TOP

Gala Noureev & Friends : la chronique

Gala Noureev & Friends au Palais des Congrès. Avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, Petite Mort de Jiri Kylian ; Iana Salenko et Marian Walter (Ballet de l’Opéra de Berlin), La Sylphide d’August Bournonville ; Evgenia Obraztsova (Ballet du Bolchoï) et Evgeni Ivancheko (Ballet du Mariinsky), La Bayadère de Marius Petipa ; Tamara Rojo (English National Ballet) et Federico Bonelli (Royal Ballet), Manon de Kenneth MacMillan ; Maia Makhateli et Remi Wörtmeyer (Het Nationale Ballet), Two pieces for Het de Hans Van Manen ; Aurélie Dupont et Mathias Heymann (Ballet de l’Opéra de Paris), Raymonda de Rudolf Noureev ; Evgenia Obraztsova  et Dmitry Gudanov (Ballet du Bolchoï), La Belle au bois dormant ; Mathias Heymann  (Ballet de l’Opéra de Paris), Manfred de Rudolf Noureev ; Tamara Rojo (English National Ballet) et Rupert Pennefather (Royal Ballet), Marguerite & Armand de Frederick Ashton ; Daria Vasnetsova et Evgeni Ivancheko (Ballet du Mariinsky), Le Lac des Cygnes de Marius Petipa ; Aleksandra Timofeeva (Ballet du Kremlin) et Vadim Muntagirov (English National Ballet), Le Corsaire de Marius Petitpa. Vendredi 31 mai 2013. 

gala-noureev&friends-final

Paris n’est pas une ville où les galas de danse – les bon, cela s’entend – courent les rues ces dernières années. L’exercice peut peut-être paraître un peu lassant. Pourtant, quand il y a une belle affiche, une véritable direction artistique et toutes les conditions techniques réunies, cela donne une soirée de danse régalante. L’exemple a été donné avec le Gala Noureev & Friends fin mai. Une dizaine d’Étoiles internationales et visiblement heureuses d’être là, ô luxe un orchestre, un programme bien pensé (slaves de doubles fouettés mais pas trop quand même, des moments d’émotion, du pure académisme, du néo, du contemporain….). Le public est ressorti le sourire aux lèvres, et il y avait de quoi.

Le Palais des Congrès n’est pourtant pas une salle qui se prête facilement à la danse. La présence de l’orchestre (parfaitement insonorisé) a pourtant su donner un certain lien entre le public et la scène. Pas de temps mort, pas de danseurs ou danseuses en mode automatique, chaque couple a su, en quelques minutes, instaurer une ambiance particulière sur scène.

Je ne me lancerai pas dans un Top 5, même si pour moi trois prestations sortaient particulièrement du lot. D’abord la Reine, Tamara Rojo. Manon, c’est un peu son ballet. Elle y met tout toute sa passion, tout son amour de la danse, toute sa personnalité. En quelques minutes, tout comme son partenaire Federico Bonelli, elle nous raconte une histoire d’amour, dont tout le monde comprend qu’elle finira mal. Avec ce seul court extrait de la chambre, Tamara Rojo fait redécouvrir le drame de Manon au public parisien. C’est sublime et touchant au plus juste. Marguerite & Armand, dansé lors de la deuxième partie avec Rupert Pennefather, fait un peu moins d’effet. Mais tout de même, la danseuse se livre corps et âme pour, là encore, une démonstration de ce qu’est une personnalité d’artiste.

Tamara Rojo et Rupert Pennefather - Marguerite et Armand

Tamara Rojo et Rupert Pennefather – Marguerite et Armand

Après Reine Tamara vienr Impératrice Aurélie Dupont, impériale (c’est le juste mot, je n’en ai pas d’autres), dans Raymonda. C’est un regard qui fuse, c’est la classe incarnée, c’est une précision de chaque geste, c’est une vraie musicalité aussi… Bref, Aurélie Dupont dans ses grands jours, magnifiquement accompagnée par Mathias Heymann, plus en forme que jamais. Mais c’est dans un solo, celui de Manfred, que le jeune danseur s’est particulièrement illustré. Il y a deux mois, cette chorégraphie marquait son retour sur scène après deux ans de blessure. Ce soir, sa prestation était encore plus aboutie, plus dramatique, un envol malgré la fin qui se termine, désespérée, au sol. Les danseurs et danseuses de l’Opéra de Paris ne brillent pas forcément en gala, exception pour ce soir où ils ont su faire honneur à leur compagnie.

