Friday, Jun. 9, 2023

Le Parc – Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche

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20 décembre 2013

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Joliment dansé, gentiment décadent, pas forcément passionnant. Voilà les premiers mots qui me sont venus à l'esprit en revoyant Le Parc d'Angelin Preljocaj, pièce qui fête ses 20 ans.

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Inspiré par La Princesse de Clèves, le chorégraphe a voulu offrir au Ballet de l'Opéra de Paris une Carte du Tendre dansée. Une nuit, un jardin royal, quelques courtisans, une rencontre. La pièce en divise en trois actes, comme autant d'étapes amoureuses : la rencontre, la résistant et l'abandon, sur fond de Mozart. Quatre jardiniers sont chargés de jouer les Cupidon, incursion contemporaine aussi bien sur le geste que dans la musique. Le tout se situe dans un jardin contemporain d'inspiration Versailles, parfait clin d'oeil aux origines de la troupe.

Tout est absolument impeccablement dansé. Une dizaine de danseurs jouent aux chats et à la souris avec tout autant de danseuse, glamoureusement déguisées en garçons. Les prémisses de l'amour se dessinent comme dans une cours de récré. À écrire, cela semble presque sulfureux. À regarder, c'est très joli, mais pas vraiment emportant (le climax du coquin étant atteint par un smack sonore et gentillet entre deux hommes). Les interprètes savent parfaitement présenter leurs talons en avant, être gracieux en redingote ou faire de jolis saute-mouton sur leur chaise. Mais le tout a du mal à dépasser l'agréable. Il manque comme de la théâtralité, un grand frisson, et peut-être - même si c'est paradoxale - un peu moins de pure perfection. Cette vision de l'amour en paraît presque niaise (même s'il n'y a pas plus niais qu'un jeune couple d'amoureux, mais je ne suis pas sûre que cela soit l'effet voulu). Disons que l'on s'y ennuie vaguement et poliment, sans que cela soit franchement pénible.

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Le Parc n'est en effet pas désagréable à regarder. La chorégraphie gentiment (décidément c'est l'adjectif de ce spectacle) moderne d'Angelin Preljocaj a bien résisté au temps, la scénographie est très bien pensée et le tout a un certain charme. Il arrive même parfois quelques moments de grâce, quand les interprètes laissent tomber leur jolie danse pour tomber véritablement amoureux. C'est ainsi le deuxième pas de deux, celui de la résistante. Aurélie Dupont repousse de la tête Nicolas Le Riche qui ne comprend pas le refus. C'est une femme amoureuse mais dont la pudeur reste la plus forte. C'est fugace, mais c'est beau. Aurélie Dupont joue également merveilleusement l'abandon avec les quatre jardiniers, laissant peu à peu tomber ses carcans. Et elle s'envole littéralement dans le dernier pas de deux, beau à couper le souffle (même si on se demande s'il fallait vraiment 1h30 pour en arriver là).

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Le reste du temps, Aurélie Dupont joue un peu la belle froide, contrairement à Nicolas Le Riche passionné dès la première seconde. Le corps de ballet a choisi de suivre la première option. Je reste curieuse de voir ce que cela peut donner avec des interprètes plus dramatiques ou tragédiennes, comme Isabelle Ciaravola, et si le corps de ballet suit. Le spectacle pourrait changer radicalement de visage.

 

Le Parc d'Angelin Preljocaj, par le Ballet de l'Opéra de Paris, au Palais Garnier. Avec Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche. Mercredi 11 décembre 2013.

 

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Amélie Bertrand

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