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Le Gros Sabordage – La Mondiale Générale à l’assaut du Monfort

La Mondiale Générale a pris d’assaut le Théâtre Monfort avec Le Gros Sabordage, dernière pièce de cette jeune compagnie qui flirte sur une ligne de crête entre cirque, danse, créations sonores et arts plastiques. Conçue par Alexandre Denis et Timothé Van Der Steen, Le Gros Sabordage est une variation poétique sur le thème de l’autodestruction, gavée d’humour et de fantaisie et interprétée  sur scène par cinq artistes.

Le Gros Sabordage – La Mondiale Générale

Voilà une compagnie  dont la genèse est atypique. Elle fut créée en 2012 par trois personnes évoluant dans des univers professionnels parallèles mais différents : un technicien, un artiste et une administratrice. Tous les trois se sont réunis pour fonder La Mondiale Générale, structure défendant une création multiple et diverse. Cette disparité des horizons se perçoit dés le début du spectacle Le Gros Sabordage. Est-on au théâtre ? Au cirque ? Sont-ils comédiens ? Acrobates ? Clowns ? Rien de cela et un peu tout ça à la fois.

Sur scène ? Quatre garçons et une fille, look urbain coloré et un alignement de parallélépipèdes de bois – des bastaings – de différentes tailles alignés du plus petit vers le plus haut. Et c’est parti pour une ascension périlleuse où il s’agit de tenir sur cette surface minuscule et nécessairement bancale. Sans trop tarder néanmoins car chacun ou chacune pousse l’autre afin de s’installer sur le morceau de bois suivant. Cette séquence inaugurale sans musique donne le ton du Gros Sabordage : déjanté, loufoque, surréaliste où il s’agit de se défier l’un l’autre à travers ses objets transitionnels et fétiches que sont ces bouts de bois. Y succède le plus traditionnel hula hoop, petit ou géant quand tous les cinq le font tourner en s’introduisant puis s’en extrayant à la vitesse de l’éclair.

Le Gros Sabordage – la Mondiale Générale

Dans Le Gros Sabordage, on est toujours au bord du ratage, de la chute dans une esthétique de l’inconfort  où il s’agit de camoufler la virtuosité des interprètes. La Mondiale Générale n’est pas avare du comique de répétition, ni d’un humour un peu potache. Et à mesure qu’avance le spectacle, on est happé dans un monde parallèle qui échappe à toute logique.

Il ne manque pas de séquences séduisantes. Comme ce défi où deux artistes s’attaquent de part et d’autre à une colonne de bois  qu’ils font osciller puis se balancer à la seule force de leurs poitrines et de leurs muscles abdominaux. On est plus réservé sur le sketch du discours qui rompt le choix initial d’un spectacle sans paroles et casse l’équilibre de la représentation. Il manque aussi au Gros Sabordage un récit mieux structuré, un fil rouge qui éviterait l’écueil d’une succession de numéros dont le sens se perd, absorbé par le suivant. Reste une farce malicieuse qui s’achève dans un tourbillon quand les cinq artistes font tourner la structure qui soutient le vaste rideau placé au centre de la scène. Et à force de tourner, c’est le monde tout autour qui va s’effondrer comme emporté par le souffle des mouvements circulaires. Belle métaphore de l’absurdité du monde et de son éternelle vanité.

Le Gros Sabordage – La Mondiale Générale

 

Le Gros Sabordage de La Mondiale Générale au Théâtre Le Montfort. De et avec Alexandre Denis, Timothé Van Der Steen, Frédéric Arsenault, Sylvain Julien, Marie Jolet, Julien Vadet (création sonore) et Natacha Costechareire (costumes). Jeudi 9 mai 2019. À voir jusqu’au 25 mai, puis en tournée

 

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