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La sortie ciné de la semaine : Main dans la main de Valérie Donzelli

Main dans la main de Valérie Donzelli, sortie en salle le mercredi 19 décembre (1h25). Avec  Valérie Lemercier (Hélène Marchal), Jérémie Elkaïm (Joachim Fox), Béatrice de Staël (Constance De La Porte),  Valérie Donzelli (Véro),  Serge Bozon (Jean-Pierre),  Philippe Laudenbach (Le Ministre),  Lyn Thibault (Nelly), les Petits Rats de l’École de Nanterre et les danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra de Paris.

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Le film de la semaine, Main dans la main de Valérie Donzelli, n’est pas un film sur la danse. Mais la danse y a une si jolie part qu’il serait dommage de ne pas en parler.

D’un point de vue cinématographique, je ne suis pas experte, alors faisons vite. Hélène Marchal a une cinquantaine d’année, et elle est la directrice de l’École de danse de l’Opéra. Joachim Fox travaille dans une verrerie d’un petit village paumé, il a 30 ans. Ils n’ont donc rien en commun, et pourtant ils sont liés. Alors que Joachim part prendre des mesures au Palais Garnier pour remplacer un miroir, il tombe sur Hélène Marchal… et là, c’est le choc, les voilà liés. Au sens propre. Ils ne peuvent pas faire un pas sans l’autre, ils sont obligés de suivre l’autre, de faire les mêmes gestes. Ils ne sont donc pas amoureux, mais doivent bien, par la force des choses, vivre ensemble…

Main dans la main, c’est donc un conte un peu bizarre, un peu burlesque, et aussi une histoire d’amour. L’idée surprend, intrigue. Le monde de Valérie Donzelli, comme à son habitude, est tout en fantaisie et émotion. Mais l’idée principale, ce fait fantastique d’être collé l’un à l’autre, a un peu de mal à tenir sur la longueur. Ou pas suffisant. Le principe est séduisant mais il s’essouffle, et l’on s’ennuie un peu. Tout en étant déçue de s’ennuyer, parce que l’univers de Valérie Donzelli est vraiment original et poétique.

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Et la danse, alors ? Elle est omniprésente
, même si ce n’est pas la base du film (l’histoire pourrait d’ailleurs se passer partout ailleurs, du moment qu’il y a un écart sociologique entre les deux personnages). La danse ne pourrait être qu’un détail, mais c’est le fil rouge de Main dans la Main. Le film se passe en grande partie au Palais Garnier, et ce n’est pas que pour faire joli. Valérie Donzelli en fait presque un personnage à part entière, et s’amuse à se faufiler dans les couloirs entre deux tutus.

Le Palais Garnier, c’est d’abord ce hall imposant. Il sert à assoir le statut d’Hélène Marchal : c’est une femme cultivée, à l’aise sous les ors. C’est chez elle, ça lui ressemble, alors que Joachim s’y sent d’abord tout petit. Mais Garnier, ce sont aussi des couloirs gigantesques et des passages cachés. Un Ministre de la Culture un peu trop insistant ? Et c’est parti pour une course-poursuite en coulisses, dans les interminables escaliers pour se terminer dans un studio de danse sous les toits. Et l’on suit la caméra, comme un petit rat avide de se glisser dans ces lieux interdits au public. Une loge sombre sert de premier rendez-vous, puis devient point de rupture sous les yeux de quelques danseurs en pleine répétition sur scène. C’est un autre public qui a pris possession des lieux.

Main dans la Main ne cherche pas à être réaliste sur la danse, mais s’en sert sans la caricaturer. Oui, l’École de Danse est à Nanterre et pas à Garnier, oui, une directrice qui n’a jamais dansé ça ne va pas, mais ce n’est pas grave. On sourit face aux leçons, ces jeunes élèves concentrés avec au milieu  Jérémie Elkaïm en collant de danse tout aussi appliqué. Car Joachim et Hélène n’arrivent toujours pas à se décoller, bien obligé donc pour le premier de participer à la leçon quotidienne.

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Et petit à petit, la danse se glisse un peu partout. Les gestes synchronisés de Joachim et Hélène sont ainsi une sorte de ballet. Lever la main ensemble, bouger ensemble, se retourner ensemble, voilà une drôle de chorégraphie. Les clin d’œil se multiplient, sûrement invisibles pour la plupart du public mais que les danse addicts apprécieront : une pièce de Pina Bausch, Michaël Denard en chauffeur empressé ou le Centre national de la Danse transformé… en commissariat.

Cinématographiquement, Main dans la main déçoit autant qu’il séduit. Une si jolie proposition de départ pour au final un peu d’ennui, c’est dommage. Mais les amateurs et amatrices de danse ne résisteront pas aux crapahutages dans les couloirs du Palais Garnier.

Commentaires (2)

  • gargouille

    Je vais le voir demain, uniquement pour la danse et Garnier.
    Par ce que l’histoire…, j’en dirais plus demain.

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  • gargouille

    Après avoir vu le film me revoici.

    J’y suis allé aux vus des bandes annonces avec une grande interrogation sur l’intérêt du film. Les quelques critiques et notations ne m’avaient pas rassuré, mais la partie Garnier, petits rats et danse m’avaient convaincu d’y aller tout de même l’esprit très ouvert.
    De bonnes idées, un peu de rire, mais beaucoup de manques d’idées, de ce fait on a droit aux grands clichés sur la danse, à des situations dont je cherche encore l’intérêt, à des scènes logiquement présentes dans le film mais pas leurs contenus.
    Bref un film qu’il faut voir sans chercher à trop analyser et dans lequel on trouvera quelques zestes d’intérêts pour la partie danse classique et Garnier.
    Mais pour votre dernière soirée cinéma avant la fin de monde, choisirez tant à faire un autre film.

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