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Les pénibles Désirs du Ballet de Lorraine

En sortant du Théâtre de Chaillot ce mercredi 23 mars, je me suis faite la réflexion que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas passé une aussi mauvaise soirée avec de la danse. 

Je suis plutôt bonne spectatrice. Il suffit de pas de grand chose, une belle énergie, une interprétation personnelle, pour que mon indulgence prenne le pas sur mon côté “criarde de rue” (sic un mail charmant reçu au cours de la même soirée). Même si un ballet contemporain m’ennuie, je veux bien lui reconnaître une profondeur et de la qualité, après tout, chacun ses goûts.

Mais décidément, je n’ai rien trouvé à sauver de cette soirée Désirs du Ballet de Lorraine. La danse n’était, il faut le dire, pas vraiment présente durant ces presque deux heures de spectacle. Les danseur-se-s ont beaucoup marché, ont beaucoup parlé, on beaucoup levé les bras et tourné sur eux/elles-mêmes. Mais danser, pas vraiment.

L’idée était pourtant bonne. Alors que le Théâtre de Chaillot est en plein trip chorégraphes africain-e-s, le Ballet de Lorraine propose Désirs, une soirée avec trois créations d’artistes venant des quatre coins de l’Afrique : Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou de Tunisie, Boyzie d’Afrique du Sud et Salia Sanou et Seydou Boro du Burkina Faso. Trois voyages différents sur ce continent, trois découvertes chorégraphique, trois nouvelles façons de danser pour les artistes du Ballet de Lorraine. Au final, trois ballets bien creux et bien prétentieux.

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Un des sens du couple tunisien commençait mal la soirée. Un rideau blanc, devant la scène, et les danseur-se-s qui marchent derrière. Pendant 20 minutes. 20 minutes à regarder des ombres, un spot aveuglant dans les yeux. J’aime mon confort de spectatrice, une musique trop forte ou un éclairage trop violent peuvent vite me mettre de mauvaise humeur. Le rideau blanc tombe, mais pas de miracle. Les danseur-se-s tournent cette fois-ci sur eux/elles-mêmes. Pendant 15 minutes. 15 minutes à regarder des gens tourner. Le tout avec une musique d’Eric Aldéa et Yvan Chiossone sans aucun intérêt. Mes voisines de derrière ont craqué et sont parties à ce moment-là. Dommage, elles ont raté les cinq minutes de danse du ballet, qui commençaient juste après. Applaudissements mous pendant les saluts. 

Deuxième ballet, Crossworlds puzzles du Sud-Africain. Une petite dizaine de danseur-se-s, des chaises, et des portants plein de vêtements. Mission : retomber en enfance. Les artistes se déguisent, jouent à l’élastique ou à Jacques a dit (avec un formidable hommage à Christophe Willem que je pense avoir été la seule à avoir remarqué dans la salle). Puis vient l’adolescence, à savoir secouer ses cheveux sur une musique rock et dire des textes de rebelles (les familles royales, c’est nul). Le reste, je n’ai pas bien suivi. Il y a eu une longue partie parlée, j’avoue avoir pensé totalement à autre chose. Les hués se font cette fois-ci clairement entendre.

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Troisième ballet, Fïlaa, des deux burkinabès. Les gens commencent à partir, je reste. Je veux toujours donner son ultime chance au spectacle, et veut croire à l’étincelle de génie qui débarque dans les cinq dernières minutes. Et j’y ai presque cru avec l’arrivée de deux musiciens sur scène. Enfin de la musique live. J’aime tout de suite leur énergie et celle du couple de danseur-se. Je commence à battre la mesure… avant d’arrêter mon pied bien rapidement. Car il n’y aura rien d’autre. La troupe danse pendant 20 minutes une chorégraphie d’inspiration africaine. ce qui aurait pu être bien si le tout n’avait pas été aussi vain. C’est très pauvre, toujours pareil. La classe intermédiaire de cours de danse africaine du jeudi soir du centre Rick Odums n’aurait pas fait mieux (ou pire).

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Heureusement que je n’ai pas dit au Ministre de venir“, chuchote ma voisine de droite en fin de soirée. En effet, si c’est sur ce genre de soirée qu’il décidé des subventions à accorder à la danse, c’est mal barré. Peu d’applaudissement, seule une personne debout au quatrième rang qui crie au génie. Je ne traîne pas pour ma part.

© Photos : Bernard Prudhomme

Désirs du Ballet de Lorraine, jusqu’au 26 mars au Théâtre de Chaillot (toute expérience est bonne à prendre).

Commentaires (11)

  • et bien et bien!! Voilà qui rassure de ne pas avoir pris de place!! j’avoue que je n’ai rien contre le contemporain mais pour moi il faut que ça danse!!
    Je suis comme toi, plutôt bon public. J’essaye de voir du positif même dans une oeuvre moyenne mais quand je lis ta description des ballets, il y a effectivement de quoi être découragé!!

