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Giselle – La Scala de Milan, Svetlana Zakharova et Friedemann Vogel

Giselle, c’est le ballet indémodable, universel. Celui qui, quand il est bien dansé, peut se voir et se revoir sans lassitude. Le ballet qui permet à chaque ballerine de s’emparer du rôle principal à sa manière, de le danser d’une façon différente, de montrer sa Giselle. Le spectacle que l’on a besoin de voir au moins une fois par an, sinon l’on est en manque.

Giselle - Svetlana Zakharova

Giselle – Svetlana Zakharova

Giselle fut l’un des premiers grands rôles de Svetlana Zakharova. Elle a dansé et redansé ce personnage sur toutes les scènes du monde. Autant dire qu’à 35 ans, l’Étoile connaît ce rôle plus que sur le bout des doigts, par chaque parcelle de son corps (et c’est quelque chose que l’on ne peut plus beaucoup voir à Paris, difficile de maîtriser à ce point une Odette quand Le Lac des Cygnes ne revient que tous les huit ans).

Chaque geste de la Giselle de Svetlana Zakharova est rempli de sens, de ponctuations, de précision. Si elle joue avec un profond naturel la jeune fille amoureuse, c’est pourtant dans le deuxième acte, que la ballerine prend toute sa dimension. Ce n’est plus qu’une question d’interprétation, mais aussi de style. C’est danser Giselle, mais aussi donner à voir un ballet romantique, avec ce que cela sous-entend comme état d’esprit. Il paraît que Giselle, ce n’est pas le grand rôle de Svetlana Zakharova. Ce n’est pas faux, mais quand une ballerine est à ce point au sommet de son art, tout devient vite relatif.

Giselle - Svetlana Zakharova et le Ballet de la Scala de Milan

Giselle – Svetlana Zakharova et le Ballet de la Scala de Milan

Loin de jouer les faire-valoir, Friedemann Vogel montre que son statut d’Étoile n’est pas uniquement lié à sa tête angélique. Technique brillante et comédien convaincant, il sait montrer les différentes facettes d’Albrecht. Le rôle du prince arrogant et dragueur lui va naturellement, mais c’est aussi dans le deuxième acte que le danseur montre toute sa valeur, émouvant dans la peau du jeune homme torturé de remords. Le couple accordé, le pas de deux du deuxième acte fut ainsi le temps fort du spectacle, véritable leçon de style, de cohésion et de musicalité (sisi, même sur la musique d’Adolphe Adam).

Le corps de ballet de la Scala de Milan, honnête au premier acte (avec malheureusement un couple de paysans qui ne faisait pas vraiment rêver), prit lui aussi une autre dimension au deuxième (décidément, ces actes blancs mettent tout le monde d’accord). Les Willis, ce n’est pas juste danser ensemble. Il faut créer comme un décor humain qui va donner toute son ambiance fantomatique et mystérieuse à la scène, ce qu’a très joliment réussi le Ballet de la Scala.

Seul regret pour cette Giselle : la salle du Palais des Congrès, qui ne se prête pas vraiment à la certaine intimité du ballet romantique.

Giselle - Ballet de la Scala de Milan

Giselle – Ballet de la Scala de Milan

 

Giselle Jean Coralli et Jules Perrot par la Scala de Milan, au Palais des Congrès de Paris. Avec Svetlana Zakharova (Giselle), Friedemann Vogel (Albrecht), Mick Zeni (Hilarion), Nicoletta Manni (Myrtha), Monica Vaglietti (la mère de Giselle), Vittoria Valerio et Walter Madau (pas de deux des paysans). Mercredi 4 février 2015.

 

Commentaires (2)

  • Totalement en phase avec vous, Amélie Bertrand. J’y étais le 4. Le couple de paysans, sans relief que c’en fut étonnant. La salle, toujours la même, froide (et pas remplie avec une distribution pareille). Svetlana sublime et Friedemann, superbe, dans l’expressivité et quelles envolées!

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