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Pendant la bataille…

Mercredi 18 janvier 2012. Après la bataille de Pippo Delbono, au Théâtre du Rond-Point. Avec Alexander Balanescu, Dolly Albertin, Gianluca Ballarè, Bobò, Ilaria Distante, Simone Goggiano, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Mariga Maggipinto, Julia Morawietz, Gianni Parenti, Pepe Robledo et Grazia Spinella.

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Si un-e balletomane avait pris une place pour aller voir la pièce Après la bataille, soyons honnête, c’était plus probablement pour voir Marie-Agnès Gillot que pour découvrir le metteur en scène italien Pippo Delbono. Mais Marie-Agnès Gillot s’est faite porter pâle, et l’homme de théâtre transalpin vaut bien à lui seul le déplacement.

Après la bataille dit le titre ? Nous sommes plutôt en pleine guerre, Pippo Delbono contre le reste du monde. Pendant deux heures, il raconte ce contre quoi il se bat : Silvio Berlusconi en général, et la dégradation de la culture en Italie en particulier. La faim en Afrique et le sort des sans-papiers, comme tout bon révolutionnaire du XXIe siècle. La mort de Pina Bausch aussi, dont le metteur en scène était plus qu’attaché.

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Et puis comme il y a aussi des occasions d’être heureux, Pippo Delbono livre quelques coups de cœur au milieu de toutes ses révoltes : les pastas et sa mère, c’est un Italien. Et surtout Bobò, un  trisomique enfermé 50 ans dans un asile, devenu un ami, comédien dans cette pièce et qui a changé la vie du metteur en scène.

A décrire comme ça, cela semble un grand fourre-tout sans queue ni tête. Pas faux, mais pas moins sincère pour autant. Pippo Delbono est là pour se raconter. Pendant deux heures, il prend le micro, et raconte à la foule. Il parle en italien ou en français, lit des extraits de ses livres préférés et a la voix qui s’altère quand le sujet lui tient trop à cœur. Il apostrophe le public, danse avec une jeune demoiselle et court sur la scène, mouillant la chemise au sens propre.

Ses acteurs et actrices apparaissent et disparaissent sur scène au gré des moments. Ils-elles illustrent le propos ou y apportant une pause, en jouant des saynètes souvent absurdes, quelques fois drôles ou cyniques, de temps en temps de trop.

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Les colères de Pippo Delbono semblent parfois un peu vaines. Oui, la faim dans le monde, les sans-papiers, quelle tristesse. On le préfère évoquant Pina Bausch avec quelques danseuses en robe rouge, ou narrant avec un humour plutôt irrésistible ses batailles pour monter un opéra dans l’Italie de Silvio Berlusconi.

Quant à l’absence de Marie-Agnès Gillot, elle se fait sentir uniquement parce que l’on s’attendait à la voir. Par deux fois, il y a un cygne blanc dans le spectacle. Imaginer ses long bras-ailes ou son corps qui se ploie sous la musque provoquent forcément un petit pincement de regrets.

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Dopo la battaglia (Après la bataille) de Pippo Delbono, au Théâtre du Rond-Point de Paris jusqu’au 29 janvier 2012.

Commentaires (2)

  • Diony

    En effet, l’absence de Marie-Agnès Gillot ne se fait sentir que parce qu’elle est attendue… j’ai donc pu me remettre facilement 😀
    Pippo Delbono est fidèle à lui-même. Tout de même moins provocateur que “La Menzogna”, dernier spectacle joué au Rond Point (je me souviens encore des hurlements -littéralement- des personnes choquées dans la salle, qui avait fini aux 3/4 vide), “Dopo la Bataglia” nous fait passer un moment intense, étrange et onirique. Détesté par les uns, qui adorent quand même venir le critiquer, adulé par les autres (2/3 des spectateurs debout à la fin), Pippo reste un ovni dans le milieu…
    Petite rectification si vous me le permettez, Gianluca Ballarè est le comédien atteint de trisomie. Bobo, à qui est dédié le spectacle, est l’homme qui a passé 50 ans dans un asile, pour être… sourd et muet et un peu simplet ! D’où la révolte de P. Delbono. Si “La Menzogna” avait autant choqué, c’est en partie parce que Gianluca était nu sur scène pendant la quasi totalité du spectacle, ce que certains avaient qualifié de voyeurisme…
    Je vais m’arrêter là car pour un commentaire, c’est fichtrement long….

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  • @Diony:Merci de la précision, je n’avais en effet pas saisi qu’il s’agissait de deux personnes différentes. Surtout qu’il m’a semblé que Pippo l’appellait “Bobo” à un moment (pour l’inciter à monter sur scène, lorsqu’un film sur sa mère est projeté). Et un commentaire n’est jamais trop long quand il est intéressant comme le votre. 😉

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