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Micro, concert danso-rock par Pierre Rigal

Mardi 13 novembre 2012. Micro de Pierre Rigal, au Théâtre du Rond-Point. Avec Mélanie Chartreux, Malik Djoudi, Gwenaël Drapeau, Julien Lepreux et Pierre Rigal.

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Voilà un spectacle auquel je ne m’attendais pas. Ou plutôt disons qu’Asphalte, seule pièce de Pierre Rigal que je connaissais, ne me laissait pas présager de Micro. Asphalte était un jeu acrobatique sur le hip hop. Un style chorégraphique séduisant mais une forme des plus classiques : des danseurs sur scène, qui dansent, des saynètes, pour le coup ça ne révolutionnait pas le genre (même si la danse en elle-même était intéressante). Micro, c’est un peu l’inverse : la danse mise en second plan derrière une forme déstructurée, une sorte d’hapenning musicale un peu foutraque.

Il n’est pas écrit dans sa biographie que Pierre Rigal est un fan de rock, mais Micro le prouve. Cette pièce est un hommage à cette musique et à ses musiciens, qui prend au début un drôle de ton décalé. Le chorégraphe a étudié de près les rockeurs sur scène, leurs gestuelles, leurs attitudes, et s’amuse d’abord à les retranscrire dans une forme non dénuée d’ironie. Mais un hommage au rock sans rock, ce n’est pas possible. Très vite, la pièce se transforme donc en concert, qui se regarde autant qu’il s’entend, où chacun est à la fois danseur et chanteur. Place au rock, à la sueur, aux fumigènes et aux riff bien sentis.

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Sur scène, trois musiciens et une musicienne à tout faire. Ils décortiquent leurs instruments, et s’éclatent à en jouer autrement, à l’envers ou sans les main. Et au milieu, il y a le danseur. D’abord curieux, il va petit à petit se fondre dans le groupe, rejoindre leur jeu, pour finalement devenir leur chef d’orchestre et les dominer. A moins que la musique ne reste maîtresse de la situation ? Même les amplis éteints et les musiciens écroulés, elle ne peut pas se contenir et ressort par une vocalise ou un écho. Bien avant la danse, la musique est ainsi la reine de cette pièce (la partition est en passant formidable). D’ailleurs Micro n’est pas une pièce de danse au sens strict du mot, mais plutôt une performance musicale. Bien plus que la chorégraphie, c’est ainsi l’expérience des sons qui est passionnante, ou comment faire de la musique autrement, avec juste un corps et un micro.

Au-delà de ces recherches physiques, Micro est aussi indéniablement un hommage au rock, et les amateurs du genre s’amuseront de toutes les références glissées aux légendes. Peut-être y a-t-il aussi un peu de nostalgie, du temps où les rockeurs restaient instinctifs sur scène, à l’heure où le moindre show est réglé à la seconde près. Il doit y avoir beaucoup de souvenirs d’adolescences, ce moment où chacun se rêve, au fond de sa chambre, en rock-star faisant vibrer les foules. L’énergie de ces groupes des années 70 est là, et l’on en ressort un peu sonné. Ou vite fatigué pour ceux et celles pas vraiment fan des guitares électriques énervées, surtout que la pièce n’échappe pas à une certaine redondance.

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Micro
marque le lancement d’un cycle Pierre Rigal, qui se déroule jusqu’au 1er décembre. Démarrer ce festival par la pièce du chorégraphe où il y a peut-être le moins de danse peut sembler bizarre, mais cela reste une belle porte d’entrée sur son imaginaire. Il serait en tout cas dommage de s’en contenter.

Micro de Pierre Rigal jusqu’au 1er décembre au Théâtre du Rond-Point, dans le cadre du festival Rigal dans tous les sens.

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