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Les sorties Livre danse du printemps

Les dernières sorties de livres sur la danse se penchent sur trois grandes personnalités du XXe siècle : Maurice Béjart, Ghislaine Thesmar et Alicia Alonso. Avec trois genre littéraires différentes (autobiographie, mémoires et roman), pour se plonger au plus près de ces grand.e.s chorégraphes, directrices et interprètes. 

 

Béjart, le démiurge d’Ariane Dollfus

Paru en novembre 2017 chez Arthaud

Ce qu’en dit la 4e de couv – C’est l’un des plus célèbres chorégraphes du monde. Qui se cachait vraiment derrière ce fameux barbu aux grands yeux bleus, qui créa Boléro, Le Sacre du printemps, L’Oiseau de feu, et plus de trois cents autres ballets au sein de son Ballet du XXe siècle puis du Béjart Ballet Lausanne ? Ariane Dollfus nous raconte ce créateur infatigable, homme très érudit, fils aimé d’un père philosophe, courtisé mais très ascète, zen et obstiné, qui voulait dire son ressenti du monde en mettant la danse, ses danseurs et son public aux prises avec la modernité. En s’appuyant sur de nombreux entretiens inédits, avec Béjart comme avec ses proches, elle dévoile les coulisses de la création, mais aussi la personnalité ambivalente de Maurice Béjart, médiatique et humble, aimant et distant, généreux et exigeant.

L’auteure – Journaliste danse pour France Soir ou le magazine Danser, Ariane Dollfus a écrit la biographie de référence de Rudolf Noureev, Noureev : L’insoumis (paru chez Flammarion en 2007). 

Avis – Dix ans après sa mort, le public peut avoir une vision quelque peu simpliste de Maurice Béjart. Sur la plusieurs centaines de ballets créés par le chorégraphe, seul le nom de cinq ou six viennent spontanément à l’esprit. Leur image est celle de ballets populaires et grand public, mais leurs sources d’inspiration se perdent. Cette biographie dense et fouillée propose justement de se plonger dans l’immense et complexe oeuvre de Maurice Béjart, que l’on réduit un peu trop vite à quelques tubes. Après une partie biographique classique, l’auteure explique de façon plus didactique la personnalité du chorégraphe à travers ses grandes sources d’inspiration : la religion notamment, la grande place de la spiritualité dans sa vie et ses oeuvres, les voyages, le Japon, les autres arts aussi qu’il ne cesse d’interroger (Maurice Béjart était formidablement érudit), la philosophie. Le tout est émaillé de témoignages de nombreuses personnalités ayant connu Maurice Béjart, comme ses premières interprètes, les grands danseurs et danseuses du XXe siècle comme ceux et celles de la nouvelle génération qui ont trouvé en Maurice Béjart un maître. Tout ce qui concerne les deux écoles de Maurice Béjart est d’ailleurs particulièrement intéressant, à l’heure où l’on s’interroge sur comment former un danseur ou une danseuse classique au XXIe siècle. Si ces témoignages sont remplis d’admiration, le portrait de Maurice Béjart n’est cependant pas hagiographique, dévoilant aussi les parts plus tortueuses de sa personnalité. Tout comme son oeuvre, qui plus que novatrice, se voulait avant tout être proche du public. Une biographie de référence pour un chorégraphe qui n’a pas fini d’être découvert et d’être dansé. A.B.

Béjart, le démiurge d’Ariane Dollfus

 

Une vie en pointes de Ghislaine Thesmar

Paru le 2 mai 2018 aux Éditions Odile Jacob

Ce qu’en dit la 4e de couverture – “J’ai toujours vécu par et pour la danse. Je me suis toujours efforcée de ne pas perdre le fil qui m’a aidée à devenir une interprète, et pas uniquement une danseuse qui enchaîne les pas les uns après les autres, si parfaite qu’en soit l’exécution. J’ai vécu pour ces instants magiques où la danse confine à l’universel et à l’absolu”. 

L’auteure – Ghislaine Thesmar a commencé sa carrière de danseuse en 1961 dans le corps de ballet du Marquis de Cuevas. Elle est nommée danseuse étoile de l’Opéra de Paris en 1972. Après une longue carrière internationale, elle devient professeur à l’Opéra de Paris, où elle enseigne l’art de l’interprétation à de nombreux danseurs de Sylvie Guillem à Agnès Letestu en passant par Marie-Claude Pietragalla.

