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Murmures des murs – Aurélia Thierrée

Dans la famille Thierrée-Chaplin, tout le monde connait les parents Victoria et Jean-Baptiste et leur Cirque invisible, ou les spectacles hors-normes du fils James. La fille Aurélia se faisait plus discrète, travaillant en troupe. Son deuxième spectacle Murmures des murs (le premier L’Oratorio d’Aurélia date de 2003) n’est pourtant pas ordinaire. Inclassable et poétique comme tout ce que touche la famille Thierrée-Chaplin, mais très personnel et unique en son genre, Murmures des murs est un petit bijou d’ovni.

Murmures des murs

Murmures des murs

Acrobate ? Danseuse, Actrice ? Aurélia Thierrée se refuse à entrer dans une case. Son spectacle aussi. C’est un mélange de cirque et d’illusion, de théâtre et de poésie. Préparé en famille (Victoria Thierrée-Chaplin signe la conception et la mise en scène), Murmures des murs prend comme appui la maison : un appartement en plein déménagement et qui s’écroule, une bouche d’aération, des immeubles italiens, une chambre… À partir de là, tout est possible, bienvenue dans un autre monde.

Chaque saynète se crée un univers, du doux duo poétique à la créature inquiétante. Plus d’une fois le spectacle est véritablement angoissant, comme quand un monstre de papier-bulle avale l’actrice, ou qu’un homme-crapaud se fait geôlier. Aurélia Thierrée y semble extérioriser des peurs enfantines ou refléter la solitude de nos appartements d’aujourd’hui. Mais plus d’une fois aussi le spectacle se fait d’une grande tendresse, une danse de couple, des retrouvailles, quand cela ne tombe pas dans le vrai burlesque où l’impromptu fait rire.

Murmures des murs

Murmures des murs

En véritable enfant du cirque, Aurélia Thierrée vit aussi bien sur terre que dans les airs. C’est tout aussi naturellement qu’elle escalade des fenêtres, se balance à un fil à linge ou part par la cheminée. Cette grâce et cette sensation d’échapper à la pesanteur renforce cette impression d’ailleurs. Les décors jouent aussi des illusions. L’actrice disparaît sous un carton et réapparaît immédiatement dans un autre, les meubles s’animent, les murs sont mouvants, l’ombre et la lumière font des tours de magie. Ici, de la simple chaise au jeu d’acteur-rice, tout est utilisé pour créer un autre univers.

Néanmoins, Murmures des murs n’échappe pas à un défaut qui intervient souvent dans ces spectacles à multiples saynètes : l’effet zapette. Les univers s’enchainent parfois un peu trop vite, sans être approfondis. Certaines idées auraient mérité d’être poussées plus loin, plus longtemps, pour ne pas rester qu’au stade de l’anecdotique. Je pense ainsi à son doux numéro d’acrobatie aérienne sur un fil à linge, s’entremêlant dans des vêtements qui sèchent au soleil. Ou ce si tendre tango, sûrement l’un des plus moments du spectacle, qui se danse aussi bien sur une table que dans les airs. Un moment de poésie que j’aurais aimé voir se prolonger indéfiniment.

Murmures des murs

Murmures des murs

 

Murmures des murs  de Victoria Thierrée-Chaplin au Théâtre du Rond-Point. Avec Aurélia Thierrée, Jaime Martinez et Antonin Maurel. Lundi 4 mai 2015.

 

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