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Quatre (plus ou moins) drôles de Mecs sur scène

Samedi 15 septembre. Les Drôles de Mecs au Théâtre Dejazet.

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Les émissions de télé-crochet, type Incroyable Talent ou La Meilleure Danse, ont révélé un style de danse en vogue : le hip hop humoristique. Fini le cliché du danseur hip hop casquette à l’envers et regard de gros dur, ce dernier peut aussi jouer sur la corde du rire, de l’imitation et de l’auto-dérision. Le tout se fait en général en groupe, alternant des micro-sketchs de 30 secondes posés sur une bande-son mêlant tubes du moment et onomatopées.

Par cette introduction, j’ai en fait bien résumé le dernier spectacle des Drôles de Mecs, un groupe de quatre jeunes danseurs dans le vent passés du parvis du Trocadéo à Avignon, et maintenant en tête d’affiche au Théâtre Dejazet à Paris. Pas de surprise sur la forme, et pourtant les DDM (leur petit surnom) ne manquent pas d’imagination.

Pendant un peu plus d’une heure, ces quatre-là se démènent sur scène avec une envie : que le public rit, et surtout ne se lasse pas. Ils enchaînent donc, les figures de hip hop et les imitations, les mini-sketchs et autres parodies. Ils dansent, il s’amusent, et ils sont bien dans leur époque : les séries TV, les jeux vidéos ou les grands classiques du cinéma sont leur principales sources d’inspiration, voilà un bel échantillon de la culture d’un ado grandi dans les années 1990.

Côté technique, il n’y a franchement rien à redire. Leur danse a la bonne énergie, à la fois impressionnante et propre dans l’exécution, fluide et nerveuse, le hip hop comme on l’aime. Le travail fait sur la musique est également bluffant. ici, c’est une partie indispensable du show, la bande-son est véritablement la cinquième personne de chaque sketch. Si le danseur est mal placé sur la musique, l’effet est cassé. Mais pas de ça chez les DDM, qui ont visiblement rôdé leur show.

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Il est donc d’autant plus dommage que ces quatre vrais bons danseurs ne soient pas épaulés par une écriture à leur hauteur. Parce que  oui, il faut bien un “mais”, sinon ce n’est pas drôle. Les Drôles de Mecs ont visiblement un seul souci en tête, celui que leur (très) (jeune) public ne s’ennuie pas une seconde. Leur seul remède trouvé est de changer de sujet toutes les 20 à 30 secondes. Et L’effet zapette a comme défaut, outre de me fatiguer passablement au bout de 25 minutes, de gâcher les bonnes idées.

Parce qu’il y en a durant le spectacles, des moments où l’on rit franchement, où l’on se dit que c’est vraiment bien vu, et où l’on pousse des petits cris d’exclamation en se souvenant de nos 90’s. Alors pourquoi ne pas pousser un peu plus ces trouvailles efficaces, en écrivant une véritable histoire autour ? Au bout de 20 secondes, voilà que l’on passe à autre chose. Je n’ai pas compté, mais à vue de nez, il doit bien y avoir 150 personnages durant tout le spectacle. Statistiquement parlant, il ne peut pas y avoir 150 idées fortes. Alors les bonnes idées sont noyées dans la masse des moins bonnes, et l’on doit se contenter de jouer à saute-mouton entre les imitations (surtout que l’effet zapette a comme autre défaut de s’accompagner le plus souvent d’un cruel manque de fil conducteur).

On a en fait un peu l’impression que le groupe s’est contenté d’adapter ses performances de rues à une scène de théâtre, sans vraiment jouer sur la notion de spectacle. Sur le trottoir, il fait sans cesse attirer le regard, chopper un-e passant-e et lutter pour avoir un public attentif. Du calme les gars, dans une salle, les gens ont payé leur place, et a priori ils ne vont pas partir au milieu (sauf si le spectacle se contente d’une course en cercle sur scène, mais toujours a priori, ce n’est pas votre cas).

Ceci-dit, c’est peut-être moi qui vieillit. Peut-être qu’il y a une date de péremption au spectacle zapette. Parce que le reste du public avait franchement l’air de bien s’amuser. Standing ovation, du rire tout le temps et une salle debout au final sans aucune difficulté. Vos ados devraient apprécier.

Les DDM jusqu’au 12 novembre, tous les lundi à 20h00 au Théâtre Dejazet.

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