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Un tango à Paris

Mercredi 26 octobre 2011. Tanguera de Gerardo Gardelin au Théâtre du Châtelet.

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85 minutes de tango, comme l’idée est tentante. Le Théâtre du Châtelet n’y a d’ailleurs pas résisté, en programmant pour la deuxième fois le spectacle Tanguera.

Le tango, c’est dans l’imaginaire de chacun une danse torride entre un homme et un femme, un brin macho où le premier guide la seconde, qui hésite entre résister et se laisser entraîner. Tanguera ne renie pas cet imaginaire, au contraire, en multipliant les pas de deux mémorables, et pour le moins acrobatiques.

Mais le tango peut être bien plus que ça. C’est aussi une danse terriblement émouvante, brusque, mystérieuse ou romantique. C’est une danse à deux, en solo, à trois, à six, à toute une troupe. Et c’est là que le spectacle est formidable, car il sait montrer toute l’étendue des possibilités du tango, sans jamais le renier ou le dénaturer. 85 minutes de danse folle, langoureuse, touchante et extrêmement virtuose, décidément, ça ne se refuse pas. La troupe fait en plus – surtout – honneur à la chorégraphie, en alignant des danseur-se-s tou-te-s plus formidables les uns que les autres, et uni-e-s par un même esprit et une énergie commune.

Le problème sur Tanguera, car après tous ces compliments problème il y a, n’est pas la danse, enthousiasmante, mais plutôt ce qu’il y a autour. Tanguera n’a pas voulu se risquer à aligner 85 minutes de tango, et a préféré l’habiller d’une histoire. Et c’est ça que le talon aiguille se casse. 

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L’histoire est pourtant simple : Giselle, une jeune Française, part en Argentine. Elle fait de mauvaises rencontres, devient prostituée dans un cabaret de Buenos Aires, compte sur son prince charmant pour s’enfuir, qui se fait tuer une fois au port par le mac. Giselle repart en France, clap de fin. Une histoire simple, mais étonnement difficile à suivre, le découpage des scènes n’étant pas faite de la meilleure des façons.

Le compositeur a également absolument tenu à rajouter quelques chansons qui, non seulement n’apportent rien à l’histoire, mais musicalement n’auraient pas été reniées par Pascal Obispo. Comme si Tanguera n’assumait pas d’être ce qu’il est, un ballet de tango, et tienne absolument à avoir le label “musical”. L’impression est d’autant plus étrange que le spectacle est indéniablement monté par des accros du tango, qui sont certainement convaincue que cette danse se suffit à elle-même, mais qui ont eu peut-être peur du public européen. 

Tout de même, si Tanguera tient absolument à être un musical, un bon livret n’aurait pas été de trop. Deux personnes se sont occupées du scénario, il en faudrait visiblement un troisièmes pour réaménager tout ça, et donner une histoire à la hauteur de ces fantastiques danseur-se-s. Qui sont d’autant plus formidables lorsque l’histoire ne leur pèse plus sur les épaules. Les saluts se transforment en véritable démonstration, jusqu’à presque devenir le meilleur moment du spectacle. 

Commentaires (5)

  • C’est une histoire prétexte comme il y en a dans quasiment tous les films de danse. Tant qu’il y a de l’énergie, de l’intensité et le désir de danser, cela ne me dérange pas, je suis bon public. Puis cela permet de balayer assez bien le spectre des tons du tango (j’ai particulièrement aimé les dockers au début, le côté fraternel – alors que dans nos clichés, la virilité du danseur va vers le “torride”, comme dis). Un très bon divertissement, voilà tout.

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  • Fab

    Tout à fait d’accord avec toi lorsque tu dis que les saluts deviennent presque le meilleur moment du spectacle. C’est exactement ce que j’ai ressenti. Bien sûr, Mimy, tu as raison. C’est une histoire prétexte comme il y en a tant d’autres, mais j’ai trouvé, dans ce cas, qu’elle entravait la danse, et qu’il y manquait du souffle, du lyrisme, du liant pour être vraiment emporté…

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  • Audrey

    Visiblement je ne suis pas encore au point sur mon agenda des spectacle, celui-là m’est passé complètement au-dessus de la tête !Et c’est bien dommage car vu ce que tu en dis, ça donne envie de découvrir le tango..

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  • Eldoé

    D’accord avec beaucoup: les saluts sont époustouflants! Une de meilleures parties du spectacle
    Et parce tous les gouts sont dans la nature, j’ai préféré la première partie (la danse entre les 3 dockers) tandis que ma sœur la seconde. Les saluts nous ont mis d’accord.

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  • @ Mimy et Fab : L’histoire prétexte en soi ne me dérange pas non plus,  mais j’ai trouvé qu’elle était mal amenée. L’argument est pourtant simple, mais reste difficilement compréhensible.

    @ Audrey : C’est difficile de penser à tout ! Je me suis souvenue que Tanguera revenait la veille de la première. 
    @ Eldoé : Tout comme toi et Mimy, j’ai bien aimé la partie des dockers. On imagine tellement le tango comme une danse de couple que cela surprend beaucoup lorsque c’est dansé en groupe, et que par des hommes. Naïvement, je ne pensais pas que le tango avait une telle richesse. 
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