TOP

A la découverte de la Paul Taylor Dance Company

Mardi 26 juin 2012. La Paul Taylor Dance Company au Théâtre de Chaillot, dans le cadre des Etés de la danse. Trois ballets : Brandenburgs,The Uncommitted et Beloved Renegade.

Beloved-Renegade.jpg
Courir les spectacles de danse de Paris demande non seulement des trésors bancaires, mais aussi des trésors de gestion de planning. Il faut savoir jongler entre ce qu’on veut voir, ce que l’on veut absolument voir, ce qu’il ne faut décemment pas rater si l’on ne veut pas passer pour un-e inculte, ce que l’on pourrait éventuellement rater, ce qui se rate et ce qui titille notre curiosité. Parfois, c’est assez simple, il n’y a rien. Parfois, quatre événements se télescopent, avec comme résultat un sentiment inévitable : la frustration.

Que n’ai-je réservé qu’une soirée pour découvrir la Paul Taylor Dance Company ! Grave erreur, et donc, frustration. Cette compagnie, qui n’était pas venue en France depuis 12 ans, s’est posée fin juin à Paris, pour dix jours de spectacles avec Les Etés de la Danse. Elle avait amené dans ses bagages 13 ballets de Paul Taylor, grand chorégraphe de la modern dance américaine. Et il fallait bien plus d’une soirée pour se plonger dans l’univers de la troupe et de son directeur. Surtout que ma soirée, choisie par obligation de date, ne comptait aucun “ballet signature” de Paul Taylor, tels Aureole ou Esplanade, qui ont laissé de si enthousiastes échos sur le web.

Cette découverte fut ainsi intéressante et fructueuse, mais sans coup de cœur. Frustration. Il aurait fallu compléter par une deuxième soirée, histoire de savoir si c’est moi qui suit réfractaire à Paul Taylor, où si les ballets de ce 26 juin étaient moins dans mes goûts que ceux du lendemain.

Brandenburgs.jpg
Brandenburgs, sur une musique de Bach comme l’indique le titre, reste assez classique sur la forme. Voir même Balanchinien dans l’esprit. Pas d’histoire, juste une belle musique sur laquelle les danseurs et danseuses doivent s’inspirer, alors qu’ils évoluent sur scène en groupe, à tour de rôle. Le style de Paul Taylor s’y déploie avec un certain charme. On apprécie ces lignes de danse, es asymétries, cette énergie assez aérienne, ce petit quelque chose de joyeux et cette pointe d’humour dans ces ports de bras. Comme si, sur le fond, le chorégraphe ne veut pas se prendre au sérieux malgré l’exercice de style que représente du ballet. Les artistes semblent prendre beaucoup de plaisir dans cette œuvre, c’est une belle troupe, musicienne, qui évoluent sur scène. Un Brandenburgs somme toute sympathique, donc, sans forcément parler pour ma part de révélation.

The Uncommitted, qui suit, paraît un peu plus faible. Parmi la foule, nous sommes finalement toujours seul-e-s, voilà le thème. L’idée est universelle, pas forcément compliquée, mais abordée ici avec trop de premier degré. Le ballet se divise en plusieurs saynètes, où à chaque fois un danseur ou une danseuse évoluent en décalage par rapport au groupe. La visualisation de la trame y est presque trop évidente, trop vite dévoilée, sans nuance et complexité. Le style semble également moins inventif, pas aidé par une musique (Pärt) sur laquelle il n’est pas facile de s’appuyer.

The-Uncommitted.jpg
Beloved Renegade, qui clôtura la soirée, resta finalement le meilleur moment. Hommage du chorégraphe au poète Walt Whitman, l’œuvre se voit surtout comme un ballet sur la cruauté d’une guerre, même si le personnage de l’écrivain (ou plutôt d’un écrivain) se dessine dans quelques scènes. Sans tomber dans le pathos, Beloved Renegade interpelle, mélangeant à une ambiance assez lourde (le Gloria de Poulenc sert de musique) des moments d’une grande légèreté. Une véritable poésie émane du ballet, en évitant trop de démonstration. Et même si le style chorégraphique semble moins marqué que dans Brandenburgs, la réussite est là.

Beloved-Renegade_2.jpg
Un beau moment au final pour clôturer une soirée intéressante et parfaite introduction à Paul Taylor, même si, tant pis, j’aurais manqué le développement. A quand une prochaine visite parisienne ?

Commentaires (2)

  • louison

    Connaissant parfaitement Alvin Ailey (sans prétention aucune) j’ai voulu découvrir Paul Taylor et j’ai eu un sentiment d’inachevé, il manquait quelque chose. j’ai trouvé sa danse plate. Je n’ai rien ressenti. Je suis dure mais c’est exactement l’effet que cela m’a fait quand je suis sortie de la représentation.

    Répondre
  • @louison: J’ai été frappée par les avis divergeants autour de cette compagnie, je crois que les soirées ne se valaient pas toutes, certains ballets ont bien mal vieilli.

    Répondre

Poster un commentaire