Notre avis – Avis aux balletomanes : Une vie en pointes se rapproche plus du récit autobiographique que de mémoires. Même si Ghislaine Thesmar jette par moments un regard sur l’époque qu’elle a traversée, son livre est surtout l’évocation des grandes étapes de son parcours et de certaines figures du monde de la danse qu’elle a côtoyées. Ecrit avec la collaboration du journaliste José Lenzini, il ravira ceux qui souhaitent revivre l’ascension atypique de cette sublime danseuse qui détient la particularité d’avoir été nommée étoile de l’Opéra de Paris sans être passée par le corps de ballet. Une grande partie est consacrée à son enfance, sa découverte de la danse et cette décision irrévocable d’y consacrer sa vie après le choc d’avoir vu Galina Oulanova, ballerina assoluta, dans des ballets projetés dans une salle de cinéma (l’ancêtre de Pathé Live !). Puis s’égrènent les différents épisodes de sa vie, sa rencontre avec Pierre Lacotte, son “Pygmalion“, sa vie à l’Opéra de Paris, ses rôles dont bien sûr celui de la Sylphide auquel son nom est associé, sa collaboration avec George Balanchine puis Jerome Robbins, sa complicité avec Michaël Denard, partenaire unique, son immense bonheur de transmettre à la jeune génération de danseurs. Le livre abonde d’d’anecdotes, parfois anodines, déploreront peut-être certains, mais la vie n’est-elle pas jalonnée de détails que l’on se plaît sans doute à se remémorer quand on se prête à cet exercice du regard sur le passé ? C.C.

Une vie en pointes de Ghislaine Thesmar

 

L’Assoluta de Cuba de Dominique Chryssoulis

Paru en février 2018 chez L’échappée Belle

Ce qu’en dit la 4e de couverture -Ma première rencontre avec Alicia Alonso remonte à l’enfance. J’avais neuf ans, je commençais la danse classique, et découpais dans les magazines les photos de danseuses. Sous l’une d’elles figurait la légende : Alicia Alonso, danseuse cubaine presqu’aveugle. Tant de beauté sur tant de malheur me déchirait le cœur. Malgré ce handicap majeur dû à un double décollement de la rétine à vingt ans, Alicia Alonso a été l’une des plus grandes danseuses classiques du XXème siècle, enchaînant les tournées de par le monde avec les partenaires les plus célèbres. Alors que l’âge de la retraite à l’Opéra de Paris est fixé à quarante-deux ans, Alicia Alonso n’a raccroché ses chaussons qu’à soixante-quinze ans. Également chorégraphe et professeur, elle dirige toujours, à presque quatre-vingt-dix-huit ans, le Ballet national de Cuba, l’une des meilleures troupes du monde.

L’auteure – Dominique Chryssoulis a d’abord écrit du théâtre. Elle a animé le comité de lecture des EAT (Écrivains associés du Théâtre), dont elle a aussi été secrétaire. Elle a également fait partie du jury du Grand Prix de Littérature dramatique. Elle coréalise La nouvelle revue du Jardin d’Essai, lancée en 2017 à la brasserie Lipp. Huit de ses romans ont été publiés et deux d’entre eux, Vie de Mathilde Sincy et Fantaisies d’été, primés. L’Assoluta de Cuba, sur la danseuse étoile cubaine Alicia Alonso, est son neuvième roman.

Notre avis – Dominique Chryssoulis est une passionnée de danse. En choisissant comme sujet Alicia Alonso, elle aurait pu choisir la forme classique de la biographie. Mais le parcours de l’Étoile cubaine est si incroyable que l’auteure a préféré se tourner vers le roman. Gamine de Cuba, arrivée à la danse presque par hasard, mariée à 15 ans, maman quelques mois plus tard, expatriée aux États-Unis encore jeune fille, puis aveugle brutalement à 22 ans, un an sans bouger après une opération… Jusqu’à Giselle dansé presque aveugle sur une scène américaine, qui lance une carrière fulgurante, intimement liée à la révolution cubaine. L’auteure se met dans la peau d’Alicia Alonso pour raconter ce parcours hors-norme, s’attachant plus particulièrement aux 25 premières années de sa vie, l’ascension, la perte de la vue et la renaissance. Tout en faisant continuellement des aller-retour avec notre époque avec des interviews d’Alicia Alonzo à 90 ou 95 ans, et la tournée du Ballet Salle Pleyel en 2017. Un air cubain flotte entre les lignes, l’ouragan du destin aussi, le caractère volcanique de l’Étoile également. L’Assoluta de Cuba peut se prendre comme une biographie (on y apprend beaucoup), il se dévore avant tout comme un roman, où le drame, l’amour et la passion chevillée au corps s’entremêlent pour dessiner une carrière de ballerine unique. Une jolie découverte. A.B.

L’Assoluta de Cuba de Dominique Chryssoulis

 

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