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Rian de Michael Keegan-Dolan, sur un air irlandais

Rian de Michael Keegan-Dolan, par la troupe Fabulous Beast, au Théâtre des Abbesses. Avec Saju Hari, Anna Kaszuba, Saku Koistinen, Louise Mochia, Emmanuel Obeya, Keir Patrick, Ino Ringa et Louise Tanoto. Sur la musique de Liam Ó Maonlaí, joué par Cormac Ó’Beaglaoich, Peter O’Toole, Eithne Ní Chatháin, Maitiú Ó Casaide et Liam Ó Maonlaí. Mardi 16 avril 2013.

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Vous aimez les danses irlandaises, la culture musicale de l’Irlande, mais vous détestez Lord of the Dance ? Rian (qui signifie “Empreinte”) chorégraphie de Michael Keegan-Dolan donnée en ce moment au Théâtre des Abbesses, est faite pour vous. Oui, c’est l’Irlande, mais sans ses clichés, tapdance et compagnie. Lorsque le rideau s’ouvre, le public a d’ailleurs plutôt l’impression de se trouver dans un pub paumé ou une maison de famille. Les musiciens sont assis en cercle dans une mini-arène verte (on est en Irlande tout de même, accordez au moins ce cliché, avec une danseuse rousse), l’ambiance est sereine, amicale, on n’attendais que le public pour commencer.

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La musique, signée Liam Ó Maonlaí, vient elle aussi du fond de l’Irlande. Et Rian se regarde autant qu’il s’écoute (il y a d’ailleurs presque autant de danseur-s-es que de musicien-ne-s sur scène). Une voix grave s’élève, en gaélique, suivie d’un violon, d’une harpe celtique ou d’un vieux piano. Les danseurs et danseuses s’élancent chacun à leur tour, dans une chorégraphie libre et pleine de vie, cherchant l’élévation. Les pas viennent de ces danses folkloriques, et se transforment en geste contemporain, un peu à la manière d’Aunis vu la veille, même si ce n’est pas le même pays.

La musique irlandaise a cette image festive, on ne peut plus véridique lors de ce spectacle, sans être dénuée d’une certaine nostalgie. Les danses folkloriques représentent la fête, c’est dans ces moments-là qu’elles étaient jouées. Mais les reprendre signifie aussi se replonger dans un certain passé, dans ses racines, dans le temps. Et c’est aussi ce mélange, une certaine gravité mêlée de bonheur, qui séduit, sans jamais tomber dans quelque chose de passéiste. Il n’est pas question de dépoussiérer ce folklore, qui n’en a pas besoin, mais plutôt de le revisiter, de se servir de ses bases pour partir vers autre chose. Les racines, vaste question… La troupe est en tout cas complètement métissée, ce qui n’empêche pas chacun de donner la tenace impression de venir de la même culture.

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Le chorégraphe Michael Keegan-Dolan aime jouer sur la répétition, se servant de la musique pour se tourner vers une sorte de transe, en tout cas d’exutoire. Le gestes n’est pas vraiment nouveau, mais le bonheur authentique qui s’en élève provoque une joie communicative. Les artistes sont heureux d’être là, de jouer leur musique et de danser ensemble. Il n’en faut pas plus parfois pour séduire le public et lui (re)donner le sourire, sentiment délicieux qui s’est mêlé ce soir-là au retour du beau temps. On sort en tout cas de Rian des fourmis dans les pieds à vouloir aussi danser et se joindre à la troupe. Et la curiosité de découvrir un peu plus le travail de Michael Keegan-Dolan, qui avant de se replonger dans ses racines, avait revisité… Giselle ou Le Sacre du Printemps.

Rian de Michael Keegan-Dolan, jusqu’au 20 avril au Théâtre des Abbesses.

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