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Ba\Rock de Jeroen Verbruggen – Ballet du Grand Théâtre de Genève

Ancien danseur des Ballets de Monte Carlo, le jeune trentenaire Jeroen Verbruggen est le nouveau chorégraphe à suivre. Après avoir fait ses premières armes chez Jean-Christophe Maillot, il a créé il y a deux ans Un Casse-Noisette pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève. La pièce portait déjà ses marqueurs : une écriture fine et ciselée accordée à une ambiance joyeusement décalée. Jeroen Verbruggen est de retour en Suisse, cette fois-ci pour deux ballets abstraits et inspirés par la musique baroque, dont la douce folie s’accorde plutôt bien avec sa danse.

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Vena Amoris de Jeroen Verbruggen

Le too much du baroque me correspond plutôt bien“, annonce d’emblée Jeroen Verbruggen, avec toujours un sourire en coin. Il y a de fait dans sa pièce Vena Amoris, la deuxième du programme, à la fois une écriture rigoureuse et une ambiance qui part très vite en vrille, le tout sur la musique de Rameau. Le chorégraphe a été formé à l’Académie Royal de Flandre, il a dansé chez Jean-Christophe Maillot et ne renie pas son passé académique. Il s’en sert dans sa structure: il sait faire bouger un groupe, créer un duo sur une technique néo-classique, structurer sa pièce. Pour le ton, c’est un peu Star Wars gentiment sous acide. Les 22 danseurs et danseuses de la troupe sont en costume aux inspirations Stormtrooper. Mais pas d’armée de guerre ici, juste la bataille pour la recherche éperdue de l’amour. “Je suis rebelle, mais je suis aussi un romantique“, s’amuse le chorégraphe.

La scénographie, tout en rouge, se base sur un escalier de quelques marches faisant toute la largeur de la scène. La structure se divise, poussée par les danseurs et danseuses, rendant l’espace mouvant et s’adaptant au groupe. Un duo je t’aime-moi non plus dans un coin, un solo plus acrobatique sur les marches, tout le groupe d’un air joyeusement et faussement martial sur Les Sauvages, montant et descendant l’escalier en furie. Ça peut vite partir en vrille dans l’état d’esprit, ce n’est parfois pas loin de tomber dans le n’importe quoi. Mais tout est toujours rattrapé par une écriture chorégraphique qui sait où elle va, tout comme la structure fondamentale de la musique baroque qui ne l’empêche pas d’être imaginative. Vena Amoris parle d’amour, tout se termine donc forcément par un fougueux et furieux baiser. Et le sentiment d’une pièce séduisante et qui ne ressemble à aucune autre.

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Vena Amoris de Jeroen Verbruggen

Iris, qui ouvre la soirée, ne donne pas forcément cette impression d’aboutissement. Peut-être est-ce dû au choix de la musique ? Vena Amoris se dansait sur des pièces d’orchestre enregistrées de Rameau, Iris est sur du Scarlatti ou du Couperin joués au piano. Il fallait tout de même de la musique live, mais l’environnement du théâtre se portait peu au clavecin. Pas sûr cependant que le choix du piano fut le bon : la musique devenait plus floue, perdait la grande clarté de la musique baroque (on était même parfois pas loin du romantisme). Et la danse fait la même chose. Elle perd en précision, en rigueur, le propos se dilue. Le geste est un peu plus acrobatique, mais les roues et autres galipettes ont du mal à s’intégrer dans la danse. Reste néanmoins l’univers de Jeroen Verbruggen bien à lui, mélangeant références baroques et culture d’aujourd’hui (Games of Thrones n’est pas loin dans les costumes chevaliers-pop). Les chorégraphes les deux pieds dans leur époque ne sont pas si fréquents.

Iris de Jeroen Verbruggen

Iris de Jeroen Verbruggen

 

Soirée Ba\Rock de Jeroen Verbruggen par le Ballet du Grand Théâtre de Genève à l’Opéra des Nations. Iris de Jeroen Verbruggen, avec Céline Allain, Virginie Nopper, Lysandra van Heesewijk, Madeline Wong, Xavier Juyon, Simone Repele et Nahuel Vega. Vena Amoris de Jeroen Verbruggen avec l’ensemble du Ballet du Grand Théâtre de Genève. Vendredi 21 octobre 2016. 

 

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