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4e Biennale d’Art Flamenco – ¡Fandango! de David Coria et David Lagos

David Coria a ouvert avec brio, talent et générosité la quatrième Biennale d’art flamenco du Théâtre de Chaillot. Accompagné du guitariste David Lagos, le danseur-chorégraphe propose avec ¡Fandango! un voyage dans l’histoire et la tradition espagnole, à travers la danse et la musique flamenca. Durant une heure et demie, il partage la scène avec trois danseuses et un danseur sur la musique de l’album Hodierno de David Lagos, dans un spectacle maitrisé de bout en bout et dont le récit parfaitement structuré laisse émerger un danseur à la technique impeccable et doté d’une virtuosité enivrante. ¡Fandango!, spectacle enthousiasmant et création de cette Biennale ,devrait avoir de beaux jours à venir.

Fandango– David Coria et David Lagos

C’était un pari pour Didier Deschamps : remplir pour deux soirées la grande salle Jean Vilar du Théâtre Chaillot avec un artiste encore peu connu qui n’a pas le statut de star des Olga Pericet ou Rocío Molina. Mais on peut faire confiance à Daniela Lazary, qui a su repérer l’incroyable potentiel artistique de ce danseur de 35 ans, passé par le Ballet National d’Espagne et le Ballet Flamenco d’Andalousie. Depuis quelques années, il mène une aventure personnelle qui était passée par le Théâtre de Chaillot lors de la précédente Biennale. Cette année, il change d’échelle avec ¡Fandango!, proposant un spectacle total où se côtoient théâtre, danse et musique. David Coria est un danseur virtuose à la technique impeccable. Il maitrise son geste à la perfection, délivrant une frappe qui sait alterner instantanément force et délicatesse. Il dégage sur scène un formidable charisme soutenu par une scénographie sobre et splendide : un grand cercle rouge au centre du plateau pour commencer comme une arène ouverte. Au centre, David Coria et tout autour quatre danseurs et danseuses qui tournent et tournent, le dos voûté comme en signe de soumission.

Il faudrait être espagnol pour saisir dans sa totalité ce que signifie les fandangos qui “représentent un axe transversal de la culture depuis 500 ans…. Mais il n’est nul besoin de maitriser ces codes pour comprendre ce que nous dit David Corria. Il nous parle à la fois de cette Espagne paysanne pauvre, de ses aspirations et de ses révoltes évoquées par les textes de Federico Garcia Lorca, par les saluts révolutionnaires aussi. Et dans ce voyage, le danseur dialogue en permanence avec le groupe musical de David Lagos, dont la voix résonne dès le début depuis la salle avant de rejoindre le plateau et les musiciens…

Fandango – David Coria etDavid Lagos

¡Fandago! est un spectacle qui ne laisse rien au hasard. Du cercle rouge, David Coria nous emmène à l’arrière-scène dans un rectangle de lumière, sur un sol sableux qui modifie le son sous les chaussures au bénéfice d’un crissement dissonant. Il est magnifiquement entouré par deux danseuses et un danseur. Et c’est un flamenco puisant aux sources de ses fondations qu’exprime David Coria d’une beauté implacable. Le geste est toujours d’une précision métronomique, ses arrêts à la seconde fulgurants. Il n’y a aucun instant de faiblesse dans le récit et ¡Fandango! nous emmène dans les tréfonds de l’âme espagnole, singulièrement andalouse sans nous laisser libres un instant. Certaines nuances nous auront nécessairement échappées. Mais c’est aussi cela la magie de l’art flamenco : il garde toujours une part de mystère.

Fandango – David Coria et David Lagos

 

¡Fandango! de David Coria et David Lagos en collaboration avec Eduardo Martinez, musique originale Hodierno, au Théâtre de Chaillot dans le cadre de la Biennape d’Art flamenco. AvecDavid Coria, Rafael Ramírez, Paula Comitre, Floriencia OZ et Marta Gálvez (danse), David Lagos, Alfredo Lagos, Juan Jiménez et Daniel Muñoz “Artomatico” (musique). Mardi 28 janvier 2020. À voir Au Festival Vaison Danses le 25 juillet.

La Biennale d’Art flamenco continue jusqu’au 13 février au Théâtre de Chaillot.

 




 

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