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Balades chorégraphiques – Avril 2016

Ce mois d’avril a été animé de beaux festivals, dans les salles et en plein air. Le Festival Condordan(s)e fait cheminer danse et littérature main dans la main, et Rencontre des jonglages démontre s’il en était besoin ce que le jonglage a d’artistique. Au Centre Pompidou, le cycle Spectacles Vivants se poursuit, mais avec une pièce qui bascule dans les écueils de l’art conceptuel.

Monumental de Jocelyn Cottencin – Les errances de l’art conceptuel

Monumental de Jocelyn Cottencin agace comme peuvent le faire les spectacles qui semblent réservés à un public connaisseur de danse contemporaine. Assis.es par terre, autour d’un carré que délimitent des tas de vêtements rangés par couleurs, les spectateur.rice.s assistent à des assemblages absurdes d’habits et des entremêlements de corps destinés à évoquer statues et monuments, tout un espace public. Le silence n’est entrecoupé que de très rares mots : “citadelle”, “Rodin”…

Quelques tableaux séduisent par le caractère ludique de l’expérience, mais le spectacle dans son ensemble paraît bien plus intéressant pour ses interprètes que pour le public. Je retrouve avec plaisir des artistes qui avaient donné les représentations de Tôzai !… d’Emmanuelle Huyhn au Centre Pompidou, mais l’absence de partage avec le public et l’accumulation de clichés (nudité, neutralité des visages, subversion des genres dont on peut se demander si c’en est réellement une) conduisent à s’interroger sur la signification de ce travail. Ce soir (vendredi 22 avril), le spectacle sera suivi d’un temps d’échange avec le public : l’occasion peut-être de lui donner du sens. Mais il est parfois gênant de sentir que l’environnement verbal et conceptuel nourrirait plus que le spectacle lui-même : c’est ce qu’on a maintes fois reproché à l’art conceptuel, et Monumental n’y fait pas exception.

Monumental de Jocelyn Cottencin - en répétition

Monumental de Jocelyn Cottencin – En répétition

Zéro, un, trois, cinq de Bertrand Schefer, Edmond Russo et Shlomi Tuizer – Une pièce émouvante sur l’adoption

Le festival Concordan(s)e est décidément parsemé de très belles rencontres. Zéro, un, trois, cinq est une courte pièce qui dessine en creux l’émotion d’un couple sur le point d’adopter, et celle d’un écrivain qui pour la première fois va danser. Ils devaient être trois, ils se sont retrouvés à deux, pour bientôt être cinq, et le texte comme les corps chavirent autour de cette attente, de cette absence qui prépare une présence. Il y a beaucoup de pudeur dans cette pièce, encore plus palpable dans l’intimité de la petite salle du Bal, bel espace d’exposition dans le dix-huitième arrondissement de Paris.

Zéro, un, trois, cinq - Bertrand Schefer et Julien Raso

Zéro, un, trois, cinq – Bertrand Schefer et Julien Raso

Carte blanche de Clément Dazin et c/o de Jörg Müller  – Fêter le printemps dans la rue

Mais il n’y a rien de plus agréable à l’arrivée du printemps que de le fêter dehors, grâce aux arts de la rue et à la coopérative De rue et de cirque, dans le cadre du festival Rencontre des jonglages. Sur les allées sablonneuses du Parc de Choisy ont été installés des gradins oniriques, ingénieusement fabriqués par les élèves d’une école professionnelle à base de palettes et de bouteilles d’eau. Les interprètes de la compagnie La main de l’Homme ouvrent quasiment le festival, devant un public composé aussi bien d’enfants que d’adultes. La sobriété de leur spectacle Carte blanche (interprètes tout en noir, quelques balles blanches, rien de plus), la dextérité et l’énergie des jongleur.se.s, leur complicité, concourent à en faire un moment très joyeux.

Carte blanche de Clément Dazin

Carte blanche de Clément Dazin

La soirée se poursuit avec Jörg Müller, et son spectacle c/o… interprété dans un tube d’eau de plusieurs mètres de hauteur. Entre miroir déformant et aquarium, ce tube est l’outil qu’il s’est donné pour “jongler avec [son] corps“, la pesanteur, l’éloignement et la proximité avec le public. À l’occasion de cette ouverture du Festival, Rémy Bovis, directeur de la coopérative De rue et de cirque, rappelle l’importance de leur mission, amener l’art dans tout l’espace public, dans les jardins, les cours, au pied des immeubles. Une mission que les attentats de novembre ne doivent pas conduire à abandonner.

c/o de Jörg Müller

c/o de Jörg Müller

A venir…

Mai est un temps de festivals en région parisienne, avec notamment les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, descendantes d’une des institutions majeures de la danse contemporaine en France, le Concours de Bagnolet. Le festival Rencontre des jonglages donne également très envie de se rendre au Printemps des rues, les 21 et 22 mai !

 

Zéro, un, trois, cinq de Bertrand Schefer, Edmond Russo et Shlomi Tuizer, avec Bertrand Schefer et Julien Raso. Le Bal. Jeudi 31 mars 2016.
Carte Blanche de Clément Dazin et la compagnie La main de l’Homme. C/0 de Jörg Müller. Avec la coopérative De rue et de Cirque (2r2c). Parc de Choisy. Vendredi 1er avril 2016.
Monumental de Jocelyn Cottencin au Centre Georges Pompidou. Jeudi 21 avril 2016.

 

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