s’il avait parfois du mal à s’affirmer face à des seconds rôles expérimentés. Stéphane Bullion proposait en effet un Tybalt génial, à la fois grand seigneur et homme assoiffé de vengeance, et Emmanuel Thibault connaissait son Mercutio sur le bout des doigts.

Dorothée Gilbert - Hugo Marchand (Roméo) et Dorothée Gilbert (Juliette)

Roméo et Juliette – Hugo Marchand (Roméo) et Dorothée Gilbert (Juliette)

Dorothée Gilbert et Hugo Marchand ont pris la suite. En montrant qu’ils étaient sûrement le couple de l’Opéra du moment. Dorothée Gilbert est reine, Étoile mature, proposant une danse allant jusqu’au bout de la finesse et de la précision, tout en jouant une Juliette changeante et poignante. Une interprétation d’autant plus intéressante que Dorothée Gilbert, au début de sa carrière, ne brillait pas forcément dans les tragédies. Le courant passe avec Hugo Marchand, qui affiche d’emblée une présence et une assurance de soliste sur scène. Voilà un couple brillant, qui aurait pu avoir la première. En tout cas, le duo le plus abouti de la série, et la plus belle Juliette. La distribution était bien complétée par Audric Bezard en Tybalt et Allister Madin en Mercutio, très investis et justes. Sûrement, là encore, la distribution la plus équilibrée de la série, même si François Alu et Stéphane Bullion sont difficilement surpassables dans leur rôle.

Les blessures ont continué sur la fin de la série, avec celle de Myriam Ould-Braham. Juliette est un rôle qui lui va comme un gant, mais une blessure a obligé l’Étoile à renoncer. Léonore Baulac l’a remplacée auprès de Mathias Heymann. Ce dernier a proposé sûrement le plus beau Roméo de la série. Parce qu’il est à la fois romantique et foufou, à la fois rêveur et joueur. Et toujours, avec une danse moelleuse et assez fantastique. Léonore Baulac a pu profiter de ses représentations supplémentaires pour affiner son jeu, et proposer une Juliette très juste. Malheureusement, le couple a souffert du manque de répétition, et l’alchimie avait du mal à naître.

Roméo et Juliette - Mathias Heymann (Roméo) et Léonore Baulac (Juliette)

Roméo et Juliette – Mathias Heymann (Roméo) et Léonore Baulac (Juliette)

Globalement, cette production de Roméo et Juliette a montré qu’elle vieillissait bien. Les décors et costumes inspirés de la Renaissance sont magnifiques, et le génie de Rudolf Noureev s’exprime pleinement dans la mise en scène. Quant à la chorégraphie, seul.e.s Dorothée Gilbert et Mathias Heymann ont vraiment su la rendre organique, alors qu’elle paraissait toujours un peu emberlificotée chez les autres. Le corps de ballet a proposé de belles prestations, même si en dents de scie. La première fut ainsi une réussite, quand une représentation la semaine suivante était beaucoup plus brouillonne et molle, avant de redevenir plus vigoureuse quelques jours plus tard. Les scènes de rues pouvaient être vivantes, mais la danse des acrobates a presque toujours posé problème. Pleins de petites choses qui ont ainsi empêché d’avoir la distribution parfaite, avec le meilleur des interprètes dans chaque rôle. Et s’il y avait chaque soir de belles choses, de belles découvertes, il a manqué la représentation qui chamboule tout.

 

Et vous, qu’avez-vous pensé de cette série de Roméo et Juliette ?

 

Commentaires (1)

  • Jérôme

    Je retiendrais pour ma part les Juliette exceptionnelles de Baulac et Gilbert.
    J’ai trouvé à Baulac une danse ample, fluide, avec des vrais sauts et des tours planés, ainsi qu’une interprétation lumineuse et intelligente. Une véritable étoile en puissance. Quand à Gilbert, si sa danse m’a parue plus sèche , elle aussi a su être une interprète parfaite , aussi bien dans le drame que dans l’innoncence, avec un partenariat splendide avec Marchand. J’ai beaucoup aimé ses bras, très expressifs en restant souples et doux. Quand à Albisson, je n’en ai presque aucun souvenirs, elle m’a juste semblé pas mal mais fade, à des années lumières des deux autres.

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