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Bosch Dreams – Les 7 Doigts de la Main au Jardin des Délices

Les 7 Doigts de la Main sont de retour à Paris sous le chapiteau historique du Parc de la Villette pour un nouveau spectacle, Bosch Dreams (“Les rêves de Jérôme Bosch” en français). Pour cette aventure artistique, la compagnie québécoise s’est associée au très réputé théâtre Republique de Copenhague où eut lieu la première en septembre 2016, pour les 500 ans de la mort du peintre néerlandais. Simon Tréteault pour les 7 Doigts de la Main et le regretté Martin Tulinius pour la théâtre Republique co-signent la mise en en scène de cet objet scénique mal identifié.

Bosch Dreams – 7 Doigts de la Main

Ce travail de commande à quatre mains s’annonçait passionnant, et il l’est à plus d’un titre. Les réalisations des vidéastes dirigées par Ange Potier sont un enchantement perpétuel pour les yeux. L’univers surnaturel du peintre néerlandais est magnifiquement restitué tout en évitant l’écueil de la simple copie. On s’immerge avec bonheur dans le Jardin d’Eden ou l’on tremble d’effroi aux visions de l’enfer sur grand écran. Avec pour fil rouge le récit d’un professeur d’histoire de l’art qui nous raconte sa première fascination pour Bosch lorsque qu’il était enfant et qu’il ouvrit, presque par hasard, un livre de son père. Voilà ainsi le fil conducteur tout au long de la soirée.

Mais l’arc narratif est pour le moins ténu et l’on peine à s’intéresser à ce discours didactique, scandé cela dit par quelques belles séquences. Notamment l’apparition du monde surréaliste de Salvador Dali qui participa à sortir Bosch du relatif oubli dans lequel il était tombé. Ou encore l’immersion dans la musique de Jim Morrison, le charismatique chanteur des Doors qui était fasciné par les tableaux du peintre, qui de fait évoquent sans peine une époque psychédélique.

Bosch Dreams – 7 Doigts de la Main

Mais où est le cirque dans tout cela ? Il s’invite subrepticement dans les vidéos avec une réalisation virtuose où les acrobates s’incrustent dans les images d’animation. Les effets sont bluffants et toujours d’une parfaite élégance. On se laisse ainsi porter dans ce voyage improbable au cœur du Jardin des Délices en essayant d’oublier que l’on est sous un chapiteau. Car les artistes circassiens sont écrasés par le trop-plein d’images. On ne les voit plus, parfois on les distingue à peine.

Il y a pourtant des moments magiques comme ce duo acrobatique autour d’un lit dégageant une belle sensualité. Ou encore le final où pour quelques minutes, le cirque reprend ses droits. Mais c’est trop tard, trop peu. Il faut malgré tout saluer le dossier pédagogique magistral qui accompagne le spectacle et qui permet d’entrer plus encore dans l’univers de Jérôme Bosch et ses créatures fantastiques. C’est une mine d’informations, à consulter sur le site de la Villette.

Bosch Dreams – 7 Doigts de la Main

Il faut aussi saluer aussi le mouvement perpétuel des 7 Doigts de la Main pour se renouveler et tenter de nouvelles expériences artistiques en collaborant avec des chorégraphes ou d’autres troupes de théâtre. Cette prise de risque permanente n’est pas sans danger. Mais même un spectacle moins réussi de la compagnie québécoise est un joli moment de spectacle vivant. C’est dire si j’attends avec gourmandise le prochain opus.

 

Bosch Dreams de Samuel Tréteault, Martin Tulinius et Ange Potier à la Villette. Avec Héloise Bourgeois, Sunniva Lovlans Byvard, Evelyne Lamontagne et Jorge Petit. Vendredi 1er décembre 2017. À voir jusqu’au 17 décembre, puis en tournée jusqu’au 16 février

 

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