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1980, le théâtre Dansé de Pina Bausch

Vendredi 20 avril 2012. 1980 de Pina Bausch, par le Tanztheater Wuppertal, au Théâtre de la Ville. Avec Regina Advento, Ruth Amarante, Mechthild Großmann, Lutz Förster, Barbara Kaufmann, Ditta Miranda Jasjfi / Cristiana Morganti, Daphnis Kokkinos, Eddie Martinez, Nazareth Panadero, Helena Pikon, Jean-Laurent Sasportes, Franko Schmidt, Azusa Seyama, Julie Shanahan, Julie Anne Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels Mendoza, Aida Vainieri et Tsai-Chin Yu.

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Le Tanztheater Wuppertal a une mission : faire vivre et revivre les œuvres de Pina Bausch, la créatrice de la troupe, décédée en 2009. Le Théâtre de la Ville s’y emploie chaque année, recevant sans faille la troupe allemande. Et si l’année dernière le public avait pu découvrir le dernier ballet de la chorégraphe, 2012 était placé sous le sceaux des retrouvailles, avec la pièce 1980, créée l’année de son titre.

Petite présentation tout d’abord. 1980, c’est l’année de la rupture pour Pina Bausch. Elle a 40 ans, et son compagnon à la scène comme la ville, Rolf Borzik, décède. Alors sur scène aussi, il faut couper les ponts. Plus d’histoire, plus de souci narratif. Même plus de danse d’ailleurs. 1980 est avant tout du théâtre, apparemment sans queue ni tête.

Découvrir 1980 de Pina Bausch est tout d’abord une expérience sensorielle avant d’être visuelle. Le sol de la scène est recouverte d’herbe, de la vraie. Dans la salle flotte une odeur lourde de gazon coupé fraichement arrosé, sans que l’on puisse dire que le printemps arrive.

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De l’herbe donc. Une belle herbe verte, quelques chaises, une table, une biche dans le coin droit, et pleins de gens très bien habillés. Serions-nous dans une Garden party ? Pourquoi pas, mais une fête bien particulière alors, où les participants mangent de la soupe à même la soupière, où chacun redevient un enfant, et où l’on peut s’autoriser tous ses fantasmes.

Voilà donc un ensemble de saynètes, tantôt oniriques, tantôt drôles, tantôt absurdes. Tiens, une partie de Colin-maillard. Tiens, un petit ballet dans l’herbe. Tiens, une course-poursuite. Plus de deux heures, comme ça, à ne pas essayer de chercher un sens à ce qu’on voit, et plus à envier ces danseurs et danseuses capables de revenir si facilement dans la spontanéité de l’enfance.

S’il fallait n’en retenir qu’une ? Peut-elle celle d’Over the Rainbow. La voix de Judy Garland retentit, tandis que chaque danseur et danseuse prend un petit bain de soleil. Chacun laisse plus ou moins tomber ses vêtements, s’amuse avec sa serviette, part dans un grand délire. Chacun semble mener sa vie sans voir les autres. Jusqu’à la note finale, où tout le monde a alors pris une pause, dans la plus parfaite des harmonies.

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La troupe fatigue cependant. Il est largement temps d’un petit tea-time. N’oubliez pas, nous sommes dans une belle prairie, les tasses sont donc en porcelaine. Les artistes connaissent les bonnes manières et n’oublient pas de partager, et de circuler un plateau à la main distribuant des tasses de thés aux assoiffé-e-s.

Le contact entre cette troupe burlesque et le public est donc fait. Après l’entracte, place donc aux présentations. Une parodie d’un concours de beauté laisse la paroles aux artistes, qui se dévoilent à travers un mot, une jambe dénudée, une expression ou une cicatrice. 1980 ne pourra ainsi jamais être semblable à sa création.

Mais il est temps de reprendre sa danse dans la prairie. Et c’est peut-être là, au bout de trois heures de spectacles tout de même, que le temps semble un peu long. Les dernières saynètes paraissent tourner en rond et se répéter, sans que l’on y retrouve l’humour et l’absurde si séduisant du début. L’air est saturé de l’odeur de l’herbe, appuyé par des projecteurs. La tête tourne, et les saluts arrivent comme une sorte de soulagement.

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