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William Forsythe par le Ballet Royal de Flandre : épisode 1(Artifact)

Jeudi 24 novembre. Artifact de William Forsythe, par le Ballet Royal de Flandre, au Théâtre de Chaillot.

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Compte-rendu qui arrive un peu tard, la faute à un déménagement. Mais la soirée valait bien un retour, même tardif.

Artifact de Forsythe. Comme son nom, ça claque, ça pétille, ça envoie, ça enthousiasme. Et ça pose une question intéressante : quand est-ce qu’une œuvre passe du statut de “ballet contemporain” à “ballet du répertoire” ? (vous avez quatre heures).

Comme ce ballet est plus jeune que moi, il entrait d’office dans la première catégorie. Pourtant chez lui, tout sonne comme un grand classique. Mais pas de dans le sens poussiéreux, démodé ou déphasé. Artifact apparaît au contraire comme quelque chose d’intemporel. Le genre de ballet que l’on pourrait voir dans 10, 20, 30 ans, et qui toujours, apparaîtrait comme quelque chose de claquant, pétillant, envoyant (?) et enthousiasmant.

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Le début a pourtant de quoi déstabiliser. Le ballet se divise en quatre tableaux, et le public adepte de Garnier connaît surtout le deuxième, dansé par le Ballet de l’Opéra de Paris sous le nom d’Artifact Suite. Une pièce totalement jouissive, où ça danse fabuleusement bien dans un désordre désorganisé jubilatoire.

Mais le premier tableau commence tout autrement, dans une ambiance burlesque et étrange. Trois personnages sont sur scène. Une Dame en grande robe, un Monsieur au mégaphone, et une Lune. “Step inside”, martèlent-ils/elles. Ce petit monde n’a pas l’air bien méchant, malgré leur allure pour le moins surprenante, et finalement on se laisse faire.

Le corps de ballet, peu présent au début, prend toute son ampleur dans le fameux deuxième tableau. La gestuelle du Ballet Royal de Flandre est vive et précise, plus brusque aussi que l’élégance des danseurs-ses parisiens-nes. La disparité physique est assez flagrante si l’on jette un regard sur les lignes, mais leurs ensembles n’en sont que plus formidables, car véritablement unis. Comment faire qu’un-e en étant si différent-e, deuxième grande question de ce post.

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Lorsque l’on parle de Forsythe, on en revient toujours aux mêmes termes : un langage classique libéré, une symétrie qui aime se défaire, des lignes qui se font et se défont. Le tout sur une Chaconne de Bach lancée à toute blinde. Un effet et une inventivité formidable sur scène. J’ai aimé ce deuxième tableau décidément.

Pour le troisième, voilà le retour de nos trois personnages principaux. Qui semblent un peu plus inquiets qu’au début. La panique semble les saisir, ils se cognent dans les décors,  les “Step inside” résonnent de façon plus angoissante. Il faut dire que le corps de ballet, si bien en ordre, se déconstruit indubitablement… Pour mieux se reconstruire dans le quatrième tableau, où tout se mélange entre danseurs-ses et comédien-nes. 

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Les deux questions philosophiques du jour n’auront pas forcément trouvé de réponse, mais ce premier épisode Forsythe de la saison s’est on ne peut mieux déroulé. Vivement le deuxième vendredi.

Commentaires (1)

  • petitvoile

    @Amélie, une pièce dite de répertoire signifie qu’elle est achetée pour une durée x par une ou plusieurs compagnies. Au départ, toutes les oeuvres sont contemporaines de leur temps et à force d’entrer et de rester au répertoire des compagnies, certaines deviennent des classiques de répertoire, lesquelles entrent alors peu à peu aussi dans les classes dites de répertoire des grandes écoles.

    Concernant le terme comtemporain quand il ne s’agit pas de la technique corporelle sur laquelle le chorégraphe s’appuie, il est vrai que certaines des pièces de Forsythe restent contemporaines dans la durée, à la fois parce que le concept et le mouvement étaient avant gardistes à l’heure de leur création, qu’il a été copié par d’autres chorégraphes, et que beaucoup dansé cela a permis aux danseurs d’intégrer ce type de gestuelle et de la faire évoluer constamment. D’autant que Forsythe tire ses chorégraphies de la création des danseurs eux-mêmes. Autant un Nacho Duato impose tout au danseur et par là fixe la gestuelle de ses pièces dans la durée, autant un Forsythe donne les lignes directrices et demande une grande participation au danseur, jusqu’à ne plus être que scénographe dans ses dernières créations! D’où ce côté réactualisation permanente et comme vous dites, les différences de parfum très notables entre Forsythe à l’Opéra de Paris, au Ballet de Flandre , à l’Opéra de Lyon ou au NDT.

    Sinon, pour les français friands de classification, il devient de plus en plus courant de parler de Forsythe comme d’un post classique car ses chorégraphies s’adressent à des danseurs de technique classique de très haut niveau et infaisables par des danseurs de technique contemporaine. Aussi Forsythe est un post classique de répertoire!!!!

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