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Omma – Josef Nadj

Josef Nadj est de retour ! Le chorégraphe français d’origine magyare, qui dirigea jusqu’en 2016 le Centre Chorégraphique National d’Orléans, revient après quelques années d’absence sur la scène chorégraphique. Il présente ainsi Omma, une pièce conçue pour et avec huit danseurs africains. Rencontre avec un continent qui a toujours fasciné Josef Nadj tout comme le jazz noir américain. Le chorégraphe s’est plongé dans un voyage presque initiatique pour recréer une danse faite de mouvements qui se voudraient originels. Ode poétique à la beauté des corps empreinte de sensualité, Omma est une performance puissante dansée avec virtuosité par ses huit interprètes.

Omma – Josef Nadj   

On avait quitté Josef Nadj au 104 il y a deux ans. Artiste exigeant, toujours en recherche, il avait conçu pour le Festival Séquence Danse l’exposition et performance Mmémosyne. Un parcours intriguant dans son travail photographique, augmenté d’un court spectacle joué en boucle pour une poignée de personnes dans une boîte noire cubique. L’expérience, bien que très brève, reste inoubliable. À la mesure de ce chorégraphe qui a produit des pièces décisives dans le panorama de la danse contemporaine française. Comment ne pas se réjouir que  Josef Nadj revienne à la danse avec Omma, qui s’est rodée à Orléans, sa maison d’origine, pour désormais voyager lors d’une longue tournée. Toujours en recherche, Josef Nadj voulait depuis longtemps travailler sur l’Afrique et se confronter à ce continent clef dans l’histoire de la danse. C’est avec son ami, le peintre catalan Miquel Barceló qui a vécu une grande partie de sa vie au Mali, qu’il est parti en pays Dogon à la rencontre des cultures africaines. Ainsi a germé l’idée de travailler avec des danseurs africains pour confronter sa propre culture occidentale à la leur.

C’est tout simplement par annonce que Josef Nadj a composé ce groupe de huit danseurs africains venus de différents horizons. Tous étaient déjà aguerris à des techniques diverses : danses traditionnelles, contemporaines, urbaines ou même acrobates. Certains avaient déjà collaboré avec des chorégraphes occidentaux. Six pays sont représentés et tous ont grandi en Afrique. Plus qu’un détail car Josef Nadj a conçu cette création comme un travail collectif où lui, chorégraphe contemporain, se confronte à cette autre culture. Avec l’objectif incertain de retrouver un geste primaire qui serait là, avant même la danse, comme on foulerait une forêt primitive. Plus une feuille de route qu’une fin en soi, une méthode pour engendrer le spectacle.

Omma – Josef Nadj

Omma, qui signifie œil en grec ancien (mais aussi ce qui est vu ou regardé) n’a rien d’une oeuvre narcissique. C’est à l’inverse un splendide parcours de groupe, qui débute en file indienne, les huit danseurs pieds et torses nus mais portant un costume couleur taupe. Suprême élégance, ils se présentent face à nous comme pour faire connaissance avant un déluge de danses. Ils bougent tel un chœur à l’unisson, frappent, s’arrondissent et chaloupent sur des onomatopées psalmodiées. Debout ou à genoux, ils organisent un joyeux désordre en transes et tremblements. Ils sont tous les huit de fantastiques athlètes, capables d’aller chercher le geste que Josef Nadj leur demande de trouver en leur tréfonds.

De ce choeur s’extraient tour à tour les danseurs pour un solo où chacun apporte ce qu’il a trouvé dans cette quête, qui va jusqu’à l’épuisement, les corps luisant de sueur. Josef Nadj a-t-il réussi son pari d’aller à la source du mouvement et de la danse ? La question est rhétorique et n’appelle pour seule réponse que ce spectacle qui envoûte, déborde de générosité et nous emmène dans cette quête des origines et de l’universel.

Omma – Josef Nadj

OMMA de Josef Nadj. Avec Djino Alolo Sabin, Timothé Ballo, Abdel Kader Diop, Aïpeur Foundou, Bi Jean Ronsard Irié, Jean-Paul Mehansio, Sombewendin Marius Sawadogo et Boukson Séré – Samedi 23 octobre 2021 à la MC93. À voir en tournée en tournée : le 21 janvier au Théâtre Romain Rolland de Villejuif, le 2 mars au Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan…

 



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