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Soirée Mats Ek : épisode 2

Jeudi 28 avril 2011. Soirée Mats Ek par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. 

La Maison de Bernarda, avec Kader Belarbi (Bernarda), Alice Renavand (la servante), Mélanie Hurel (La soeur aînée), Laure Muret (la bossue), Eleonora Abbagnato (la jeune soeur), Audric Bezard (un homme). 

Une sorte de…, avec Séverine Westermann et Vincent Chaillet, Caroline Robert et Jérémie Bélingard. 

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Oh, tiens, une chronique qui arrive 15 jours après le spectacle, cela faisait longtemps.

Donc, deuxième soirée Mats Ek. Très différente de la première. La Maison de Bernarda est toujours aussi marquante, mais cette distributions m’a moins emportée. Une sorte de… m’a par contre beaucoup plus charmée.

Ma vision de La Maison de Bernarda était étrange ce soir-là. Perchée dans ma quatrième loge, les cinq soeurs avaient l’air de fourmis, ombres noires rampant au sol face à la mère toute-puissante. Une vision pas si fausse. Kader Belarbi est une étonnante Bernarda, très humaine. Trop humaine ? Il y a chez elle (lui) une véritable douleur face au décès du mari, une façon d’être un peu coupée du monde et des autres. Mais d’autorité, pas vraiment. Les cinq soeurs sont bien terrorisées face à elle, mais plus par convention, il faut avoir peur de sa mère, que par véritable relation. 

Laure Muret est une soeur bossue plus normale que Clairemarie Osta, et peut-être ainsi plus touchante, en véritable souffre-douleur. Mais la surprise vient de la servante et de la jeunes soeur, magnifiques Alice Renavand et Eleonora Abbagnato. Dans la précédente version, la première incarnait la sensualité, la femme qui s’exprime, et la deuxième la fraîcheur de la jeunesse. Avec cette distribution, c’est l’inverse. Passé les injures (c’est qu’elle a de la voix !), Alice Renavand est une servante toute jeune, qui vit au jour le jour, remplie d’allégresse malgré la maison de fou qui lui sert de toit. 

Eleonora Abbagnato joue par contre une jeune soeur très sensuelle. Son solo, puis le pas de deux avec l’homme, en deviennent presque féroces. La sexualité est toujours là, même proscrite pendant huit ans. Si ses passages sont très beaux, il n’en demeure pas moins un décalage avec ses soeurs. Car c’est clairement elle la plus forte, la plus mature, la plus vieille, quand ce devrait être l’inverse. 

Le tout donne donc quelque chose de très différent, qui n’en serait toutefois pas moins bien s’il ne manquait l’autoritarisme de la mère, pièce maîtresse du ballet. 

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Une sorte de… arrive toujours comme un sas de décompression après ces 55 minutes de douleur. Les pas de deux m’ont décidément toujours laissée circonspecte. Ce n’était pas la faute des solistes, visiblement très impliqué-e-s. C’est plutôt moi qui ne sait pas trop où situer le second degré de ces passages. 

Les mouvements de groupes m’ont par contre beaucoup plus, bien plus que lors de la première. Il n’y avait pourtant pas l’effet de surprise, mais l’étonnement et la poésie était toujours là. Camille de Bellefon tout sourire, Letizia Galloni rayonnante dans sa robe rose, Takeru Coste décidément à l’aise dans ce genre de répertoire… Une bien belle troupe sur scène. 

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