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Biennale de la Danse de Lyon – Comédie musicale et créations pour le Ballet de l’Opéra de Lyon

La Biennale de la Danse de Lyon a démarré depuis le 14 septembre. Au programme : spectacles et créations de danse contemporaine, aussi quelques troupes de nouveau cirque, et de multiples rencontres. Tant pis pour l’ambiance un peu plombée par le Défilé des amateurs reporté au Stade de Gerland pour des raisons de sécurité. Les salles sont pleines d’un public divers, attirant aussi bien les connaisseur.se.s que les pures néophytes. Récit d’une journée entre comédie musicale et créations contemporaines.

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Turning_motion Sickness d’Alessandro Sciarroni

Vendredi 16 septembre, la Biennale de la Danse de Lyon a ouvert ses portes depuis deux jours. Le programme de la soirée question spectacle est à l’image de la programmation : ouverte. Certain.e.s s’en réjouissent, d’autres le déplorent un peu, mais la Biennale ne se tourne pas que vers la danse contemporaine. Le cirque, le hip hop, la comédie musicale y ont aussi leur place. Et vu la richesse aujourd’hui de ces courants, c’est de mon point de vue plutôt tant mieux. Au Théâtre de la Croix-Rousse, Yan Duyvendak propose avec Sound of Music un spectacle musical pour le moins bizarroïde. La troupe chante les malheurs du monde depuis la crise. Les licenciements, les catastrophes écologiques, les guerres, les attentats et les rapports alarmants indiquant que notre civilisation va s’éteindre dans 24 ans, tout y passe. Le tout sur des bluettes 60′ et des gimmicks pop, largement saupoudrés de paillettes (on n’a jamais assez de paillettes).

Bref, voilà une jeunesse qui chante avec un grand sourire notre monde en détresse, pour mieux s’en détacher et s’en amuser. Que faire de plus tant ils ont peu d’emprises sur ces catastrophes ? Mieux vaut en rire qu’en pleurer, mieux vaut s’en amuser que de se lamenter, comme si tout ça n’était pas forcément vrai. Le procédé ne tient pas forcément sur toute la longueur de la pièce (1h10), mais force est de constater que Sound of Music a un côté assurément jubilatoire. C’est ce petit plaisir de briser le tabou des sujets avec lesquels il ne vaut mieux pas rire. La pièce ne change pas la face de la danse, mais cette petite thérapie collective fait un bien fou.

Sound of Music de Yan Duyvendak

Sound of Music de Yan Duyvendak

Autre ambiance pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, qui propose à l’Opéra une soirée de créations de jeunes chorégraphesLe diable bat sa femme et marie sa fille de Marina Mascarell et Turning_motion Sickness version d’Alessandro Sciarroni. Deux pièces qui ont chacune un goût de déjà-vu, tout en trouvant une bonne réception dans l’excellence du Ballet de l’Opéra de Lyon.

Marina Mascarell se soucie des problèmes de genre avec Le diable bat sa femme et marie sa fille et tous ces clichés sur ce qu’une petite fille doit être et ce qu’un garçon doit aimé. Sur scène, des témoignages résonnent sur ces discriminations du quotidien, réinterprétés ensuite avec le corps par les danseur.se.s. Évidemment, ces choses ont toujours besoin d’être dites, tant trop de personnes pensent encore que le foot est réservé aux garçons et la danse classique aux filles. La façon de faire semble néanmoins déjà dite, comme si le sujet était là d’abord parce qu’il est bankable, tendance. La chorégraphe n’arrive pas à trouver une nouvelle façon d’aborder les choses et tout semble un peu trop forcé. Le travail du corps a du mal à s’ancrer dans ces paroles, mais n’en reste pas moins très beau. Marina Mascarell aime les ondulations, le travail du dos, une fluidité dans les mouvements et dans la façon dont les danseur.se.s travaillent ensemble. La troupe s’empare à merveille de ce langage, même s’il reste désincarné.

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Le diable bat sa femme et marie sa fille de Marina Mascarell

Avec Turning_motion SicknessAlessandro Sciarroni travaille sur la giration. Plus une performance qu’un instant chorégraphique, la pièce fait tourner 11 danseurs et danseuses sur eux/elles-mêmes pendant 30 minutes, comme une transe, à la façon des Derviches tourneurs. Ce genre de performances est déjà-vu sur la scène contemporaine. Si le chorégraphe va un peu plus loin, c’est en se servant de la technique académique de ses interprètes. Au détour d’une giration, voilà un danseur qui part en fouettés, une autre en pirouettes, un troisième en assemblées soutenues… Mais ce travail intervient tard, trop tard, et n’est qu’effleuré du doigt. Dommage, car Alessandro Sciarroni a ouvert là une piste de réflexions plutôt intéressante. Reste 11 interprètes extrêmement investi.e.s qui font de cette pièce un moment hypnotisant.

Le lendemain, place à des performances au musée et au Groupe acrobatique de Tanger.

 

17e Biennale de la Danse de Lyon. Sound of Music de Yan Duyvendak au Théâtre de la Croix-Rousse, avec Thomas Bernier, Maria Einfeldt, Angelika Erlacher, Gabrielle Fallot, Eveline Gorter, Jan Grossfeld, Katrin Immervoll, Sorina Kiefer, Sven Niemeyer, Maxime Rullier, Mario Saccoccio, Jeffrey Sebogodi et des danseurs et danseuses du CNSMDL. Soirée Marina Mascarell/Alessandro Sciarroni à l’Opéra de Lyon par le Ballet de l’Opéra de Lyon ; Le diable bat sa femme et marie sa fille de Marina Mascarell avec Kristina Bentz, Emiko Flanagan, Tyler Galster, Simon Galvani, Elsa Monguillot de Mirman, Chaery Moon, Leoannis Pupo-Guillen et Paul Vezin ; Turning_motion Sickness d’Alessandro Sciarroni avec Kristina Bentz, Sam Colbey, Noeïllie Conjeaud, Marie-Laetitia Diederichs, Sarkis Grigorian, Ludovick Le Floc’h, Coralie Levieux, Marco Merenda, Chiara Paperini, Roylan Ramos et Raùl Serrano Núñez. Vendredi 16 septembre 2016. La Biennale de la Danse de Lyon continue jusqu’au 30 septembre

 

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