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Carolyn Carlson en Immersion dans les Nymphéas de Monet

La danseuse et chorégraphe américaine Carolyn Carlson fut l’une des toutes premières à exprimer son enthousiasme pour le programme dirigé par Isabelle Danto, qui chaque mois propose de venir “Danser dans les Nymphéas”. Le format est toujours le même : 30 minutes dans les salles réalisées par Claude Monet au Musée de l’Orangerie. Mais les propositions varient d’un mois sur l’autre selon l’inspiration dont se nourrissent les artistes dans ce lieu magique. Carolyn Carlson avait déjà  tenté l’expérience en 2018, elle est revenue en ce début d’année pour danser un dernière fois, dit-elle, le solo Immersion créé à au Théâtre de Chaillot en 2010. Une pièce où l’on plonge dans l’intimité sensorielle de la danseuse, dans une proximité unique qu’offrent les salle des Nymphéas.

Immersion – Carolyn Carlson

Carolyn Carlson ne pouvait que foncer tête baissée dans cette proposition “Danse dans les Nymphéas”. Fascinée par les éléments et l’eau en particulier, la chorégraphe avait crée en 2010 pour le Théâtre de Chaillot, auquel elle était associée, le solo Immersion, dont le titre annonce d’une promesse aquatique. C’est cette pièce qu’elle reprend dans les salle des Nymphéas. En prélude, la danseuse Céline Maufroid interprétait un bref solo, Wind Woman, écrit pour elle par la chorégraphe américaine.  Puis sur une musique  imaginée par Nicolas de Zorzi, Carolyn Carlson, icône absolue de la danse contemporaine, offre 18 minutes intenses, incarnées et drôles avec une profondeur de champ nouvelle grâce à ce dialogue avec Claude Monet. La chorégraphe ne s’est pas contentée de simplement translater Immersion dans les salles du Musée. “C’était impossible, confie-t-elle, de ne pas changer le costume, le geste, les lumières avec un tel décor“. À tel point d’ailleurs que l’on pourrait imaginer qu’Immersion a été conçue pour les Nymphéas. Longiligne, les cheveux longs laissés libres, elle paraît devant le génial panneau de Claude Monet vêtue d’un pantalon ample qui augmente le mouvement et serré à la taille par une ceinture large et colorée, comme un écho aux Nymphéas.

Immersion est une pièce résolument aquatique. La bande-son nous le rappelle tout comme le geste de Carolyn Carlson qui évoque parfois celui d’une nageuse. Tout se dessine dans le haut corps et les mouvements de bras. Ils se déplient, s’allongent, font des circonvolutions à mesure qu’elle nous raconte une histoire. Elle semble même plonger dans l’eau pour y évoluer dans un mouvement ralenti d’une sophistication extrême. Seule, elle fait vivre autour d’elle tout un univers avec un travail de mime superbe qui se laisse encore mieux admirer grâce à la proximité entre la danseuse et le public. Son geste est précis, délié, aérien avec des épaulements magnifiés par son cou interminable. Les effets de lumières imaginés par Guillaume Bonneau, montrent son corps se refléter dans les Nymphéas. Elle va même jusqu’à se saisir d’un pinceau, faisant mine de peindre sur la panneau dans un élan qui n’est en rien mégalomane mais un hommage respectueux et vivant à Claude Monet.

À 76 ans, Carolyn Carlson est une danseuse exceptionnelle et le temps ne semble pas avoir de prise sur elle. Elle sait comme personne composer une danse qui n’est pas narrative mais qui se vit comme  un poème gestuel et sensoriel. Un pur moment de grâce qui, pour cette dernière, a été filmé. Il eut été dommage de ne pas en garder trace.

Immersion – Carolyn Carlson

 

Danse dans les Nymphéas par la Carolyn Carlson Company au Musée de l’Orangerie. Wind Woman e Carolyn Carlson, avec par Céline Maufroid ; Immersion de et avec Carolyn Carlson. Lundi 13 Janvier 2020. Prochain rendez-vos Danse dans les Nymphéas : Quintette d’Emanuel Gat le 3 février.

 



 

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