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Avenue Q, grinçante surprise

Mercredi 22 février 2012. Avenue Q, de Robert Lopez, Jeff Marx et Jeff Whitty, adaptation française de Bruno Gaccio, au Théâtre Bobino. Avec Shirel (Kate Monster), Emmanuel Suarez (Princeton), David Alexis, Jean-Michel Vaubien (Willy), Alice Lyn (Tatami) et Emmanuel Quatra (Brian).

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Les importations de comédies musicales en France ont des fortunes diverses. Autant celle deShrek, m’a déçue, autant celle d’Avenue Q  est un pur régal. Et mon coup de cœur sur scène de cet hiver, le dernier depuis Les 7 doigts de la main.

Avenue Q est une comédie musicale sans débauche de moyens, créé en 2003 à Broadway, et qui s’est petit à petit taillée un franc succès auprès du public. Les personnages sont en partie des marionnettes, rappelant dans leur esthétisme Bébête show. Elles sont tenues à une main par les acteurs et actrices, qui bougent sur scène et jouent comme n’importe quel comédien-ne. Le spectacle n’est donc pas du tout figé.

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Avenue Q
est une rue perdue de New York, où se retrouvent tous les looser, les chômeurs, les humoristes pas drôles et les stars (du X ou non) déchues. Nous plongeons dans leur petite vie, mêlée d’une jolie histoire amoureuse, et tout se terminera par la plus belle des morales : l’amitié et la générosité peuvent illuminer la vie.

Une histoire niaiseuse ? Oh que oui. Sauf que les dialogues sont grinçants à souhait, désopilants, et surtout jubilatoirement politiquement incorrects. Ça parle de racisme, d’homosexualité, d’argent et de cul sans complexe (la pièce est d’ailleurs déconseillée aux moins de 12 ans), ça égratigne tout le monde (public compris) et ça ne s’embarrasse pas de pincette.

Soulignons d’ailleurs l’excellente adaptation française de Bruno Gaccio. Il a su respecter le ton d’Avenue Q tout en glissant quelques références à l’actualité, avec une certaine finesse. L’auteur a pris une liberté : le personnage d’Arnold est remplacé par Willy. Quésako ? Dans la version américaine, l’acteur Gary Coleman (Arnold de la série de votre enfance) y jouait son propre rôle, celle d’une star déchue. Le personnage a perduré après sa mort. La version française a préféré le personnage de Willy, star oubliée elle-aussi, mais que tout le monde confond avec son frère de fiction.

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Musicalement, c’est aussi un petit régal. Même créée en 2003, Avenue Q rappelle dans ses chansons l’ambiance des musicals des années 1960, avec ce qu’il faut de mélodies entraînantes et de rythmiques jazzy. Même pas massacrées par une sono poussée à fond, ce qui semble être la grande tendance des théâtres parisiens.

Toute la troupe, acteur, actrice, musiciens et musiciennes, font un travail formidable. Mention spéciale à Shirel (désopilante Kate Monster), Alice Lyn (tout aussi désopilante Tatami) Emmanuel Suarez (très mignon Princeton) ou Jean-Michel Vaubien (bien meilleur Willy que dans Fame). Une très belle surprise.

Avenue Q, au Théâtre Bobino jusqu’au 1er avril, places de 26 à 74 euros.

Commentaires (2)

  • Ca fait envie!
    J’avais vu il y a quelques temps un spectacle avec ce concept marionnettes/acteurs. J’étais dubitative et pourtant c’était génial!
    Si je trouve quelqu’un pour m’accompagner j’irai peut être y faire un tour!

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  • Je suis complètement d’accord avec toi, c’est vraiment LE spectacle à voir en ce moment!
    L’adaptation est superbe et se permet beaucoup de liberté, ce qui selon moi la rend encore meilleur (comparé à celle de Shrek que j’avais vu deux jours plus tôt qui s’acharné à coller parfaitement à la version original…).
    Et la distribution est impeccable!
    Même si je m’écoutais en boucle l’album de Broadway je ne m’attendais pas à être conquis de la sorte!

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