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Le Miroir de Jade, pièce dansée de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Sandrine Bonnaire retrouve les planches au Théâtre du Rond-Point avec Le Miroir de Jade, conçu avec son amie chorégraphe et metteuse en scène Raja Shakarna. Dans cette pièce dansée, la comédienne explore le langage du corps pour conter l’histoire de la renaissance d’une jeune femme, après un événement traumatisant. Un spectacle qui, malgré la sincérité du propos et l’intelligence de la mise en scène, laisse malheureusement plutôt froid, l’aspect dramaturgique comme la chorégraphie manquant de profondeur et d’intensité.

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

C’est en fin d’après-midi, à 18 h 30, que le public est convié dans l’intime salle Jean Tardieu, pour assister au Miroir de Jade. L’espace scénique, déjà peu vaste, y est réduit par des rideaux. Ceux d’abord, de matière plastique transparente, qui entourent Jade, interprétée par Sandrine Bonnaire. Alors que le reste du plateau est plongé dans le noir, elle est prostrée au sol, recroquevillée. Vêtue d’un large peignoir bordeaux, ses cheveux cachent entièrement son visage.

À droite et à gauche de cette prison ouverte, symbolisant son incapacité à entrer en relation avec le monde extérieur, se trouvent la percussioniste Yi-Ping Yang et le Kamantchiste Gaguik Mouradien. Ils sont derrière d’autres rideaux, noirs et opaques cette fois. Au son de leurs instruments, la comédienne joue, mime, en mouvements et sans paroles, toujours au sol et sans jamais laisser découvrir son visage, l’état post-traumatique d’un corps, d’un individu, en lutte pour survivre.

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade est un spectacle intime, conçu par deux amies d’enfance. Elles sont aussi un peu en miroir, puisque Raja Shakarna devenue professeure de danse orientale voulait être comédienne, tandis que Sandrine Bonnaire, aujourd’hui actrice reconnue, rêvait d’être danseuse. Leur volonté est de montrer comment, après un épisode traumatisant, coma, accident ou dépression, une femme puise en elle-même les ressources nécessaires à sa renaissance. Les deux artistes  mettent en commun leurs expériences – Sandrine Bonnaire a été victime d’une violente agression en 2000 qui l’a laissée brisée, physiquement comme mentalement, et lui a demandé un important travail de rééducation – comme leurs vocabulaires corporels.

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Dans cet exercice, l’actrice se révèle sincère et convaincante, tandis que la mise en scène imaginée par sa complice appuie leur propos avec intelligence. Outre les musiciens, deux jeunes femmes apparaissent par intermittence sur scène, celle que fut Jade avant le drame : une danseuse souriante, et l’amie qui souffre de ne parvenir à réellement la toucher et l’aider.

Tout au long de ce spectacle (presque) sans parole, le public voit Jade se débattre, puis se battre avec rage et courage, luttant contre ses démons intérieurs, ses angoisses, sa perte d’identité. Puis peu à peu, tandis que le rideau qui l’entravait part en lambeaux et qu’elle se redresse, retrouvant la maîtrise de son corps et sa féminité, il assiste à sa renaissance.

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Malheureusement, malgré tout l’intérêt du propos et l’implication évidente de ses deux créatrices, la pièce laisse assez froid. Si la profondeur du mal être initial de Jade est évidente, on ne comprend ni ne ressent les ressors de sa résurrection. La danse, d’une certaine élégance, qui se développe au fur et à mesure que l’état de l’héroïne s’améliore, peine à prendre corps, à émouvoir. Et laisse une impression d’inachevé.

Plus que la chorégraphie, c’est finalement le sourire immense et radieux de Sandrine Bonnaire lors des saluts qui, par son évident contraste avec les premières scènes, offre une image criante de vie retrouvée.

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

Le Miroir de Jade de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna

 

Le Miroir de Jade au Théâtre du Rond-Point. Conception et interprétation Sandrine Bonnaire. Conception, mise en scène et chorégraphie Raja Shakarna. Avec Pauline Bayle et Élisa Gomez. Création musicale et interprétation Gaguik Mouradian (kamantcha) et Yi-Ping Yang (percussions). Voix de Pauline Ahache, Aurélie Bernard, Clarisse Bernard, Luc Chareyron et Adeline Guillot. Mardi 10 mars 2015.

Autour du spectacle
Dimanche 22 mars à 19h45, salle Jean Tardieu, Sandrine Bonnaire donne rendez-vous au public à l’issue de la représentation pour répondre à toutes les questions et dévoiler les coulisses du spectacle.

 

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