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Bye Bye Vénus, quand Jérémie Bélingard se met à la chorégrahie

L’Opéra de Paris s’endort doucement en ce mois de janvier ? Pas grave, ça danse bien ailleurs. Et notamment à Suresnes (le bout du monde, je sais, mais que ne fait-on pour l’amour de la danse ?), où se tient du 7 au 30 janvier le festival de hip hop Suresnes cités danse.

Parmi tous les programmes proposé (Blanca Li, le ballet national algérien, etc.), il y a une tradition dans ce festival : les Cités danse variations. Le but ? Inviter deux chorégraphes contemporains, leur faire auditionner des danseurs et danseuses hip hop, et monter avec eux et elles, et en trente jours, un ballet mélangeant leur style.

Cette année, la chorégraphe Misook Seo et le danseur étoile de l’Opéra de Paris Jérémiiiiiiiiiiiiiiie Jérémie Bélingard se sont prêtés au jeu.

Je me suis rendue à la représentation du jeudi après-midi, remplie de jeunes enfants (qui se sont très bien tenus) et de danseur et danseuses hip hop. Si Jérémie Bélingard avait eu droit aux honneurs de la presse, Misook Seo était restée plutôt discrète, et j’étais d’autant plus curieuse de voir son ballet Contrastes. Mais un empêchement de dernière minute m’a fait arriver trop tard, et j’ai du me contenter de bribes de musique dernière la porte.

1/2 heure plus tard, j’entre enfin dans la petite salle, très intimiste. C’est décidément un plaisir rare de voir les interprètes d’aussi près.

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Disons le tout de suite : le Bye Bye Vénus de Jérémie Bélingard m’a vraiment plu. Le mélange des genres a été ici parfaitement respecté, pour donner un langage chorégraphique original et vraiment agréable à regarder. Des gestes de la danse contemporaine, quelques attitudes classiques et des figures de hip hop s’imbriquaient parfaitement ensemble, très naturellement, et avec une énergie communicative.

Les cinq danseurs et danseuses, très expressif-ve-s, sont investi-e-s jusqu’au bout. Pendant 30 minutes, et avec une certaine technique, ils se croisent, se décroisent, enchaînent les solos, les pas de deux, les mouvements de groupes. Jérémie Bélingard a eu du flair en les choisissant, et en sachant vraiment les mettre en valeur. Je connais très mal le hip hop, si ce n’est ce qu’on en voit dans les clips. J’ai été frappé par la dextérité des danseurs, la rapidité avec laquelle ils exécutent leurs figures, sans qu’il n’y ait jamais aucune brusquerie. Ce sont de vrais lianes, qui m’ont parfois fait penser aux interprètes classiques. La recherche du bon et beau geste était en tout cas bien présente.  

Niveau langage chorégraphie, bonne surprise donc. Niveau propos… c’était beaucoup plus brouillon. J’avais lu quelques interviews où Jérémie Bélingard expliquait ce que représentait son ballet. Passé les premières minutes à découvrir cette chorégraphie, je me suis donc mise à chercher ce qu’il voulait dire… Et j’ai bien cherché, je n’ai pas vraiment trouvé. C’était des danseur-ses-s, qui se cherchent, se trouvent parfois, interagissent entre eux, jusqu’à la fin où, non, décidément, plus rien ne se passe. A cause de la destruction de Vénus, déesse de l’amour ?

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L’idée de ce ballet m’a donc paru extrêmement classique, assez vue et revue, malgré les explications a priori recherchées. Mais après tout, j’ai passé un bon moment, j’ai aimé le style, alors ce n’est pas bien grave. Sur une chorégraphie d’1/2 heure, ce n’est pas gênant, mais ça me semble plus risqué si Bélingard veut se lancer dans une œuvre de plus grande envergure.

Je reste néanmoins sur une bonne surprise, avec l’impression d’avoir vu un style plutôt original, surtout conçu en si peu de temps. Je suis en tout cas curieuse de voir ses prochains essais chorégraphiques.

Photos © Dan Aucante

Commentaires (2)

  • Fab

    Oui, d’accord avec toi sur le propos du ballet. Effectivement, pas facile à suivre. J’avoue que ça ne m’a pas trop gênée, car je suis vraiment rentrée dans l’opus de J. Bélingard, en étant toutefois moins convaincue vers la fin. Mais j’ai passé un bon moment. J’ai trouvé son travail plutôt abouti avec un vrai sens du mouvement et de la mise en scène (et je le précise, je ne suis pas une fan de Jérémie!!!). Je le reverrai avec plaisir en tant que chorégraphe. Il y a du potentiel…

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  • @Fab:On se retrouve décidément souvent dans nos impressions de spectacle 🙂

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