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Soirée Robbins au Palais Garnier

Premier ballet de la saison (je dis premier parce que j’espère que ça ne sera pas le dernier tout de même), avec l’Hommage à Jerome Robbins par le ballet de l’Opéra de Paris, hier soir à Garnier.

Je lis des critiques extrêmement variées sur le web. Pour ma part, j’ai passé une très bonne soirée, même si tout ne m’a pas plus complètement.

Au programme : 3 ballets de Robbins qui montrent les différentes facettes du chorégraphe, et une création de Benjamin Millepied, qui a beaucoup travaillé avec lui.

1er ballet : En sol
En sol, car sur un concerto de Ravel en sol majeur. Cela se passe au bord de la mer, mais il n’y a pas vraiment d’histoire dans ce ballet pour 14 danseurs. C’est une chorégraphie enjouée, solaire, et très inspirée du style de Broadway. Robbins n’est pas le chorégraphe de West Side Story pour rien.
Malgré l’énergie de la troupe, j’avoue que j’ai moyennement apprécié. Et pourtant, la soliste était Marie-Agnès Gillot. Et Dieu sait que j’aime beaucoup (énormément) Marie-Agnès Gillot. Mais mis à part la troisième partie où elle était rayonnante, elle ne m’a ni séduite, ni surprise. Une soliste comme les autres. Je dois même avouer que je me suis un peu ennuyée durant le fameux pas de deux. Ce qui m’a finalement vraiment plus dans En Sol, ce sont les passages du corps de ballet, en fait composé de 12 demi-solistes. Enthousiastes, enjoués et ensemble, j’ai beaucoup aimé leurs passages où l’inspiration comédie musicale se faisait bien sentir. Mathilde Froustey ressort encore une fois du lot, j’aurais bien aimé la voir en soliste sur cette pièce.



2ème ballet : Triade, la création de Millepied

Un ballet sans histoire là aussi, sur la rencontre et la confrontation de 4 personnages, deux femmes et deux hommes. Marie-Agnès Gillot, Laëtitia Pujol, Audric Bezard, Marc Moreau.
Et là, j’ai tout de suite pardonné à Gillot l’ennuie qu’elle m’avait procuré dans le premier ballet. Dans Triade, dès son arrivée sur scène, elle jauge ses comparses, prend tout l’espace, hypnotise les spectateurs. Sans faire un pas, juste par le regard, elle a déjà pris le pouvoir.
J’ai bien aimé son jeu avec Pujol. Ce sont deux danseuses très différentes physiquement, mais avec une forte personnalité, et qui se complétaient bien. Difficile pour les deux garçons à côté de faire le poids, ils jouaient plus le rôle d’accompagnateurs que de véritables partenaires. Mais ils s’en sont sortis bien plus qu’honnêtement, et Marc Moreau a plus particulièrement retenu mon attention. A suivre  de près.
J’ai mis un peu de temps avant de rentrer dans le ballet, je ne voyais pas trop où le chorégraphe voulait en venir. Mais le rythme s’est accéléré petit à petit jusqu’à un final superbe. Le solo de Laëtitia Pujol était inoubliable, très court mais éblouissant de virtuosité. Et quelle allure dans sa tunique rouge ! Et je ne parle même pas du manège de grands jetés de Gillot.
Malgré le manque d’intensité du début, j’ai applaudi vivement à la fin, et je n’étais pas la seule.

3ème ballet : In the Night
Sur des magnifiques Nocturnes de Chopin. 3 couples, 3 pas de deux, 3 étapes de la vie.
Le premier couple est le romantique, la jeunesse qui découvre l’amour, encore tout étonnée de ce qui lui arrive, et qui au fond croit encore au prince charmant/à la princesse à réveiller. Très bien dansé par Osta et Pech, très justes. Le deuxième couple est le mondain. Les années ont passé, et le couple s’est embourgeoisé, il doit être de bonne présentation en société. Même si l’amour, on le sent, reste toujours présent entre les deux, et apparaît à quelques moments. Letestu est juste sublime dans ce rôle, une danse qui mélange l’élégance et la retenu, une beauté glacée qui se laisse de temps en temps porter par les élans du cœur. Elle était tellement bien que j’ai à peine fait attention à son partenaire, Stéphane Bullion, qui pourtant n’avait pas l’air d’avoir démérité. Le troisième couple représente la passion, la fougue parfois déraisonnée. Delphine Moussin ne démérite pas, mais c’est Nicolas Le Riche qui m’a déçu (alors que lui aussi, d’habitude, je l’adore). Malgré ses portés virtuoses, j’ai trouvé qu’il en faisait trop, qu’il surjouait. Et son couple passionné était plus drôle qu’émouvant.
Mais je suis un peu pointilleuse, car globalement, j’ai vraiment beaucoup aimé ce ballet. Tout était en harmonie, la musique, les danseurs, la chorégraphie, les costumes, l’esprit. Un vrai tout, et plus profond qu’il n’y paraît.

4ème ballet : The Concert
J’ai rarement autant ri en allant voir un ballet. Toujours sur du Chopin, l’œuvre met en scène un public d’un concert et ses rêveries. Mais c’est surtout l’occasion de se moquer du ballet classique, et plus particulièrement du Lac des cygnes, ses grands élans romantiques et ses ensembles parfaits. Et moi, quand l’Opéra se moque de l’Opéra, j’adore, c’était vraiment très drôle. Tout le monde cite Dorothée Gilbert, géniale dans le rôle principal de la Ballerine, mais tous les danseurs sont excellents, et prennent à vrai plaisir à la dérision. Même la pianiste joue le jeu jusqu’au bout. Un vrai petit bijou de fantaisie !
Mais tout de même, même si tout le monde était très bien, je vais quand même mettre Dorothée Gilbert en avant. Parce que j’aime bien sa spontanéité, la façon dont elle a de prendre son titre d’Etoile sans se prendre la tête, avec naturel, la fraîcheur qu’elle insuffle à la compagnie, son bonheur de danser. Sans complexe. Et ça fait plaisir à voir.

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