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La Dame aux camélias – Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech

Eleonora Abbagnato est en général une danseuse à laquelle on croit. On croit en sa Carmen, en son Élue, en sa Mort. On est touché ou non par son interprétation, mais on croit en son personnage. Elle sait jouer juste, et c’est cela – entre autres – qui fait d’elle une danseuse que l’on a envie de voir.

Eleonora Abbagnato - La Dame aux camélias

Eleonora Abbagnato – La Dame aux camélias

Mais dans La Dame aux camélias, mystère, cela ne fonctionne pas. Impossible de croire en sa Marguerite, Eleonora Abbagnato la surjoue beaucoup trop. La chorégraphie de  John Neumeier n’a pas peur des clichés romantiques, entre grands mouvements de bras, quintes de toux catastrophiques, effets de cheveux et airs alanguis. L’Étoile se précipite dedans sans nuance, et en y rajoutant une couche comme si tout cela ne suffisait pas déjà. Trop de drame tue le drame. Sa Marguerite manque de plus singulièrement d’évolution, et ne semble pas bouger durant les trois longs actes.

Benjamin Pech offre un jeu beaucoup plus juste pour Armand, avec une certaine pudeur. Cette modeste intériorité, avec quelques envolées dans sa variation, sied plutôt bien au personnage. Pourtant, son Armand reste flou. Impossible de le définir, de dire qui il est, comment il vit cet abandon. C’est un Armand aux contours indistincts. Lui et Eleonora Abbagnato aiment danser ensemble. Les portés sont fluides et sans difficulté apparente. Mais – et là encore mystère – pas de connexion, pas de grand frisson face aux nombreux longs pas de deux. Leur histoire d’amour tragique n’arrive pas à prendre vie.

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Seule Eve Grinsztajn, Olympia putassière, donne une note de réalité aux trois heures de ce ballet. Pour le reste, seul reste le souvenir des belles robes qui tourbillonnent. Il y a des soirs, comme ça, où ça ne prend pas.

 

La Dame aux camélias de John Neumeier, par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. Avec Eleonora Abbagnato (Marguerite), Benjamin Pech (Armand Duval), Michaël Denard (Monsieur Duval),  Myriam Ould-Braham (Manon), Christophe Duquenne (Des Grieux), Eve Grinsztajn (Olympia), Nicolas Paul (Gaston Rieux), Mélanie Hurel (Prudence), Samuel Murez (Le Duc), Christine Peltzer (Nanine) et Adrien Bodet (Le Compte de N). Vendredi 27 septembre 2013.

Commentaires (3)

  • Eve Grinsztajn ou comment arriver à ce que tout le monde parle de sa performance alors qu’elle passe les deux tiers du spectacle dans le corps de ballet… Mais qu’attend la direction pour mieux la distribuer. Pourquoi ne pas lui donner le rôle titre alors qu’elle a tout pour faire une des plus belles Marguerite de l’Opéra de Paris…
    Je sais que je radote un peu concernant cette danseuse, mais la voir aussi peu distribué me fait de la peine (la fée des Lilas, sérieusement?).
    En tous cas j’ai hâte de voir sa Manon lundi =)

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      • C’est exactement ça! Pour moi elle est celle qui pourrait “succéder” à Isabelle Ciaravola! J’espère qu’elle aura sa chance sur Onéguine, vu que parmis les étoiles ayant dansé Tatiana, seul Aurélie Dupont et Isabelle Ciaravola seront disponible…

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