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La Fille aux cheveux blancs – Ballet de Shanghai

La Révolution culturelle chinoise n’avait autorité que huit oeuvres d’art. Dont seulement deux ballets : Le Détachement féminin rouge et La Fille aux cheveux blancs. Le Ballet de Shanghai a présenté ce dernier lors de sa tournée parisienne. Un ballet à voir pour ce qu’il est : une oeuvre de propagande qui n’a peut-être pas tout à fait perdu de son utilité pour le pays et qui fait intrinsèquement partie de l’histoire de la compagnie (quand vous n’avez que deux ballets à danser pendant dix ans, cela vous marque une génération).

La Fille aux cheveux blancs - Ballet de Shanghai

La Fille aux cheveux blancs – Ballet de Shanghai

Après les déferlements de drapeaux pourpres et des scènes de guerre du Détachement féminin rouge vu en septembre par le Ballet National de Chine, La Fille aux cheveux blancs peut presque sembler sobre. L’argument mêle une vieille légende chinoise et armée maoïste. Xi’er est tenue en esclavage par Huang Shiren, le despote local ami avec les Japonais (forcément). Elle parvient à s’enfuir dans la montagne où les conditions extrêmes rendent ses cheveux blancs. La croyant morte, son fiancé Wang s’engage dans l’armée. Les deux amoureux se retrouvent, la Fille aux cheveux blancs libère son peuple du joug grâce au détachement militaire, le soleil (rougeoyant) se lève sur une ère nouvelle de prospérité.

Même si la chorégraphie tend à ne pas être trop originale, on y retrouve une inspiration russe. Variations conquérantes pour les danseurs, danses de caractère bien agencées, fouettés pour la soliste ou sissonnes à la Don Quichotte. Quelques légers accents de Tchaïkovsky peuvent même se faire entendre au hasard des chants patriotiques chinois. Et au milieu de tout ça, Chenchen Li, l’interprète de Xi’er, aux très beaux bras lyriques et expressifs qui arrive à amener de la poésie dans cette oeuvre pour le moins caricaturale. L’ensemble de la troupe joue d’ailleurs le jeu, loin de le danser de façon automatique, chacun s’applique à raconter une histoire.

La Fille aux cheveux blancs - Ballet de Shanghai

La Fille aux cheveux blancs – Ballet de Shanghai

Dommage cependant que le corps de ballet soit un peu oublié dans cette oeuvre. Les danses de caractère, ce qui peut sembler le plus pittoresque ou exotique aux yeux du public européen, ne sont pas très présentes. Il faut souvent se contenter de pas de deux, solos ou pantomimes qui ont vécu. Le tout se regarde avec un intérêt poli, les interprètes sont très bons et n’en donnent pas l’impression d’être lassés. La question se pose tout de même sur l’intérêt de donner encore ces ballets, appartenant (presque) à une autre époque, même si la propagande de son contenu résonne encore aujourd’hui (les Méchants sont exécutés au pistolet, on ne plaisante pas avec le patriotisme). Le Ballet de Shanghai s’épanouit mieux tout de même dans A Sing of Love, présenté un peu plus tôt, le vrai marqueur pour le futur de la danse classique en Chine.

La Fille aux cheveux blancs - Ballet de Shanghai

La Fille aux cheveux blancs – Ballet de Shanghai

 

La Fille aux cheveux blancs de Rongrong Hu, Aidi Fu, Daihui Cheng et Yangyang Lin par le Ballet de Shanghai, au Palais des Sports. Avec Chenchen Li (Xi’er), Xiaofeng Fan (La Fille aux cheveux blancs), Husheng Wu (Wang Dachun) et Jie Gao (Huang Shiren). Mardi 18 mars 2014.

 

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