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Coppélia de Charles Jude – Ballet de l’Opéra de Bordeaux

Voilà presque 20 ans de la Coppélia de Charles Jude, transposée dans le New York des années 1950, revient régulièrement sur la scène du Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Si un public d’habitué.e.s peut éventuellement se lasser, force est de constater que cette relecture n’a pas pris une ride, et se voit avec un plaisir irrésistible lors d’une découverte. Chignons banane et robes qui tournent ont remplacé les habituels tutus, mais la fraîcheur du ballet et sa danse pétillante sont toujours là. Pour reprendre une célèbre blogueuse pâtissière : voilà une belle revisite, et avec tous les fondamentaux de Coppélia

Coppélia de Charles Jude – Ballet de l’Opéra de Bordeaux

Dès le lever de rideau, le ton est donné avec un décor inspiré du New York des comics des 50′. Ni vraiment réaliste, ni totalement conte, nous sommes dans le monde du divertissement assumé, où le monde est légèrement plus farfelu que la réalité. Swanilda devient Swanie, Frantz est Fonzy mais le problème est le même. Elle est une jeune fille qui n’a pas froid aux yeux, pas très ravie que son fiancé (un marin, clin d’oeil à la comédie musicale On the Town) n’ai d’yeux que pour une étrange jeune femme de l’immeuble d’en face – en fait une poupée créée par le savant fou Coppélius, transformé en mafieux au Borsalino parfaitement de côté.

Oksana Kucheruk et Oleg Rogachev sont des habitué.e.s du rôle. Ils s’en amusent toujours autant, entourée par une troupe sur le même ton et parfaitement en place. Il y a ainsi des anachronismes joyeux dans le monde de la danse. La musique si française balancée sur l’ambiance américaine de cette Coppélia pourrait piquer les yeux et les oreilles. Mais au contraire, ce décalage n’en rend le ballet que plus délicieux. La mazurka et la czardas sont remplacées par des cow-boys en chemise à carreau et des serveuses pin-up, la pantomime prend place par petite touche dans cet univers de bande dessinée. L’histoire reste ainsi lisible et les personnages bien dessinés, rappelant aux habitué.e.s les rôles du ballet et permettant aux plus néophytes de s’y glisser avec facilité.

Coppélia de Charles Jude – Oleg Rogachev et Oksana Kucheru

L’antre de Coppélius du deuxième acte oscille entre atelier de dessinateur borderline et savant fou. Le corps de ballet comme les solistes s’amusent à se chercher dans tous les coins, à feindre la fausse peur et à sauter dans l’ascenseur (dispositif plutôt ingénieux du décor). Là encore, l’univers délicieusement décalé fonctionne et fait rire le public. L’histoire a néanmoins du mal à se faire une place, et surtout à garder son rythme sur la fin du deuxième acte. Les créatures de Coppélius sont un peu noyés dans le décor. Oksana Kucheruk reste une délicieuse Swanie, mais elle reste un peu dans le même registre, et il y manque comme un grain de folie au moment de devenir une tornade transformant l’atelier en chaos. Les contours de Coppélius, dansé ce jour par Kase Craig, restent aussi flous, oscillant entre mafieux vraiment méchant ou inventeur rêveur. Le costume porte sur le premier, mais le jeu au deuxième acte amène plutôt le deuxième, d’où un mélange des genres qui ne ramène pas vraiment de rythme.

Tout rentre heureusement dans l’ordre pour le troisième acte, pur divertissement et mariage de Swanie et Fonzy. Filles en robes qui tournent, marins en permission, cow-boys en chemise à carreaux et pin-up se succèdent dans un joyeux final, pétillant et enthousiasmant. Si le couple de solistes brille, c’est surtout le corps de ballet qui est à l’honneur, avec- comme souvent à Bordeaux – une belle énergie de groupe qui emporte le tout. Un atout que Marc Minkowski, le nouveau directeur de l’Opéra de Bordeaux, devrait apprécier à sa juste valeur. 

Coppélia de Charles Jude – Oksana Kucheru et Kase Craig

 

Coppélia de Charles Jude par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux au Grand-Théâtre. Avec Oksana Kucheruk (Swanie), Oleg Rogachev (Fonzy) et Kase Craig (Coppélius). Mardi 20 décembre 2016.

 

Commentaires (1)

  • Aventure

    J’ai vu la même distribution le 23 décembre. Je connaissais déjà le ballet mais, vu il y a longtemps, je l’ai un peu redécouvert et encore beaucoup apprécié ! Je me rappelais de l’humour et de la magie, mais j’ai particulièrement savouré le jeu d’acteurs des marins et des amies de Swanie ! Le ballet n’a pas vieilli je trouve, il plaît aussi bien aux petits qu’aux grands, et met en valeur la compagnie très en forme. J’avais déjà vu Oksana Kucheruk dans ce rôle, mais j’ai découvert Oleg Rogachev que j’ai peu eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant, il m’a tout à fait convaincue. Un commentaire pour M-A Zanoli qui comme souvent se détache dans le corps de ballet, j’aurais aimé voir sa version de Coppélius !

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