Aurélie Dupont et Mathias Heymann - Raymonda

Aurélie Dupont et Mathias Heymann – Raymonda

Après Impératrice Aurélie, Reine Tamara… l’Apparition Evgenia. Pas vraiment dans La Bayadère, où la danseuse ne semblait pas encore complètement à l’aise, mais dans La Belle au bois dormantEvgenia Obraztsova y a fait une démonstration de danse académique, dans toute sa subtilité, son moelleux et sa musicalité. Chaque geste est chez elle un régal, un émerveillement. Je suis restée béate d’admiration durant ce pas de deux, avec déjà l’idée de lancer une pétition pour que La Belle parisienne de décembre prochain ne puisse pas se passer de cette danseuse.

Pour le reste du programme, le Ballet de Bordeaux a réussi une belle ouverture avec Petite Mort, et un passage de groupe bienvenu dans un ensemble de pas de deux. Maia Makhateli a une fois de plus montré sa forte personnalité scénique aux côtés de Remi Wörtmeyer pour Two pieces for Het, même si j’ai été moins sensible à la chorégraphique (et au costume masculin, un string noir sous une combi transparente, mes yeux en saignent encore). Iana Salenko  a montré une belle musicalité dans La Sylphide, tandis que Daria Vasnetsova avait des lignes magnifiques, mais semblait une Odette encore un peu verte. Le spectacle s’est terminé par un jeune couple tout feu tout flamme avec Le CorsaireAleksandra Timofeeva a fouetté comme jamais avec une facilité crâneuse, Vadim Muntagirov a enchaîné les manèges à couper le souffle de facilité. De la virtuosité pure et si bien faite, quel parfait dessert pour terminer la soirée.

Maia Makhateli et Remi-Wörtmeyer - Two pieces for Het.jpg

Maia Makhateli et Remi-Wörtmeyer – Two pieces for Het

L’appellation du gala Noureev & Friends n’était pas que pour la com’. Le gala a été agrémenté de quelques interviews-témoignages sur le danseur, comme celle de Mikhaïl Barychnikov, et d’un joli petit documentaire sur l’histoire de Rudolf Noureev. Dans la salle, de nombreux vip de la danse, souvent proches du danseur, émaillaient les sièges. Il a en fait juste été dommage de voir autant de places vides pour une telle affiche. Prix il est vrai élevés, concurrence du Mariinksy au Théâtre des Champs-Élysées, public parisien qui a perdu l’habitude de ces galas, les raisons sont sûrement multiples. Espérons que ce manque de remplissage ne découragera pas D&D Art Productions qui a organisé ce gala, je reprendrais bien une soirée comme celle-ci la saison  prochaine.

Commentaires (4)

  • steph

    Une soirée effectivement magnifique !
    Petite mort m’a vraiment enthousiasmée, tout autant que Manfred !
    Et la variation de la Belle au Bois dormant était également magnifique !
    Mais à vrai dire tout était de grande qualité !
    Je partage votre avis !
    Cela donne envie de voir d’autres galas, qui peuvent être tout aussi beaux et époustouflants que des ballets entiers !

    Répondre
  • Joelle

    Superbe soirée, c’est clair ! C’était super de découvrir tous les danseurs invités que l’on n’a pas souvent l’occasion de voir sur Paris !

    Répondre
  • Sissi

    J’ai également passé une superbe soirée. On n’a pas si souvent l’occasion de découvrir des danseurs d’autres compagnies. J’espère qu’il y aura d’autres galas sur Paris avec cette qualité. En revanche, le prix est réellement excessif, 75 € pour être complètement sur le côté… heureusement qu’il y avait des places libres !

    Répondre

Poster un commentaire