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Jann Gallois – Samsara

Jann Gallois, artiste associée du Théâtre National de la Danse de Chaillot, y crée pour la première fois une pièce originale, Samsara. Comme  pour ses oeuvres précédentes, la chorégraphe est allée puiser dans la philosophie bouddhiste qu’elle pratique pour déclencher le processus de création. La danseuse s’éloigne de sa culture hip-hop d’origine pour cette pièce ambitieuse mais lestée par un dispositif scénique constitué de lourdes cordes qui lient entre eux les sept danseuses et danseurs. Ainsi malgré quelques séquences réussies, Samsara s’épuise dans cette scénographie qui trop souvent limite le geste et contraint le mouvement.

Samsara – Jann Gallois

Samsara désigne en sanskrit l’ensemble de ce qui circule. On peut y voir une métaphore de la religion bouddhiste, de la réincarnation ou de la transmission. Il y a aussi dans cette désignation des connotations sur le lien universel et ce qui nous attache les uns aux autres. Jann Gallois a traduit ces notions presque littéralement en enserrant ces trois danseuses et  ses quatre danseurs dans un entrelacs de cordes tressées noires. C’est ainsi qu’ils apparaissent lorsque le rideau s’ouvre, tous groupés face à nous. Ce groupe compact, uni, passe de l’immobilité au mouvement, en marchant tout d’abord dans une synchronie presque parfaite. Puis la marche se fait danse, les pieds s’agitent de tremblements, les visages erratiques se délient. Cette première longue phrase est la plus cohérente du spectacle. Elle donne à voir une danse épurée, sobre, structurée sur la musique électronique écrite par Charles Amblard.

Mais ce long prologue s’étiole lorsque les cordes se dénouent, laissant les interprètes toujours attachés les uns aux autres mais évoluant désormais seuls. Le poids des cordes se fait alors sentir et la succession de tractions et de chutes sont sans cesse prévisibles. Puis tout le groupe à terre s’attache un par un à un cercle d’acier descendu des cintres par quelqu’un qui surgit des coulisses et les manipule. Ils sont ensuite suspendus en l’air, marquant la fin d’une séquence (une réincarnation ?). Samsara entre alors dans un ventre mou sans relief. Quelques interventions solos redonnent au spectacle un semblant d’énergie, notamment celle de Jérémy Kouyourndjian, d’une agilité au sol superbe. Tous les sept se jettent à corps perdu dans Samsara, dans une danse plus qu’exigeante physiquement. Mais Jann Gallois semble s’être rendue prisonnière de son propre dispositif scénique et se perdre en route. 

Samsara – Jann gallois

À l’instar du prologue cependant, la chorégraphe réussit son final. La troupe, dont les corps  sont à nouveau suspendus trois mètres au-dessus du sol, devient à nouveau une unité, bouge et tourne comme un seul corps. Les belles lumières de Cyril Mulon les font se refléter au sol comme des ombres. C’est un court moment de grande beauté, l’image d’un nirvana retrouvé qui sauve le spectacle du désastre qui menaçait.

 

Samsara de Jann Gallois au Théâtre de Chaillot. Avec Jann Gallois, Ikeun Baïk, Carlo Diego, Shirwann Jeammes, Jean-Charles Jousni, Jérémy Kouyourndjian et Laureline Richard.  Jeudi 6 novembre 2019. À voir jusqu’au 17 novembre et en tournée.




 

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