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[Prix de Lausanne 2021] Rencontre avec la finaliste Koharu Yamamoto, élève du CNSMDP

Après avoir rencontré les candidates françaises du Prix de Lausanne Juliette Rapenne et Anaelle-Jade M’Dallal, place à une interview de la candidate japonaise Koharu Yamamoto, 16 ans, et élèves d’Isabelle Ciaravola au CNSMDP. La jeune danseuse a réalisé un joli parcours en participant à la finale et espère avoir de belles propositions d’écoles. Elle nous raconte son travail pour le Prix de Lausanne ou la réalité du travail par temps de Covid.

Koharu Yamamoto, finaliste du Prix de Lausanne 2021

 

Quel est votre sentiment à l’issue de cette finale du Prix de Lausanne 2021 ?

Je suis tout de même déçue de ne pas avoir eu de bourse, mais je reste très heureuse d’avoir été sélectionnée pour la finale. C’est très important pour moi, d’autant que j’avais fait très peu de concours auparavant. J’ai été déçue d’apprendre que le Prix de Lausanne était en distanciel. C’est un beau concours en soi, mais je voulais prendre les cours avec les autres candidates d’un excellent niveau, avec ces professeur.e.s de danse pour prendre leurs conseils. Malgré tout, Lausanne fut une très belle expérience, même si nous n’étions pas sur place. J’ai suivi la finale en ligne bien sûr. Le niveau des garçons cette année était très élevé, cela se voit dans les résultats.

 

Même si vous n’avez pas été récompensée, le système du Prix de Lausanne permet tout de même de vous faire remarquer par des écoles de danse. Lesquels visez-vous ?

À partir du dimanche 7 février, si des écoles sont intéressées par notre profil, ils peuvent nous contacter par mail. Pour ma part, j’ai indiqué dans mes choix l’École de Danse de l’Opéra de Paris, la Royal Ballet School, l’Académie Princesse Grace, l’école de la Scala de Milan, l’English National Ballet School et l’école de John Cranko.

 

Pourquoi avoir choisi l’École de Danse de l’Opéra de Paris en premier ?

Le Ballet de l’Opéra de Paris reste la compagnie de mes rêves et cela peut être plus facile d’y rentrer si on passe par son école, via le concours interne. J’aime beaucoup le style français, c’est pour moi la plus belle façon de danser au monde ! J’aime l’élégance, les contrôles, les interprétations, je trouve cela magnifique. Mon Étoile modèle ? Isabelle Ciaravola… qui est aussi ma professeure au CNSMDP ! J’aime aussi beaucoup aussi le Royal Ballet de Londres, j’admire son Étoile Marianela Núñez qui est incroyable. Elle n’a pas forcément le physique de rêve d’Isabelle Ciaravola, mais elle a des qualités artistiques et techniques exceptionnelles, son haut du corps est toujours engagé, sa danse est magnifique. J’ai ensuite choisi des écoles reconnues pour avoir une solide formation et un bon départ pour ma carrière.

Koharu Yamamoto, finaliste du Prix de Lausanne 2021

Comment avez-vous démarré la danse ?

J’ai commencé la danse dans ma ville natale, Sapporo, au nord du Japon. J’ai démarré à 4 ans, dans une petite école de danse. Quand j’ai vu danser les autres élèves, j’ai tout de suite eu envie de danser. J’aime la danse, c’est ma passion, c’est ma vie, c’est si important pour moi ! Comme je voulais travailler en France, je me suis présentée au CNSMDP. J’y suis rentrée en 2018, à 14 ans, directement en DNSP1. Je ne parlais pas un mot de français à l’époque, je savais juste dire ‘Bonjour’ et ‘Merci’. Les débuts n’ont vraiment pas été faciles. Dans mon caractère, je suis sociable, j’aime parler avec les gens, me faire des amies, être entourée. Les trois premiers mois ont été durs. Puis petit à petit, mes camarades m’ont parlée, ils ont été très gentils, cela m’a aidée. Je suis aussi allée au collège avec les autres élèves et cela m’a aidé à apprendre la langue. Et maintenant, c’est super !

