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Protagonist de Jefta van Dinther – Ballet Cullberg

Le Ballet Cullberg était de retour à Paris dans la cadre du Festival nordique présenté par le Théâtre de Chaillot avec Protagonist du chorégraphe néerlandais Jefta van Dinther. Cette pièce composée pour 16 danseuses et danseurs évoque, selon la note d’intention du programme, “une révolte sociale suggérant que nous nous rapprochons du règne animal”. Mais l’auto-interview de Jefta van Dinther est pour le moins déconcertante et s’écrit dans un langage abscons.

Protagonist– de Jefta an Dinther

Qu’importe ! Le Ballet Cullberg, la compagnie la plus prestigieuse de ce festival est synonyme d’excellence. Fondée en 1967 à Stockholm par la danseuse classiques et chorégraphe Birgit Cullberg, cette troupe a écrit l’une des plus belles pages de la danse en Europe. Et c’est dans cet environnement que son fils Mats Ek s’est construit comme chorégraphe, devenant une personnalité majeure de la danse contemporaine. Hélas ! Le spectacle présenté lors cette escale parisienne n’est pas à la hauteur de la réputation du Ballet Cullberg.

Jefta van Dinther enveloppe sa création dans un texte dit en anglais, écrit par ses soins avec une traduction en français insérée dans le programme. Il eut mieux valu ne pas mettre en exergue ces lignes d’une naïveté consternante, logorrhée pseudo-poétique lourde de prétention. Et ce qui se passe sur scène est à l’image de ces vers : creux et bavard.

Protagonist de Jefta van Dinther

En vêtements de ville, les 16 danseuses et danseurs se déploient en tout sens sur la plateau dans ce qui ressemble le plus souvent à une mauvaise improvisation. Ils se touchent, se caressent, virevoltent de droite à gauche sans que l’on puisse discerner ni le moindre style, ni un propos cohérent. Ça s’agite dans ce qui ressemblerait à un cours de zumba alternativement sous LSD et lexomil. On est là davantage au niveau de l’expression corporelle avec un trop-plein de mouvements au sol. Rien ne semble ni construit, ni articulé. En fond sonore, on entend le texte de Jefta von Dinther censé expliciter son propos mais qui ne fait qu’ajouter à son indigence. Puis subitement, les 16 danseuses et danseurs s’arrêtent face au public dans le silence total. Une séquence qui dure plusieurs minutes. Paradoxalement, ce face-à-face, presque une confrontation, est le moment le plus intéressant de la soirée. Vint enfin le final qui voit les artistes se déshabiller totalement sur scène tout en exécutant ce qui ressemble à une danse de zombies qui se transforme en mouvements simiesques caricaturaux.

Soyons honnêtes : une partie du public a apprécié le spectacle et s’est manifesté bruyamment. C’est la preuve que chaque regard est différent et qu’on ne saurait porter un jugement définitif sur quelque œuvre que ce soit. Reste que Protagonist, jusqu’à preuve du contraire, est au degré zéro de la chorégraphie, indigne d’une compagnie aussi prestigieuse que le Ballet Cullberg. J’attends de revoir ces superbes artistes le plus tôt possible avec un programme qui fasse honneur à l’héritage irremplaçable de Birgit Cullberg.

Protagonsist de Jefta van Dinther

 

Protagonist de Jefta van Dinther par le Ballt Cullberg au Théâtre Chaillot. Avec Linda Adami (invitée), Anand Bolder, Eleanor Campbell, Giacomo Citton, Unn Faleide, Sylvie Gehin Karlsson, Nuria Guiu Sagarra, Georges Hann, Katie Jacobson, Gesine Moog, Suelem de Oliveira da Silva, Camille Prieux, Adam Schütt et Vincent Van der Plas. Samedi 19 janvier 2018, dans le cadre du Festival nordique.

 

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