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The Roots et Un Casse-noisette – Suresnes cités danse

L’édition 2014 de Suresnes cités danse a décidément tenu ses promesses. Après une soirée de jeunes talents virtuoses, places à deux des spectacles présentés, très aboutis dans leur construction, démontrant s’il le fallait encore que le hip hop a trouvé sa place dans les théâtres, sans en perdre son énergie.

The Roots

The Roots

Kader Attou est le seul chorégraphe hip hop à être à la tête d’un CCN (celui de La Rochelle). Loin de s’être laissé étioler par l’institution (et ses possibles lourdeurs), sa danse montre une forte maturité. The Roots est un voyage dans ses souvenirs et ses émotions d’artiste. Un homme, assis dans un vieux fauteuil des années 1970, lance un vieux tourne-disque. La musique lui rappelle des souvenirs, des émotions, naissant dans la danse de onze excellents danseurs. Les expériences en arts du cirque ou en danse contemporaine du chorégraphe transparaissent, comme des clins d’oeil à ce qui l’a construit.

La danse est du hip hop pur, d’une superbe fluidité tout en jouant sur la déstructuration du mouvement, doublée de figures de break virtuoses. À cela se rajoute un grand sens de l’utilisation du plateau. C’est parfois le problème avec cette danse : savoir garder une énergie sur une scène fermée. Kader Attou a pour sa part parfaitement compris comment se servir de cette structure pour mettre sa danse en valeur, qui n’en devient que plus intelligente et lisible. Le tout se termine par un enthousiasmant final où chaque interprète se livre à une démonstration technique, sans jamais en oublier la grâce et l’émotion, ni ce parfum subtil de nostalgie qui plane sur The Roots.

Un Casse-Noisette

Un Casse-noisette

Un Casse-noisette de Bouba Landrille Tchouda joue plus sur la carte de l’humour. N’essayez pas de voir une relecture littérale du conte dans cette pièce. Il s’agit plutôt des grandes lignes – passer de l’enfance à l’âge adulte – appuyés de quelques clins d’oeil au ballet d’origine. Le monde de l’enfance est rose, festif et rempli de cadeaux aux couleurs chatoyantes. La Fée Dragée est un lutin bondissant et Casse-Noisette un Prince séducteur mais qui brise les coeurs. L’âge adulte est le monde d’aujourd’hui, celui des gens pressés abasourdis par le bruit de la ville. Il ne faut pourtant pas chercher loin pour retrouver son âme d’enfant et se remettre à tourner sur la délicieuse Valse des fleurs.

Un Casse-noisette est rempli de jolies idées et d’humour, sans en oublier la métaphore de l’enfance qui s’en va. La danse est un mélange de plein de choses, du hip hop, du break, de la danse contemporaine, attribués à des personnages précis. L’ensemble est on ne peut plus séduisant, fait sourire, rappelle des souvenirs et sait diablement bien se servir de la musique pour y puiser une nouvelle énergie. Voilà une pièce qui démarre comme un conte pour enfant et déroule une vraie maturité dans l’art de raconter une histoire et de mixer les genres.

Un Casse-noisette

Un Casse-noisette

 

The Roots de Kader Attou, avec Babacar “Bouba” Cissé, Bruce Chiefare, Virgile Dagneaux, Erwan Godard, Mabrouk Gouicem, Adrien Goulinet, Kevin Mischel, Artem Orlov, Mehdi Ouachek, Nabil Ouelhadj et Maxime Vicente. Mardi 21 janvier 2014. Un Casse-noisette de Bouba Landrille Tchouda, avec Aïda Boudrigua, Sophie Carlin, Mélisa Noël, Sonia Delbost-Henry, Guylaine Noyon, Anouk Viale, Rémi Autechaud, Marc Couard, Cédric Guéret, Nicolas Majou et Hichem Sérir Abdallah. Vendredi 31 janvier 2014. Au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre de Suresnes cités danse. 

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