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Tropismes – Olivier Dubois, de la marche faite danse au clubbing

Olivier Dubois, artiste associé du 104, avait réservé la primeur de sa nouvelle création Tropismes au festival Séquence Danse, devenu un rendez-vous essentiel de ce riche printemps chorégraphique à Paris et en Île-de-France. La pièce est écrite pour quatre danseurs et quatre danseuses sur une musique interprétée en direct par le compositeur et musicien François Caffenne. Avec des costumes et une scénographie  noire unicolore, Tropismes est une œuvre où alternent gravité et humour, sérieux et dérision et  qui explore l’instinct et l’inconscient dans une série de séquences où se succèdent  l’excellence et des moments moins aboutis.

Tropismes d’Olivier Dubois

Olivier Dubois étant devenu un chorégraphe majeur dans le paysage français, ses créations sont nécessairement très attendues. Depuis 2006, il a tissé un univers singulier et exigeant, alternant solos et pièces de groupes, s’aventurant aussi sur le terrain pédagogique. Il vient d’ailleurs d’être nommé chorégraphe associé du Ballet Junior de Genève. Tropismes s’annonce comme le troisième volet d’un projet centré sur La Divine Comédie de Dante et qui vient après les Mémoires d’un Seigneur et 7XRien.

Tropismes n’en reste pas moins un spectacle qui a sa propre autonomie, développant une série d’épisodes très identifiés. En prélude, les huit interprètes marchent, défilent, se croisent sur un plateau laqué noir qui se divise en carrés comme pour nous permettre de faire connaissance avec leurs corps et leurs façons de bouger. À moins qu’il ne s’agisse pour eux de faire connaissance ? Ce prologue introduit la première séquence qui s’organise comme une longue marche ininterrompue, un mouvement perpétuel qui s’altère et se modifie en permanence. Olivier Dubois use de toutes les symétries possibles ou impossibles pour construire une chorégraphie sophistiquée et suprêmement élégante à partir de ce geste simple qu’est la marche. On sait depuis Tragédie (2012) qu’il est maître absolu dans l’art de créer de la danse de magnifique facture avec cet usage singulier du pas des marcheurs. Il renouvelle d’une toute autre façon cette expérience extrême dans un espace défini par sa géométrie et celle que créent ses interprètes. La partition écrite et jouée par François Caffenne en fond de scène coté jardin est à ce moment uniquement rythmique, écrite en symbiose avec la danse. Instants magiques qui font de cette première séquence  – la plus longue du spectacle – le moment le plus fort et le plus réussi. Il y a là presque un spectacle en soi avec sa propre cohérence, un début et une fin.

Tropismes d’Olivier Dubois

Mais un autre commence ! Faisant fi de la symétrie, Olivier Dubois se lance à toute allure sur un autre terrain. Les interprètes se saisissent de nouveaux vêtements, plus courts, plus cuirs, plus trash pour une danse qui les voit se transformer en clubbers. De beaux moments surgissent, des ensembles  et des duos d’une sensualité exacerbée. Cette rupture de ton atteint son point maximum avec la reprise du tube disco de Diana Ross Love Hangover dans une version trop étirée, chantée en play-back par les interprètes. La danse devient alors plus anecdotique, sans relief et le spectacle se met à tirer en longueur loin de sommets du début. L’histoire se termine éparpillée dans un relâchement général, les artistes affalés sur la piste de danse. Scène de la vie quotidienne et soudainement Tropismes retrouve  l’authenticité qui avait été perdue en cours de route, magnifiquement servie par l’excellence des interprètes.

Tropismes d’Olivier Dubois

 

Tropismes d’Olivier Dubois au 103. Avec Cyril Accorsi, Marie-Laure Caradec, Steven Hervouet, Aimée Lagrange, Sophie Lèbre, Sébastien Ledig, Vianney Maignan et Sandra Savin. Musique : François Caffenne. Vendredi 29 mars 2019. À voir en tournée en 2019 et 2020

 

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