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À bras-le-corps de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz avec Karl Paquette et Stéphane Bullion – CND

Créée en 1993, À bras-le-corps de Boris Charmatz et Dimitri Chamblas est incontestablement l’une des pièces contemporaines les plus marquantes de ces vingt-cinq dernières années. En mars 2017, les deux chorégraphes l’ont transmise aux deux Étoiles du Ballet de l’Opéra de Paris Karl Paquette et Stéphane Bullion lors d’une série de représentations dans la rotonde du Glacier au Palais Garnier. Présenté à nouveau lors du week-end Ouverture du Centre National de la Danse, ce duo captive par cette proximité qu’il instaure entre le public et les deux danseurs.

À bras-le-corps de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz – Stéphane Bullion et Karl Paquette

Studio 4 du CND. Des rangées de coussins délimitent un périmètre pour la danse. Dans la simplicité d’un t-shirt et d’un pantalon blanc, pieds nus, Karl Paquette et Stéphane Bullion sont déjà là. Ils cueillent du regard un spectateur qui s’installe, se chuchotent quelques mots, s’échauffent sans ostentation. Le calme avant la tempête ? Dès les premières minutes de la pièce, plus de doute possible. Comme le titre le laissait deviner, c’est bien à une sorte de duel que vont se livrer les deux danseurs. Une lutte où chacun s’empare du corps de l’autre, avec hardiesse, sans ménagement parfois. Qui sont-ils ? Des gladiateurs, des lutteurs, des compagnons de tranchée ?  Des frères assurément.

Au fur et à mesure, la proximité donne à voir les rougeoiements des peaux, les perles de sueur, les accélérations de la respiration. Dans le silence, on entendrait presque les cœurs qui cognent dans les poitrines. L’étroitesse du cadre rend périlleux certains élans. Le défi chorégraphique réside aussi dans cette contrainte. Régulièrement, l’espièglerie affleure. Eux que leur titre d’Étoile a placé sur un piédestal semblent s’amuser de ce voisinage inhabituel. L’un ou l’autre saisissent ainsi une occasion de faire naître un sourire, de défier du regard un spectateur avant de repartir. Parfois, l’un de ces deux chiens fous se pose entre deux personnes du public, comme pour reprendre son souffle, et regarde son jumeau continuer sa course éperdue.

À bras-le-corps de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz – Stéphane Bullion et Karl Paquette

Revers inéluctable, la fatigue creuse les traits, apaise un peu le rythme, ralentit la cadence. Les corps sont mis à mal, acculés à cette exploration de leurs propres limites. Parfois ils prennent leur temps, pour étirer un mouvement ou au contraire le rendre plus nerveux. Pris dans ce marathon, Karl Paquette et Stéphane Bullion restent les maîtres du jeu dans une complicité fraternelle. C’est beau de voir ces deux danseurs, tout en apportant la démonstration de leur parfaite maîtrise, oser s’abandonner à cette prise de risques.

 

À bras-le-corps de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz au CND. Avec Stéphane Bullion et Karl Paquette. Samedi 30 septembre 2017.

 

Commentaires (1)

  • Léa

    Oh là là … Je n’y avais pas fait attention lorsque vous l’avez annoncé dans la programmation de septembre…. J’ai (encore) raté ce duo que je voulais tant voir…

    Répondre

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