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William Forsythe redécouvert par le Ballet de l’Opéra de Lyon

Comme annoncé hier avec la vidéo-danse du jeudi, place aujourd’hui à la soirée William Forsythe du Ballet de l’Opéra de Lyon du 23 février, au Théâtre de la Ville.

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Je me rendais à cette soirée avec beaucoup de curiosité. D’abord, parce que j’aime beaucoup William Forsythe, mais que j’ai vu très peu de ses ballets. Ensuite, parce que je n’avais jamais vu sur scène le Ballet de l’Opéra de Lyon, une compagnie à plutôt bonne réputation.

La soirée démarre avec Workwithinwork, ballet beaucoup plus simple que ne le laisse deviner son nom imprononçable. 16 danseurs et danseuses se relayent sur scène sur la musique de Berio. Les duos, solos, ou mouvements de groupe sont une belle démonstration de ce qu’est le style Forsythe : une danse complètement déliée, avec beaucoup d’énergie et de musicalité, un langage classique bien utilisé pour mieux s’en libérer, quelque chose d’à la fois très technique et instinctif. J’aime beaucoup Forsythe, ça ne vieillit pas.

Le Ballet de l’Opéra de Lyon est très différent de celui de Paris. Physiquement, les danseur-se-s sont plus athlétiques. L’énergie, et le rendu sur scène, n’ont rien à voir, c’est assez surprenant, c’est beaucoup plus terrien. Il y a tout pour que j’aime dans ce ballet, et pourtant, j’ai un peu de mal à y entrer. C’est visuellement très beau, mais je n’ai pas été vraiment touché. 1/2 heure d’esthétisme, c’est vite long. Cela m’a fait penser à la dissertation de Guillaume Gallienne sur l’excitation apollinienne et dionysiaque.  Workwithinwork excite l’œil d’une belle façon, mais j’aurais bien voulu vibrer un peu plus.

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Le deuxième ballet, Quintett, est complètement différent. Trois danseurs et deux danseuses sont sur scène. Au milieu, un projecteur. A gauche, une trappe, où les artistes vont s’amuser à disparaitre et apparaître. Trappe entre la vie et la mort ? Leur jeu intrigue. Là aussi,  William Forsythe joue avec les duos pour faire parler son langage chorégraphique, mais d’une façon très différente. Il se passe quelque chose sur scène. Je ne saurais pas trop dire quoi, mais il se passe quelque chose. Les danseur-se-s ont tous le sourire, mais il se dégage pourtant de cette pièce une étrange et prenante mélancolie. Est-ce la trappe, la façon dont les artistes se jettent parfois dans les bras l’un dans l’autre avec une certaine violence ou la complainte de la musique de Gavin Bryars… Je suis interpellée en tout cas, et sort de la salle toute songeuse. 

Au-delà de Forsythe, cette soirée était une belle occasion, comme je l’ai dit plus haut, de découvrir le Ballet de l’Opéra de Lyon. La compagnie danse depuis longtemps des pièces du chorégraphe, chaque danseur-se en maitrise ainsi parfaitement les gestes. Tous-toutes montrent un réel plaisir de les danser, et une forte personnalité se dégage de chacun-e d’eux-elles, un vrai coup de coeur. A suivre de près quand la troupe remontera à Paris.

William Forsythe, Ballet de l’Opéra de Lyon, jusqu’au 1er mars au Théâtre de la Ville.

© Photo 1 : Ballett Frankfurt/Dieter Schwer – Photo 2 : The Forsythe Company/Dominik Mentzos

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