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  • elendae

    “criarde de rue” ?!? 😆 Il y a des gens vraiment très, très, très susceptibles…et puis si on ne peut plus donner son avis via un blog personnel c’est quand même grave…

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  • gaby

    – Je valide complètement cet article …. Ces pièces sont sans interets , sans fonds et surtout sans chorégraphie…. Je tiens quand meme à soutenir les danseurs qui ont dus supporter ça . Travailler des semaines avec ces “chorégraphes” pour un résultat pareil et devoir ensuite le présenter sur scène , il faut du courage . Heureusement que le ridicule ne tue pas …

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  • @Cams : Et c’est en plus rare quand il n’y a vraiment rien à sauver ! Même La petite danseuse de Degas avai trouvé grâce à mes yeux le temps d’une scène.

    @Elendae : Mieux vaut en rire 😉

    @Gaby : La troupe avait l’air plutôt investie sur scène… ou alors ils/elles ont beaucoup pris sur eux/elles.

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  • Marie-Charlotte

    Mon Dieu, j’ai déjà vu l’équivalent en théâtre, c’est à dire avec des gens qui ne parlaient pas pendant de longues minutes…mais comment peut-on sérieusement se proclamer artiste et pis que tout, danseur, avec de telles horreurs?

    J’ai bien aimé l’illuminé du 4e rang qui criait au génie, il a dû voir des choses invisibles pour le profane, la Vierge peut être?

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  • Charlotte

    Et dire que Didier DESCHAMPS, actuel directeur artistique du ballet de Lorraine, va être directeur artistique de Chaillot pour la danse à partir de l’année prochaine… ça promet …!!!! Nous avons quand même apprécié l’engagement des danseurs dans des pièces vraiment pas faciles à défendre .

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  • gaby

    Chère Marie-Charlotte . Les danseurs n’ont fait qu’éxécuter ce qui leur a été proposé par les chorégraphes . Ils ne sont en aucun cas résponsable des choix artistiques du directeur et du fiasco des pièces qu’ils interprètent . Ils ont fait leur boulot et essayé de sauver la misère , mais ce n’était pas gagné vu ce qui leur était présenté . Ces danseurs sont des artistes , vous devriez les voir dans un autre répertoire .

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  • gaby

    Chère Charlotte . En effet , si vous êtes une habituée de Chaillot et que vous aimez la danse , vous avez du soucis à vous faire … Et pourtant , ce ne sont pas les bons chorégraphes qui manquent de nos jours .

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  • Un des Danseur

    Je ne remets pas en cause vos gouts ou le faites que vous n’aimiez pas le spectacle je trouve juste votre article peu honnête et facile voir petit je pense donc qu’un minimum d’honnêteté ne vous ferai pas de mal, surtout dans la description de chacune des pièces…..

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  • @Marie-Charlotte : Lol, comme disent les djeunes, pour la chute 😉

    @Charlotte : je n’avais pas pensé à ça, en effet… Surtout que j’aime bien globalement la programmation de Chaillot, et j’y passe en général de bonne soirée.

    @Gaby : c’est la première fois que je voyais cette troupe danser, et c’est vrai que j’ai été frustrée, car on sentait un groupe de qualité.

    @Un des danseurs : Je comprends que vous n’appréciez pas cet article, mais très sincèrement, ce billet est tout de qu’il y a de plus honnête. C’est vraiment ce que j’ai ressenti durant le spectacle, ni plus ni moins. Après, il ne s’agit que de mon avis, et il y en a autant de différents que de spectateur-rice-s dans la salle. Quant à la description des ballets, le but n’était pas de les décrire minutieusement. ce sont les images qui me sont restées, qui me sont venues spontanément à l’esprit, et qui ressortent encore une fois uniquement de ma subjectivité.

    Dans un temps lointain où je chantais en choeur, on a plusieurs fois été amené à travailler sur des créations, dans un style très très contemporain. Pour le public, c’était parfois dur, “une torture pour les oreilles” m’avait sorti quelqu’un. Mais nous chanteur-se-s, nous avions eu le temps d’apprivoiser l’oeuvre, de la travailler pendant deux mois, de se plonger dedans, et nous prenions vraiment plaisir à la chanter. Peut-être s’agit-il de la même chose.

    Vous êtes le bienvenu en tout cas si vous voulez nous expliquer plus en détail le sens de ces pièces et le travail des chorégraphes.

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  • Marie-Charlotte

    @gaby : Autant pour moi Gaby, je voulais écrire “chorégraphe” et pas “danseur” car il est évident qu’ils n’y sont pour rien…:)

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