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Esquif – Surnatural Orchestra, Inextremiste et Basinga

Mélanger le côté balourd d’une fanfare et la grâce défiant l’apesanteur d’une funambule, c’est le pari réussi du mélange entre Surnatural Orchestra (la musique), Inextremiste (les acrobates) et Basinga (l’équilibriste défiant les lois du vertige), depuis déjà 2013. Ces trois troupes ont en effet l’habitude de travailler ensemble, se retrouvant régulièrement autour de projets singuliers et mélangeant les genres. Après La Toile vue en 2015, le “trio” (ils et elles sont en tout une bonne vingtaine sur scène) a proposé Esquif au dernier festival Circa, en octobre dernier, l’un des coups de coeur de cette édition 2017 avec Les Princesses. L’idée part du même principe – les musiciens jouent à l’acrobate au milieu de longs bouts de bois et d’une ambiance chantier. Le résultat, au fil des années, a gagné en maturité et en direction. Si La Toile pouvait se perdre un peu en chemin, Esquif est une petite merveille d’inventivité et de poésie, rejouant la métaphore de l’orchestre : c’est en étant ensemble que l’on fait vraiment de la musique. 

Esquif – Surnatural Orchestra, Inextremiste et Basinga

Sur scène, rien ne presse. La fanfare arrive petit à petit, trouvant son équilibre doucement sur des bombonnes, jouant une sorte de jazz mélancolique et  diablement entêtant. L’agrès, c’est ici une bascule, composée de longues planches de bois en équilibre sur une autre bonbonne, ambiance chantier oblige. Le défi pour l’orchestre ? Tenir – à 18 – en équilibre sur cette balance précaire, tout en continuant à jouer. Ou la recherche du fameux point d’équilibre, celui qui fait que tout se tient comme par miracle, que tout est suspendu. Un pas de trop, la bascule retombe de l’autre côté, et les musicien.ne.s de reprendre leur quête de l’équilibre. Mais l’ensemble trouvé, la bascule se transforme en tourniquet, porté par la musique qui s’envole. Dans une fanfare comme chez les acrobates, rien ne sert de ne penser qu’à soi : la magie vient lorsque l’on réfléchit et respire tous ensemble. Et cette longue marche sur l’équilibre au début hésitante de se transformer en un petit bijou de surprise, de légèreté, d’humour et de poésie. 

Recherche de l’équilibre sur terre, recherche de l’équilibre dans les airs. Au tour de la funambule Tatiana-Mosio Bongonga de jouer avec l’apesanteur. Si les musicien.ne.s étaient dans l’apprentissage de l’équilibre, et c’était justement ce cheminement qui était si beau – Tatiana-Mosio Bongonga semble pour sa part être née dans les airs. Son fil est sa terre, son lit, son aire de repos comme sa salle de jeu. D’en haut, elle salue les musicien.ne.s, jouent avec les airs que la fanfare lui envoie. Ce petit monde se connaît bien depuis cinq ans à partager la scène. C’est ce qui fait aussi cette ambiance d’ami.e.s sur le plateau, cette sensation d’assister à des retrouvailles de gens qui se connaissent depuis toujours. Et qui fait décidément de ce spectacle un moment attachant et unique en son genre. 

Esquif – Surnatural Orchestra, Inextremiste et Basinga

 

Esquif de avec Surnatural Orchestra, Inextremiste et Basinga à la Salle du Mouzon au festival Circa. Avec Fanny Ménégoz, Clea Torales, Adrien Amey, Baptiste Bouquin, Jeannot Salvatori, Robin Fincker, Nicolas Stephan, Fabrice Theuillon, Antoine Berjeaut, Izidor Leitinger, Julien Rousseau, Hanno Baumfelder, François Roche-Suarez, Judith Wekstein, Laurent Géhant, Boris Boublil, Sylvain Lemêtre, Antonin Leymarie, Rémi Bezacier, Yann Ecauvre et Tatiana-Mosio Bongonga. Lundi 23 octobre 2017. À voir les 28 et 298 mars à la Filature de Mulhouse

 

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