Friday, Sep. 22, 2023

La sortie ciné de la semaine : Le Concours de danse

Ecrit par :

12 décembre 2012

|

Catégorie :

Le Concours de danse de Bess Kargman, sortie en salle le mercredi 12 décembre (1h34min). Avec Aran Bell, Gaya Bommer Yemini, Michaela Deprince, Jules Jarvis Fogarty, Miko Fogarty, Rebecca Houseknecht et Joan Sebastian Zamora.

le-Concours-de-danse_affiche.jpg

Après vous avoir fait gagner des places, il était tout de même temps de vous parler plus en détail du film Le Concours de danse de Bess Kargman, qui sort le 12 décembre en salle.

Le Concours de danse se glisse dans les coulisses du YAGP, prestigieux concours de danse américain, où concourent chaque année des milliers de jeunes danseurs et danseuses du monde entier, de 11 à 19 ans. Ils rêvent tous et toutes de devenir professionnel-le-s, et espèrent avec ce concours gagner une bourse d'étude pour une grande école, voir un contrat pour les plus grand-e-s. La caméra suit ainsi pendant un an sept candidat-e-s au parcours très différent, de leur préparation à la grande finale à New York, en passant par leur demi-finales régionales.

Alors qui sont ses enfants ?

- Aran, 11 ans. Toute la famille américaine habite en Italie. Aran ne va plus au collège pour se concentrer sur la danse. Il prend des cours avec Denys Ganio, qui déclare que dans sa vie, il a eu son fils Étoile à l'Opéra de Paris, et Aran. Mais malgré la pression qui pèse sur lui, malgré les cours à domicile, Aran essaye de rester un petit garçon à peu près comme les autres, où dans la chambre le skate côtoie les chaussons.

Le-Concours-de-danse_1.jpg

- Gaya, 11 ans. Grande amie d'Aran, Gaya vit en Israël. Sa maman est chorégraphe et elle veut suivre sa voie. C'est une petite fille qui en veut, avec déjà une étonnante maturité artistique. Sa variation contemporaine, dont on voit un large passage, est superbe.

- Michaela, 14 ans. Rescapée du conflit en Sierra Leone, Michaela a été adoptée par un couple d'Américains lorsqu'elle avait 4 ans. Elle est noire, elle se bat pour danser, mais aussi pour assurer qu'elle peut danser, le métissage restant encore assez tabou. Sa maman explique ainsi qu'elle doit teindre tous les tutus de sa fille. Les empiècements dans le décolleté sont toujours de couleur chair... clair, jamais couleur chair marron.

- Rebecca Houseknecht, 17 ans. Elle est blonde, est est jolie, il y a du rose et des paillettes partout dans sa chambre et ses amies l'appelle Barbie... et Rebecca assume. Derrière son côté Princesse, c'est une jeune fille qui travaille dure, et qui doute. Elle est à l'âge où l'on signe son premier contrat, mais les temps sont difficiles pour les danseuse. Le YAGP, c'est un peu sa dernière chance.

- Miko Fogarty (12 ans). C'est peut-être le portrait le plus dérangeant. Miko est visiblement une danseuse archi-douée, mais couvée par une maman qui vit son rêve de ballerine à travers sa fille. Elle est de tous les cours, impose ses choix sur les variations à travailler, lui fait faire des étirements le soir, lui a fait arrêter le collège pour lui donner des cours à la maison. Mais Miko aime la danse, et impressionne par sa très grande maturité. Souvent, elle apparait ainsi plus sereine que sa maman, plus raisonnable face aux enjeux. Elle a un petit frère, Jules Jarvis (10 ans), que l'on suit pendant un temps. Mais après les demi-finales, il décide d'arrêter la danse, ce qui touche beaucoup sa mère.

- Joan Sebastian (16 ans). Colombien, Joan Sebastian a tout quitté pour apprendre à danser à New York. A 16 ans, il vit seul, ne rentre chez lui que tous les 2 ans, s'auto-gère comme un adulte. Talent explosif, ses variations sont un petit régal. Mais s'il veut continuer à apprendre, il doit absolument trouver une bourse d'étude.

Le-Concours-de-danse_2.jpg

Cinématographiquement, Le Concours de danse ne révolutionne pas le genre du film de danse. On est d'ailleurs bien plus dans le documentaire que dans l’œuvre de cinéma. Mais c'est un documentaire extrêmement bien fait. D'emblée, le public tombe en empathie face à ces apprentis danseur-se-s, tous passionné-e-s par la danse, tou-te-s prêt-e-s à tous les sacrifices, malgré parfois leur très jeune âge. On a envie de les suivre, de les voir évoluer. On frémit avec eux dans les coulisses, on croise les doigts pendant leur passage en scène, on a le cœur qui se sert quand la blessure apparait. Quant à l'annonce des résultats, le processus du suspens était peut-être facile à faire, mais l'on retient vraiment son souffle, espérant que ces jeunes artistes à qui l'on s'est attaché iront loin (je suis certes un public facile, mais j'avoue avoir eu ma larme à l’œil à la remise des diplôme).

La caméra montre la danse dans son quotidien, entre les cours, les étirements, la fabrications des tutus et les moments de doute. Les enfants ne trichent pas, ne montrent pas une vie parfaite. La danse, c'est dur, et c'est parfois malsain. Le YAGP ne sort d'ailleurs pas forcément grandi, surtout avec notre vision française de la danse, de ce documentaire. Des petits de 11 ans qui enchaînent des variations du répertoire sans en comprendre le sens, des petits fille qui font des prouesses sur pointes, les applaudissements et cris à chaque difficulté... On n'échappe pas chez les plus jeunes à un petit côté "singe savant", programmé pour enchaîner les difficultés techniques, et qui parfois peut mettre mal à l'aise.

Le-Concours-de-danse_3.jpg
Le réalisateur a là-dessus la finesse de montrer sans jamais juger, même face à la maman surinvestie (et le mot est faible), même face au professeur qui fait peser une énorme pression sur un élève d'à peine 11 ans. Idem pour les portraits de Michaela et Joan Sebastian, qui pourraient facilement tomber dans le lacrymal. On reste dans une certaine pudeur, sans mettre de côté les difficultés, et un certain respect s'impose face à leur parcours, spécialement pour Joan Sebastian.

Les raisons de tenter le YAGP ne sont pas non plus évincées. Aux États-Unis, apprendre à danser coûte très cher. Pour l'immense majorité des enfants, une bourse d'étude est indispensable, et le YAGP est souvent là-dessus une belle opportunité. Pour le public français, c'est aussi l'occasion de se rendre compte combien le système de l'Hexagone, avec ses défauts, est aussi une grande chance : étude gratuite et scolarité incluse dans l'emploi du temps, c'est quelque chose. La moitié des élèves dont on suit le parcours dans Le Concours de danse doivent assurer les cours par correspondance.

Il aurait d'ailleurs été intéressant que Bess Kargman ne choisissent pas seulement des élèves américains, ou étudiant aux États-Unis. Si chacun a son histoire, tous ont le même but : avoir une bourse pour une grande école. Le regard d'un élève européen, a fortiori français qui n'en a pas besoin, aurait été intéressant, et donné une vision peut-être plus globale du YAGP.

Le-Concours-de-danse_salle-1.jpg

Le-Concours-de-danse_salle-2.jpg

Share This Article

Related News

About Author

Amélie Bertrand

(8) commentaires

Réagissez

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial