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[Sortie ciné] Girl de Lukas Dhont

Couronné par la Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes, Girl, premier long-métrage du réalisateur belge Lukas Dhont, sort le 10 octobre sur les écrans. Ce film met en scène le parcours de Lara, jeune danseuse, née dans un corps de garçon, déterminée à changer de sexe. Un rôle difficile dans lequel le jeune danseur Victor Polster s’est glissé avec beaucoup de courage et de sensibilité.

Elle s’est choisie comme prénom Lara. Si la nature l’oblige à vivre dans un corps masculin, elle s’est toujours sentie fille. Avec l’aide des médecins et le soutien d’un père aimant, Lara a amorcé sa transformation. L’originalité est que l’adolescente de 15 ans veut devenir danseuse classique professionnelle. Dans cette entreprise, elle peut aussi compter sur le soutien de son père et de ses professeurs de danse. Seul son corps, le même avec lequel elle a tant de mal à cohabiter, va lui montrer ses limites. Au point de remettre peut-être en question son rêve ? La fin du film ne le dit pas, mais on se plaît à espérer que Lara deviendra celle qu’elle a envie d’être.

Passionné de danse, Lukas Dhont a été très inspiré de situer l’action de son film dans le milieu de la danse. Il le filme par moments avec l’exigence d’un documentariste et toujours un profond souci de l’esthétique. Il suit son héroïne au physique un peu atypique tentant de se couler dans le moule de la ballerine. Si la danse contemporaine avec des frontières très poreuses entre masculin et féminin a bousculé la notion de genre, la danse classique reste très codifiée par rapport au genre.

Ce film est aussi un magnifique film sur l’adolescence, cet entre-deux, cette période de transition à laquelle tout le monde est confronté. Lara lutte contre son corps, mais se trouve aussi en conflit par rapport au monde des adultes, pourtant bienveillant pour la plupart. Elle ressent un sentiment profond d’isolement et d’incompréhension. Avant d’être une personne transgenre, Lara est d’abord une adolescente qui vit les transformations de son corps. Elle tente par tous les moyens de le plier à ses propres exigences comme de gommer sa virilité en se scotchant le sexe entre les jambes avant d’enfiler collant et justaucorps.

On le sait : le pseudo masochisme des danseurs.se.s a inspiré le cinéma jusque dans la caricature (on se souvient évidemment de Black Swan). Mais la souffrance physique que s’inflige Lara dans la danse (images récurrentes de pieds ensanglantés à cause des pointes) fait écho au supplice qui est le sien de ne pas être encore dans le corps qu’elle considère comme le sien : celui d’une fille. Finalement la fatigue, l’entrainement exigeant qu’elle s’impose ne sont rien en miroir de ses tourments intérieurs. Malgré tout, la danse reste pour elle la seule échappatoire possible et finalement, son alliée la plus sûre dans sa quête émancipatrice.

Bien sûr, la révélation du film est le jeune comédien qui endosse ce magnifique rôle. Victor Polster est élève à l’École Royale de Ballet d’Anvers. Girl est sa première apparition au cinéma (couronnée par un Prix d’interprétation à Cannes dans Un certain Regard). Il est totalement crédible dans ce rôle subtil mais périlleux où la sobriété reste toujours de mise, exceptée la fin paroxystique. Sa beauté androgyne, sa calme détermination irradient l’écran, troublantes et touchantes à la fois.

 

Girl de Lukas Dhont – 1h 45 – Belgique – Sortie en salles française le 10 octobre 2018.

 

Commentaires (2)

  • Cams

    Je viens de voir le film et je l’ai trouvé magnifique. Très fort et émouvant. C’est vrai que c’est plus un film sur l’adolescence que sur la danse mais les deux cohabitent très bien et sont complémentaires

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    • LucyOnTheMoon

      De même que Black Swann est plus un film sur la schizophrénie que sur la danse…

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