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Work/Travail/Arbeid – Anne Teresa de Keersmaeker

Que se passe-t-il lorsque la danse s’invite au musée ? En général, une déambulation entre les oeuvres, qui inspirent le.la chorégraphe. Anne Teresa de Keersmaeker prend un autre parti-pris : celui d’inviter la danse en tant que telle au musée, en tant qu’oeuvre. Et au public de flâner au milieu de la danse, comme une promenade entre des tableaux humains. Work/Travail/Arbeid, présenté au Centre Pompidou à Paris, propose ainsi au public une autre façon de percevoir la danse. Non pas en tant que personne assise pendant un temps donné, mais en tant que promeneur.se, occupant l’espace, s’imbriquant même dans l’oeuvre et la danse.

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Work/Travail/Arbeid – Anne Teresa de Keersmaeker (ici au centre d’art contemporain WIELS de Bruxelles)

En arrivant sur le lieu de l’exposition Work/Travail/Arbeid, pas de couloir. Mais un espace on ne peut plus Keersmaekerien : une salle à nu, murs blancs et sol gris, lumières crues, comme posée au milieu de la ville (la salle est au rez-de-chaussée, au niveau des passant.e.s et composée à moitié de baies vitrées). Au sol sont tracés de vastes cercles à la craie, l’obsession toujours de la chorégraphe pour les courbes. Deux violonistes commencent à jouer, vite rejoints par un duo de danseurs. L’oeuvre se met en place. Dans cet espace si simple, la danse d’Anne Teresa de Keersmaeker n’en apparaît que plus pure, dans toute sa frappante modernité. Les deux danseurs se renvoient une phrase chorégraphique en osmose avec la musique, partent dans de longues courses le long des courbes, laissent la place aux musiciens.

La place du public fait partie intégrante de l’exposition. Au premier moment, le public agit comme s’il était au spectacle. Les spectateurs et spectatrices restent scotché.e.s au bord des murs, s’assoient par terre, comme au théâtre. Puis, petit à petit, ils s’essayent à leur tour de s’approprier l’espace. D’abord, ils ne font que marcher le long des murs, n’osant pas franchir l’espace scénique invisible, n’osant pas aller au-delà des courbes. Puis un téméraire avance, franchit un cercle, un autre, arrive au milieu de la salle. Petit à petit, le public se met à flâner, s’approchent des danseurs et des musiciens. Ces derniers sont dans leurs bulles, concentrés sur leurs courbes, frôlant parfois dans leur course une personne qui s’est mise sur leur chemin. De spectacle traditionnel, la danse est devenue une exposition vivante, finalement par l’action du public.

Work/Travail/Arbeid - Anne Teresa de Keersmaeker (ici au centre d'art contemporain WIELS de Bruxelles)

Work/Travail/Arbeid – Anne Teresa de Keersmaeker (ici au centre d’art contemporain WIELS de Bruxelles)

Work/Travail/Arbeid d’Anne Teresa de Keersmaeker est une sorte de reprise de sa pièce Vortex Temporum, créé en 2013, sur la superbe musique de Gérard Grisey. Mais qui s’étire sur une journée de 9 heures. Dans l’espace, il y a parfois un duo, un ensemble, ou uniquement des musiciens. Rien, dans une journée, ne se répète. Au public de picorer, de venir, de s’installer, de partir et de revenir. Une autre façon passionnante d’appréhender la danse.

 

Work/Travail/Arbeid d’Anne Teresa de Keersmaeker au Centre Georges-Pompidou. Avec Boštjan Antončič, Balázs Busa, Carlos Garbin, Marie Goudot, Cynthia Loemij, Sarah Ludi, Julien Monty, Michaël Pomero, Camille Prieux, Gabriel Schenker, Igor Shyshko, Denis Terrasse, Thomas Vantuycom, Samantha van Wissen et les musicien.ne.s de l’Ensemble Ictus. Jeudi 25 février. À voir jusqu’au 6 mars

 

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