Après plus de 30 ans à Grenoble, Jean-Claude Gallotta poursuit sa route en solo. Pour la première pièce de cette nouvelle vie, le chorégraphe replonge dans ses souvenirs, personnels et de lecture. Le décès de sa mère le pousse à fouiller dans les papiers familiaux. Il retrouve de vieilles photos d’elle, lors de sa jeunesse à Oran, qui le replonge dans L’Étranger de Camus. De là naît la pièce L’Étranger, un trio intime avec trois interprètes fidèles du chorégraphe (Ximena Figueroa, Thierry Verger et Béatrice Warrand). Un mélange des genres entre texte et danse, fiction et souvenirs, mais où les mots l’emportent le plus souvent sur la chorégraphie.

L’Étranger de Jean-Claude Gallotta

Au fond de la scène, un écran où sont projetés des souvenirs de famille. La voix de Jean-Claude Gallotta résonne, expliquant la démarche de L’Étranger, avant de faire place au texte de Camus. Le chorégraphe a choisi des passages clés du roman, qu’il lit d’une voix posée, puissante, sobre. Des images des films de Fellini ou de Tarkovski ponctuent les mots. Entre chaque scène, le trio se met en place. Non pas pour illustrer personnage sur personnage ce qui vient d’être dit, mais pour laisser planer un peu plus longtemps l’atmosphère, instaurer une ambiance, glisser entre les mots.

Un travail entre mots, danse et images, donc. Sauf que la danse en soi a du mal à exister, comme si la si grande force du texte ne lui en laissait pas l’espace. La complicité entre les trois artistes est forte, chacun.e est là en terrain connu, tout coule source. Mais si l’émotion naît – cette atmosphère de plus en plus pesante, ce sentiment d’inéluctable, cette terreur glaçante de la guillotine – c’est bien d’abord, et quasiment seulement, par le texte. N’en reste pas moins trois interprètes investi.e.s et proposant un travail très personnel, d’où naît aussi de beaux moments.

L’Étranger de Jean-Claude Gallotta

L’Étranger de Jean-Claude Gallota au Théâtre des Abbesses, avec Ximena Figueroa, Thierry Verger et Béatrice Warrand. Mardi 23 février 2016.