A la découverte du Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre : épisode 1
Ecrit par : Amélie Bertrand
Le Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre, petite compagnie privée, et sa star Irina Kolesnikova, sont depuis quelques années des fidèles du Théâtre des Champs-Elysées. Je me suis décidé à aller les découvrir le mardi 15 février, avec leur très classique Lac des Cygnes.
Commençons par ce qu'il ne faut pas faire selon le manuel du-de la parfait-e petit-e journaliste : une impression générale. Ce Lac des Cygnes fut une soirée plaisante. Pas follement émouvante, mais plaisante. Ce ballet sait mettre en valeur les qualités de la troupe et de la soliste (qui m'a pas mal impressionnée) tout en gommant à peu près leurs défauts. Et même si l'orchestre n'est pas parfait, il a le mérite d'exister, alors que je m'attendais à une bande-son grésillante.
Même si j'aime beaucoup Le Lac de Noureev, je dois dire que, de temps en temps, ça ne fait pas de mal de revenir à une version toute simple. Sans complication chorégraphique, sans drame freudien, sans la scène écrasante de Bastille, sans les décors un peu pompeux. Une version rafraichissante, où l'on n'en ressort pas en se demandant mais en fait, par qui était attiré Siegfried ou ce que représente le moi profond de Rothbart. Peut-être un peu trop simpliste diront certains, mais je me suis laissée prendre au jeu (spectatrice facile inside).
Le premier acte est charmant, c'est vraiment l'adjectif qui m'est venu en premier à l'esprit. Les décors sont d'inspiration Disney, mais sans tomber dans le kitch, les costumes jolis, l'ensemble agréable. Très vite, le corps de ballet masculin semble avoir un peu de mal, mais les femmes assurent, et la valse est réussie. Bon point, c'est un moment qui dure longtemps et qui peut vite devenir barbant. Le fou, qui saute et tourne très bien - et qui tient à le montrer -, amène de la couleur dans les ensembles, tandis que le précepteur, plutôt vieux croulant, apporte la petite touche d'humour pas désagréable. Le pas de trois est bien enlevé par deux demoiselles qui cachent les faiblesse du garçons. Le prince, on ne le voit pas beaucoup, mais ça n'a pas vraiment d'importance dans l'histoire. Le tout reste délicieusement désuet, et je dois dire que je passe un bon moment.
Le deuxième acte commence plus difficilement. A savoir que le costume de Rothbart et le décors avec ses faux cygnes qui bougent ont franchi la ligne du kitch. De peu, mais franchi tout de même. La majeure partie de l'acte se révèle heureusement plus intéressante. D'une part, par le corps de ballet, qui se tient plutôt bien. Et d'autres part, et surtout, grâce à Odette/Odile, interprétée par Irina Kolesnikova. Cette danseuse est l'archétype de la ballerine classique : longue, longiligne, des lignes parfaites, des jambes interminables, doublés d'un visage de mannequin et d'un physique plus féminin qu'habituellement. Elle n'est pas forcément originale, mais elle sait faire les choses bien, et s'investit dans ses rôles. Et surtout, elle a une belle assurance que j'apprécie. C'est elle la star de la troupe, elle le sait et elle y va à fond. Elle ne s'excuse pas d'être là, elle est là pour briller, et elle assume. Le prince, elle n'en a rien à faire, mais vu son importance dans l'histoire, le public non plus.
Le pas de deux était ainsi très réussi. Non pas parce qu'il y avait spécialement beaucoup d'émotion qui passaient, mais parce que j'avais en face de moi une belle danseuse qui brillait et musicale, des lignes épurées, et, surprenant à dire, mais cela m'a suffit.
Le troisième acte m'a plu pour les mêmes raison. Je passe sur les danses de caractère un peu poussives pour arriver directement à l'arrivée du Cygne noir. Irina Kolesnikova était supervamp et superstar, et ça allait comme un gant au personnage. Aguicheuse ce qu'il fallait, brillante, j'avoue qu'elle m'a beaucoup impressionnée, elle en jette décidément. Le pas de deux était encore une fois très réussi. Son partenaire, à défaut d'être fougueux bondissant, doit être un bon porteur.
Le quatrième acte m'a par contre moins plus. J'ai été à vrai dire déstabilisée. Autant je me suis faite aux quatre cygnes noirs, apparition bizarre lorsque l'on n'est pas habitué-e, mais j'ai eu du mal avec la musique, qui n'était pas la même, et le final tronqué de pas mal de mesures (alors que c'est l'un des plus beaux passages de la partition). Etait-ce là encore l'habitude, mais la fin bisounours, où Rothbart meurt entouré des cygnes et du couple triomphants, m'a également fortement agacée. Un Lac, c'est un drame, ça doit finir dans le sang et les larmes, sinon, ce n'est pas un Lac.
C'est dommage, mais malgré ce quatrième acte qui m'a pour le moins déstabilisée, la soirée se révèle globalement positive. La Belle au Bois Dormant deux jours plus tard fut moins réussi, compte-rendu à venir dans quelques jours.
© St Petersburg Ballet Theatre
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