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Mamela Nyamza et les Kids de Soweto – rencontre perdue

La transition des danses de rue à la scène est toujours délicate. Comment garder cette énergie et ce sens de l’impro dans le cadre institutionnel d’un théâtre ? Comment donner un fil conducteur sans perdre l’instinct de départ ? Le pari est difficile, et dans le cas du spectacle Mamela Nyamza et les Kids de Soweto, pas vraiment relevé.

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Le Soweto’s Finest est un groupe composé de cinq jeunes danseurs de sbuja, mix de hip-hop et de danse africaine expressive. Ils ont l’énergie de la jeunesse, du groupe qui vit de la débrouille et de la danse de rue. Pour la première fois, ils se produisent hors Afrique du Sud, et se sont entourés pour l’occasion de la chorégraphe Mamela Nyamza. Le point de départ sur scène commence comme chez eux. Ils se retrouvent, enfilent leurs baskets et montent le son. L’un montre  un pas, les autres suivent, apprennent, transforment. Ça saute et ça bouge bien, le mixte entre hip hop et zoulou fonctionne d’une séduisante façon. L’ambiance monte sur le plateau, les cinq boys aiment faire le show, s’amuser, se lancer quelques blagues et draguer le public.

Mais l’élan est coupé par l’arrivée de Mamela Nyamza, étrange tigresse en combi noir, qui aimerait bien prendre une place à côté d’eux. L’idée est pourtant intéressante : une chorégraphe – une femme qui plus est dans ce groupe de potes virils – veut se joindre à eux, mélanger leurs styles. Dommage que Mamela Nyamza, au lieu de rester dans la danse pure, soit partie dans une veine théatreux-branchouille, rappelant vaguement un cours d’expression corporelle raté. Non seulement le talent des Kids n’est pas utilisé, mais leur énergie est cassée, leur style ne transparaît plus. L’alchimie ne fonctionne pas, dans les deux sens. Le cadre instauré les bloque plus qu’autre chose.

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Il faut attendre le final pour que les garçons retrouvent leur rythmique et leur joie de danse, totalement contaminante. Les Kids de Soweto sont naturellement des danseurs que l’on a envie de voir réussir. C’est un flow souple et rythmé, des visages très expressifs, une danse jeune – un peu brouillonne parfois, un peu bordélique – mais éminemment charmeuse. Tant pis pour la rencontre ratée avec Mamela Nyamza. Le Soweto’s Finest sera par contre de retour en France, seul cette fois-ci, à Suresnes cités danse en janvier 2014.

 

Mamela Nyamza et les Kids de Soweto de Mamela Nyamza et Thomas Bongani Gumede, au musée du quai Branly. Avec Mamela Nyamza, Thomas Bongani Gumede, Neo Chokoe, Thabang Hendrick Mabiletsa, Njabulo Mahlaba et Kagiso Mashiane. Mardi 2 octobre 2013 (répétition générale).  

Commentaires (3)

  • Strapontine

    On a dû se croiser…
    Eh oui, c’était raté ! J’ai trouvé en effet que le meilleur moment était le final, quand Mamela sort de scène et que les garçons peuvent se lâcher, une sorte de rappel qui a conquis le public. Ces garçons sont heureux d’être là, ça se voit ! Mais je n’ai pas du tout compris le propos du spectacle, Mamela Nyamza était en effet de trop. Toutefois je ne sais pas non plus si un spectacle avec les seuls Kids m’auraient plu… Ils dansent pour le plaisir mais y a-t-il un sens au-delà ? Il faudra être à Suresnes pour le savoir.

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  • JFM

    Très juste,une énergie incroyable dès le début, on s’attend à ce que Mamela Nyamza canalise ce joyeux bordel mais non, la sauce ne prend jamais et sa présence devient gênante assez rapidement. Dommage car, pour rejoindre strapontine, ça manque d’une structure, d’un propos et, je trouve, d’un réelle rencontre avec d’autres styles de danse ou d’autres univers.

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