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Stephanie Lake – Piles of Bones

Quatre ans après y voir présenté Dual, la chorégraphe australienne Stephanie Lake est de retour au Théâtre de Chaillot avec sa dernière création en première française, Pile of Bones, pièce  pour deux danseuses et deux danseurs. Œuvre  multiforme et multicolore où la chorégraphe met le corps de ses interprètes dans tous leurs états entre mouvements au sol, torsions extrêmes, tremblements sur une bande-son électronique signée Robin Fox. De la pénombre vers la lumière, du noir vers la couleur, Pile of Bones est une expérience hypnotique entre gravité et humour où alternent séquences virtuoses et moments plus convenus.

Pile of Bones de Stephanie Lake

La porte d’entrée de Piles of Bones laisse présager le meilleur : un corps  féminin en fond de scène qui semble accroupi, à peine éclairé, avant que l’on ne devine que ce corps est en fait multiple et en recouvre d’autres. À mesure que notre regard s’habitue à la pénombre se distingue un autre corps comme lové dans le premier.  Et des mains surgissent d’un côté, de l’autre, entourent le visage dans une série de tremblements frénétiques. Cette séquence inaugurale annonce une chorégraphie à quatre, où les corps s’affaissent, se redressent, rebondissent avec une fluidité toute élastique. La danse est successivement ancrée dans le sol puis  propose des duos ou des quatuors à toute vitesse aux accents gymniques et acrobatiques. Le langage de Stéphanie Lake est à ce moment-là du spectacle au sommet et ces 20 premières minutes du spectacle nous voient  émerveillés.

La suite laisse plus circonspect. Petit à petit, Stephanie Lake nous fait quitter cet univers noir où les éclairages cisèlent les quatre danseuses et danseurs pour laisser advenir une monde en couleurs. On y retrouve le style  de la chorégraphe et ce fascinant travail des bras. Mais on perd quelque part dans cette émergence de la couleur le fil du spectacle. A ce moment-là, Pile of Bones n’échappe pas au risque de constituer un empilement de séquences dont certaines sont d’une superbe virtuosité mais dont le sens général échappe. Il y a comme une rupture de ton et le passage brutal d’une ambiance énigmatique à un propos trop insignifiant et purement formel.

Pile of Bones de Stephanie Lake

Pourquoi pas d’ailleurs ? Il faut reconnaître que Stephanie Lake parvient toujours à susciter l’intérêt du public. On ne s’ennuie jamais et notre attention est en permanence soutenus par des séquences qui décoiffent. Comme cette bulle géante  de plastique qui enferme les corps et dont une danseuse va s’extraire de force comme d’un placenta. Ou encore l’apparition sur scène d’une figure multicolore saturée de lumière qui se révélée en fait être recouverte d’une multitude de post-it qui vont s’éparpiller au sol. L’effet est saisissant. La suite un peu moins. En pantalons larges aux motifs de couleurs et au son de percussions débute une danse qui paraît cette fois bien peu inspirée et qui ne reproduit pas  la force initiale. On attend en vain que le spectacle retrouve son énergie première qui s’est évaporée. On le regrette mais on sait gré  à Stephanie Lake pour nous avoir offert  dans ces 70 minutes quelques images mémorables.

Pile of Bones de Stephanie Lake

 

Piles of Bones de Stephanie Lake par la Stephanie Lake Company au Théâtre de Chaillot. Avec Marlo Benjamin, Samantha Hines, Harrison Ritchie-Jones et Jack Ziesing. Jeudi 23 mai 2019. À voir jusqu’au 29 mai.

 

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