TOP

[Exposition] Rodin et la Danse – Musée Rodin

Si l’on pense spontanément à Degas lorsqu’il faut citer un artiste inspiré par la danse, il est pourtant loin d’être le seul à avoir été fasciné par l’art chorégraphique. Peintre, sculpture et danse n’ont-elles pas en commun de parler de mouvement ? Rodin aussi, dans les dernières années de sa vie a dessiné et créé des statues inspirées de danseuses. Cette période chez l’artiste correspond au renouveau de la danse au début du XXe siècle, avec Loïe Fuller, Nijinski ou la venue à Paris de troupes du bout du monde. C’est cette période que retrace la courte exposition Rodin et la danse, à voir au Musée Rodin jusqu’au 22 juillet.

Années 1900. La danse est en effervescence à Paris. Il y a les Ballets russes, leurs oeuvres si modernes sur la musique de Stravinsky et le dieux Nijinski. Il y a Loïe Fuller et sa danse serpentine avec les nouvelles technologies de l’époque, Isadora Duncan et la danse libre, où le corps se libère des contraintes comme des costumes. Il y a aussi des troupes folkloriques lointaines en tournée en France, comme le Ballet Royal du Cambodge. Rodin, installé à Paris, n’est évidemment pas insensible à cette nouvelle façon de s’exprimer avec son corps. L’exposition ouvre ainsi sur ses travaux réalisés entre 1903 et 1912, inspirés par l’acrobate Alda Moreno. Fasciné par sa souplesse lors de ses échauffements, il réalise une série de statuettes toutes faites à partir de trois moules, dont les éléments sont assemblés de différentes façons. Le résultat donne des œuvres aussi étonnantes que gracieuses, montrant des corps à la fois façonnés au travail et musclés – finalement plus que le canon de la danseuse filiforme d’aujourd’hui, et des mouvements presque vivants, saisis dans leur élan.

Le reste de l’exposition s’attache aux œuvres de Rodin inspirés des grands noms de la danse de l’époque. Si la danse libre était au cœur de ce mouvement, les corps dessinés ou façonnés par Rodin sont là encore très musclés. Dompter son corps, le pousser à aller plus loin, plus haut, voilà toujours le sacerdoce de la danse, même en y recherchant plus de liberté. L’on peut regretter sur ce point que les explications caricaturent un tout petit peu le monde du ballet du XIXe, qui ne serait qu’un monde de technique sans sentiment. La recherche de l’expression de l’émotion par la danse et le corps n’a pourtant pas débuté avec les Ballets russes. Rodin a aussi été fasciné et par les danseuses du Ballet Royal du Cambodge, aussi bien par leurs postures que leurs costumes et bijoux, “un coin de nature jusque-là inconnu“. Il rn reste des dizaines de dessins, se penchant sur cette manière d’appréhender la danse et l’expression du corps bien différente des ballerines européennes. Même si Rodin montre une inspiration pour la danse pendant plus de 20 ans, il en reste cependant peu de traces aujourd’hui, et l’exposition reste courte. Les dessins et sculptures sont donc accompagnées de documents d’époque sur ce profond renouveau de la danse, notamment par des films (souvent vus mais toujours étonnants) et postures de Loïe Fuller. Un moment d’histoire de la danse qui n’a pas fini d’être étudié et d’inspirer les artistes.

 

Rodin et la danse au Musée Rodin. Commissariat général : Catherine Chevillot ; Commissariat : Christine Lancestremère. À voir jusqu’au 22 juillet.

 

Poster un commentaire