 

Comment se passe votre travail au CNSMDP ? L’apprentissage de l’école française y est très présent ?

Oui, nous travaillons à la façon de l’école française au CNSMDP, notamment dans les épaulements très spécifiques, les ronds de jambe bien français. J’ai travaillé avec Anne Salmon pendant deux ans et ça s’est très bien passé. Avec elle, j’ai beaucoup progressé, sur la technique comme l’artistique, les placements. Elle insistait beaucoup sur la musicalité. Isabelle Ciaravola est très différente. D’abord, elle est une danseuse magnifique, dès qu’elle nous montre un pas, c’est superbe ! Et ses exercices sont très bien construits. Ce ne sont pas de simples exercices, ce sont déjà de petites chorégraphies, ils sont très beaux, on danse vraiment. On travaille beaucoup la technique, mais aussi beaucoup l’artistique qui va nous servir à montrer notre personnalité de danseuses. C’est finalement le plus important et elle insiste beaucoup là-dessus.

 

Comment le Prix de Lausanne est arrivé dans votre parcours ? Et comment le CNSMDP vous a aidé dans votre préparation ?

Pendant les vacances d’été, j’ai contacté Isabelle Ciaravola en lui expliquant que j’aimerais bien passer le Prix de Lausanne, que c’était mon rêve depuis toute petite. Elle a été d’accord, et Cédric Andrieux, le directeur des études chorégraphiques, a donné son feu vert. Le CNSMDP m’a aidée dans l’emploi du temps. Je prenais ainsi parfois des cours particuliers avec Isabelle Ciaravola pour préparer mes variations à la place de mon deuxième cours quotidien. J’ai travaillé avec elle pour le classique et avec Daniel Condamines pour la variation contemporaine. J’ai commencé à les travailler après les résultats des pré-sélections en vidéo, à l’automne.

Koharu Yamamoto, finaliste du Prix de Lausanne 2021

Comment avez-vous choisi vos variations et comment les avez-vous travaillées ?

Nous avons choisi les variations ensemble, avec Isabelle Ciaravola. Elle m’a conseillée pour la classique de prendre L’éveil de Flore, pour progresser sur le côté artistique et expressif, sur l’utilisation du haut du corps, de la tête et de la nuque, qui ne sont pas forcément mes points forts. Le choix a ainsi d’abord été fait pour me faire travailler et progresser sur mes défauts. Pour la variation contemporaine, j’ai choisi Traces de Cathy Marston. J’aime beaucoup cette variation, la musique est très rapide mais elle est très agréable à danser, elle bouge, elle est heureuse. J’aime cet état d’esprit et ce genre de style.

 

Concrètement, comment se passe votre formation au CNSMDP avec les restrictions liées à la crise sanitaire ?

Nous n’avons pas repris les cours normalement en septembre en CNSMDP. D’abord, nous devons garder le masque pendant tous les cours. Ce n’est pas terrible, mais c’est comme ça. L’emploi du temps a changé aussi. Normalement, en DNSP3, nous avons trois cours de 1h30 par jour. Mais avec le couvre-feu, nous n’avons que deux cours, et le deuxième ne dure que 1h15. Nous n’avons repris les cours d’adage que fin janvier également, tout en gardant le masque. Et la reprise a été difficile ! Je ne trouvais pas du tout mon axe, je ne savais pas quoi faire avec mon partenaire, ce n’était pas top. Mais Isabelle Ciaravola sait nous encourager. Chaque jour, elle est toujours en forme et de bonne humeur en cours, elle nous encourage continuellement et reste positive.

Koharu Yamamoto, finaliste du Prix de Lausanne 2021

Pour terminer sur une note plus optimiste, quel serait le rôle de vos rêves ?

Je dirai Marguerite dans La Dame aux camélias de John Neumeier, l’un de mes ballets préférés. Il faut beaucoup d’interprétation dans ce rôle, je rêve de le faire un jour. Je citerai aussi Kitri dans Don Quichotte, j’aime ce personnage et ce genre de ballet très énergique. Puis Aurore dans La Belle au bois dormant, un ballet magnifique.

 



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