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Les Etoiles du XXIe siècle, édition 2012

Dimanche 15 janvier 2012. Gala des Etoiles du XXIe siècle, au Théâtre des Champs Elysées.

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Dire que cette édition des Etoiles du XXIe siècle manquait de panache et de brillant n’est pas faux, mais un peu dur. Forcément, quand vos trois têtes d’affiche vous claquent entre les doigts, le casting n’est plus tout à fait le même. Le si beau couple Lucia Lacarra et Cyril Pierre a dû renoncer quelques jours avant. Le feu follet (et star de ce gala) Daniil Simkin s’est blessé au bout de la première représentation. L’affiche n’était plus la même, malgré les roues de secours de luxe de dernière minute.

Toutefois, si ce gala s’est révélé inégal, ce n’est pas tant de la faute des artistes que des pièces présentées. La moitié du spectacle était ainsi composé de duos néo-classiques au style vu et revu, sans grand intérêt ni émotion. L’engagement des danseur-se-s n’était pas en cause, plusieurs s’y sont même révélé-e-s plus à l’aise que dans du pur classique, mais ces pas de deux contemporains sont aussi vite vus qu’oubliés. L’idée d’ouvrir ces sortes de galas à des œuvres plus contemporaines n’est pas une mauvaise chose, mais il me semble qu’il y a dans le répertoire actuel largement plus intéressant que ce qui a été présenté ce week-end.

Tout de même, ce gala des Etoiles du XXIe siècle a eu ses beaux moments, et même d’enthousiasmantes découvertes.

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A commencer par le couple cubain Yolanda Correa et Yoel Carreño. Leur pas de deux d’Esmeralda fut tout simplement formidable et brillant, ce furent bien eux les étoiles de la soirée. Yoel Carreño en a mis bien sûr plein la vue en bondissant de tous les côtés, mais c’est surtout Yolanda Correa que j’ai apprécié. Sa variation est un petit régal de virtuosité et d’une certaine élégance, sans jamais tomber dans la démonstration et la jambe à l’oreille lors de la dernière diagonales.

Deuxième bonne surprise, Davit Galstyan, soliste du Ballet du Capitole de Toulouse. Il s’est livré à deux variations très différentes, montrant de grandes qualités d’interprète. D’abord, chapeau pour le culot de reprendre Les Bourgeois, chasse gardée de Daniil Simkin dans ce gala. Ce solo n’est pas d’un fol intérêt, trop démonstratif à mon goût, mais Davit Galstyan a su y mettre beaucoup de personnalité sans tomber dans la caricature.

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Sa variation de l’Idole de Bronze issue de La Bayadère était également brillante avec beaucoup de style, même si je mets un hola sur le costume (composé en tout et pour tout d’un string, il faut parfois savoir dire stop). Davit Galstyan n’est “que” soliste au Ballet du Capitole ? Je me demande quel est le niveau des quatre étoiles.

Le duo Fanfare LX entre Elisa Carrillo Cabrera et le nouveau sauveur de Paris Evan McKie fut également plutôt réussi, et le seul passage néo-classique que j’ai véritablement apprécié. La gestuelle désarticulée et poussée à l’extrême, comme les costumes shorty, rappellent inexorablement le style de McGregor. Si la chorégraphie n’est pas d’une originalité folle, elle convient très bien à ces deux artistes, dont les qualités physiques et un certain charisme se plient parfaitement à ce genre d’exercice.

Le quatrième bon point fut plutôt une révélation à suivre, en la personne d’Alys Shee. Tout n’était pas parfait dans son Grand Pas Classique, le haut du corps était sec et manquait de style. Mais quelle assurance pour ses 17 ans ! Des doubles fouettés, des relevés sur pointes à la chaîne, des manèges à toute vitesse ? Pffff, trop facile. J’aime ce genre de personnalités, qui n’ont pas peur, qui ne s’excusent pas d’être là. C’est comme ça que la technique est transcendée. Et le panache qu’Alys Shee a montré dans le final augurait de belles soirées à venir.

Son partenaire Mikhail Kaniskin semblait plus vert, mais il s’est globalement sorti honorablement de ce difficile exercice.

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Yana Salenko
et Marian Walter donnèrent un honorable Cygne Noir, sans que j’y garde un grand souvenir. Mais leur pas de deux contemporain Elegie der Herzen fut bien applaudi. Aleszja Popova et Máté Bakó, du Ballet de Hongrie, firent l’impasse sur Le Corsaire, et passèrent plutôt inaperçu. Lali Kandelaki et Vasil Akhmeteli, du Ballet de l’Opéra de Tbilissi, ont montré un beau lyrisme dans leur duo contemporain Sagalobelipas Pas de deux. Mais leur Don Quichotte, trop en force et pas très propre, resta décevant.

Commentaires (5)

  • “iil faut parfois savoir dire top” ? oh le petit lapsus tout mignon !

    Pour ma culture générale, qu’entends-tu par un “haut du corps qui manque de style ?”

    Merci pour ce très chouette compte-rendu, de plus illustré 🙂

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  • petitvoile

    Gala bien décevant avec des danseurs certes invités pour leur côté “gym performance” à plaire aux foules, mais tout de même ! Le Grand Pas classique créé pour Chauviré dont on ne reconnaissait plus la chorégraphie réarrangée et sans un sou de sens musical dans les bras, au secours la danse classique ! Les blessés ont bien manqué…

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  • elendae

    J’en retiens à peu près la même chose que toi, si ce n’est que j’ai eu la chance de voir Daniil Simkin, qui était un peu hors compétition au sein de ce gala.
    17 ans Alys Shee ? ouhla, je ne savais pas ! oui alors, elle promet la petite…

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  • @ Klari : Je suis une spécialiste de ce genre de lapsus 😉 Concernant ce “manque de style”, je tente une explication, qui est toute personnelle. La danse se décompose en mouvements codifiées : bras en première en cinquième… Pour moi, ce qui fait la différence de style, c’est toutes ces petites choses que l’on rajoute au mouvement. Dans un ballet romantique, les bras sont plus arrondis, il y a un placement du haut du corps spécifique dans Giselle… Les positions sont les mêmes, et pourtant dansées différemment.

    Pour moi, Alys Shee faisait les positions de bras, première, cinquième, mais il n’y avait pas ce petit plus qui différencie cette variation des autres pas de deux. Il faut une sorte de moelleux, de finesse dans les bras, plus de musicalité aussi, quelque chose de plus vivant. (oups, pas très clair tout ça).

    @ Alys Shee n’est pas celle qui m’a le plus dérangée, mais je vous retrouve sur la conclusion.

    @Elendae : Daniil Simkin, c’est un peu particulier, mais c’est vrai qu’il laisse bouche bée.

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  • Au contraire, c’est limpide ! Ou tu as tout simplement choisi des mots qui me parlent.
    (je remplace certains de ces mots par des termes musicaux (phrasé, note, etc) et hop, me voici en terrain connu.

    Merci d’avoir pris le temps de rédiger ces explications ! Du coup, je reviendrai faire appel à tes lumières – mais pas à chaque fois, ne t’inquiète pas.

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